Eruption volcanique en Islande : l’industrie IT ébranlée par la fermeture des aéroports
Si l’éruption du volcan islandais Eyjafjoll de la fin de la semaine dernière impacte, en premier lieu, les industries du transport aérien et de la logistique, l’industrie IT pourrait bien faire figure de victime collatérale, surtout si le chaos perdure dans le ciel européen.
La fermeture des aéroports du Nord de l'Europe pèse logiquement sur l'activité du secteur IT. Des SSII ont ainsi du annuler des déplacements, en clientèle ou chez des prospects. Interrogés, Capgemini, Ineum, Infosys ou encore Wipro sont bien sûr confrontés à l’annulation de déplacements de leurs collaborateurs. Et pas uniquement vers ou depuis l’Europe. Les SSII indiennes connaissent, en outre, des annulations de vols vers l’Amérique du Nord ou subissent les conséquences de la réorganisation des routes aériennes vers le Canada et les Etats-Unis – via Athènes pour Jet Airways, ou le pôle Nord pour Air India.
Le collaboratif, un palliatif de choix
Pour Christophe Martinoli, directeur général France de Wipro, aucun impact sur les projets clients ne devrait toutefois s'ensuivre : « notre modèle étant par nature distribué, nous savons parfaitement fonctionner à distance avec des téléconférences et, plus récemment, avec les systèmes de téléprésence de très haute qualité qui sont déjà en place un peu partout dans le monde. » Même son de cloche chez Ineum, qui indique n’attendre qu’un « impact contrôlé car, soit nous décalons ce qui peut l’être, soit nous utilisons des moyens alternatifs [au transport aérien, NDLR]. » Une situation comparable à celle de Capgemini qui a également retenu la vidéo-conférence comme palliatif et souligne disposer de 220 sites prêts pour ces conférences virtuelles à travers le monde – « nous avons intensément développé l’usage de ce moyen de communication avec la crise économique de 2009 », précise un porte-parole de la SSII.
Quid des livraisons d’équipements ? |
Les constructeurs et équipementiers que nous avons contactés ne nous ont pas répondu à l’heure où nous publions cet article. Mais certains s’interrogent déjà sur leur capacité à maintenir leurs livraisons dans les circonstances actuelles. En particulier, ceux ayant recours aux services de fret aérien. Contactés par nos soins, Chronopost, DHL, FedEx et UPS indiquent que le transport de marchandises transatlantique est bloqué sur leurs plateformes. « On cherche des solutions […] On ne peut rien garantir pour le moment, c’est la catastrophe […] Notre aéroport pour l’Europe est fermé, nous sommes bloqués », indiquent des conseillers clientèle de Chronopost, UPS et FedEx. |
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Mais si, comme le relève Jean-Yves Grisi, ancien directeur général de KPIT Infosystems France et fondateur de la société spécialisée dans les développements offshore Karoo, « pour les projets déjà engagés, les perturbations devraient être limitées », il pourrait en aller autrement des projets tout juste lancés : « il pourrait y avoir des retards sur des projets en phase de démarrage et nécessitant, pour l’amorçage, le déplacement sur site de prestataires. » Avec, dans l’Hexagone, un effet cumulatif de la grève actuellement en cours à la SNCF : « [elle] rend la situation plus difficile à gérer », relève Eric Tirlemont, associé chez Ineum. Ce dernier prévoit d’ailleurs d’autres conséquences, en cascade : « nos clients dans le duty free ou d’autres activités impactées seront concernés par les retombées de la fermeture des espaces aériens et décaleront peut-être certains projets. Mais il est trop tôt pour mesurer cet impact. »
La prospection, l’activité la plus touchée ?
Chez Capgemini, « étant donné les moyens alternatifs dont nous disposons et le caractère provisoire des restrictions de voyage, il ne devrait, à priori, pas y avoir d’impact sur l’activité et les résultats. » Un message identique à celui véhiculé par Wipro. Mais Jean-Yves Grisi est plus prudent. Selon lui, si, effectivement, les opérations courantes ne devraient pas être impactées, il pourrait en être différent de l’activité commerciale : « par exemple, 70 % des voyageurs indiens que j’ai pu côtoyer alors que je travaillais pour KPIT Infosystems étaient des commerciaux. » En clair, si la crise se prolonge, la capacité de certaines SSII à finaliser des contrats à l’international pourrait être entamée.