Truffle 100 : les PME françaises du logiciel supportent bien la crise
A contre-courant ? Tandis que Syntec Informatique, la chambre syndicale des SSII et éditeurs, a annoncé récemment un bilan plutôt sombre et une reprise retardée à 2011, Truffle et son classement annuel viennent flatter le logiciel à la française en soulignant la bonne santé du secteur en dépit de la crise, le maintien des investissements en R&D et en chantant les vertus de ces PME qui tiennent le pays IT.
Une confirmation : l’édition logicielle française a plutôt bien supporté la crise. Selon la société de capital-risque Truffle – qui vient de sortir son classement annuel du Top 100 des éditeurs français – le chiffre d’affaires cumulé généré par ces 100 fleurons du logiciel hexagonal en 2009 s’est même monté à six milliards au total, en progression de 5,3 % sur un an ! Sur la seule partie édition de logiciel – hors services associés donc –, les revenus ont atteint 4 milliards d’euros, pour une croissance équivalente. Syntec Informatique estimait récemment que le marché français du logiciel avait reculé de 2,5 % en 2009. Si les chiffres sont valides, les éditeurs hexagonaux auraient donc fait nettement mieux que la moyenne de leurs concurrents étrangers installés en France.
« Au plus profond de la crise, les éditeurs ont démontré qu’ils constituaient le socle d’une industrie étonnamment résiliente, capable pour un grand nombre d’entre eux de croître tout en restant bénéficiaire, d'innover, de préparer l'avenir, de continuer à investir massivement en recherche & développement », souligne Bernard-Louis Roques, co-fondateur et directeur général de Truffle Capital. Il en veut pour preuve la création nette de 500 emplois qualifiés de R&D parmi les 100 éditeurs classés.
Un pari continu sur la R&D
Surtout les éditeurs français font de la recherche la clé de voute de leur croissance. Selon Truffle, 70 % d'entre eux prévoient une augmentation de leurs investissements contre 64 % en 2008. Au total, 750 millions d’euros ont été investi en R&D en 2009 par le Top 100. La nature du management de la recherche change cependant : si 63 % des éditeurs n’envisagent pas la délocalisation de leur R&D, le phénomène progresse, ils étaient 73 % à s’y opposer en 2006 et encore 68 % en 2008.
Classement : peu de surprises, des rachats de moindre ampleur
Au niveau de classement lui-même, peu de surprises. Dassault Systèmes conserve de loin son leadership, devant les autres éditeurs français de poids que sont Axway – filiale de la SSII Sopra –, Murex et Cegid. Une nouveauté cependant : pour la première fois depuis trois ans, aucun des champions de l’édition logicielle tricolore n’a été absorbé par un géant du secteur. En 2007 Business Objects – alors numéro deux – avait intégré le groupe allemand SAP. Et, en 2008, Ilog (classé alors 3ème) et GL Trade (4ème) avaient respectivement rejoint IBM et Sungard.
Rien de tel cette année et Truffle note que si la consolidation se poursuit, les cibles sont plus petites pour un chiffre d’affaires total des éditeurs rachetés se montant à 55 millions d’euros en 2009, contre six fois plus un an auparavant. L’an dernier donc, Viveo (13ème, qui a rejoint le suisse Temenos) et Etap On Line (71ème) ont été absorbés, tandis qu’une fusion franco-française consacrait l’union de Sysload et d’Orsyp.
L’année des PME high tech ?
Moins de mainmise des grands éditeurs essentiellement américains et une croissance dynamique en temps de crise : il n’en faut pas plus à Bernard-Louis Roques pour porter les revendications des PME du secteur. Selon lui, l’appel incessant de ces sociétés « à l'implémentation d'un Small Business Act (SBA) prend aujourd'hui toute son acuité ». Rappelons que ce mécanisme, en place aux Etats-Unis, réserve une partie de l'achat public à des PME. Et d’ajouter que les petits éditeurs du secteur « méritent aussi d'être les grands bénéficiaires du Grand Emprunt, car ils offrent les meilleurs garanties de retour sur investissement pour l'argent public, en terme de créations d'emplois qualifiés non délocalisés, et de contribution pérenne et durable à la croissance future. »
* L'essentiel en deux graphiques
Une crise plutôt bien encaissée
Des effectifs en croissance en 2009