Malgré un bon début d'année, le Pdg de Bull Didier Lamouche prend la porte
Après une année 2009 solide, un rachat stratégique à l’automne, et des résultats positifs en ce début d’année, Bull semblait sur une pente ascendante. Mais enregistre la démission surprise de son Pdg, Didier Lamouche. Peu d’explications officielles mais un conflit avec l’actionnaire de référence serait à l’origine de ce départ.
Crédité pourtant pour partie du redressement du constructeur historique français, Didier Lamouche, Pdg de Bull, a annoncé son départ au conseil d’administration alors même que les résultats du 1er trimestre – publiés ce matin – sont plutôt encourageants. Sans s’étendre, le groupe explique qu’il s’agit d’un départ « pour raisons personnelles ». Didier Lamouche vient de passer cinq ans à la tête de Bull et cédera donc ses fonctions dès le 10 mai. Selon La Tribune – qui cite des sources internes –, cette démission surprise serait le fait de désaccords récurrents entre le patron et son principal actionnaire, la holding Crescendo Industries, qui détient 20 % du capital. Cette dernière est devenue l'actionnaire de référence du groupe à la faveur du rachat d'Amesys (850 personnes env.), un spécialiste des systèmes critiques qui était le propriété de Crescendo.
Officiellement, Didier Lamouche affirme que "après plus de cinq ans passés à la tête de l'entreprise, j'estime ma mission de transformation accomplie". Selon lui, "avec l'acquisition, en début d'année, d'Amesys et la constitution d'un actionnariat de long terme, le groupe Bull a désormais les moyens de son développement." Rappelons que, dans nos colonnes, Didier Lamouch expliquait, au moment de ce rachat : "les technologies d'Amesys ont, à la base, été développées pour la défense. Mais elles touchent désormais des secteurs comme les transports, les télécoms ou la sécurité intérieure des états (ou Homeland security, en jargon, NDLR). C'est cette convergence qui m'a intéressé. Bull opère aujourd'hui dans le traitement de l'information en différé et dans son analyse. On achète une entreprise positionnée sur la capture du signal en temps réel, donc sur l'amont. L'idée étant évidemment de bâtir des offres de bout en bout." L'objectif fixé par le groupe est de doubler le chiffre d'affaires actuellement réalisé (soit un peu moins de 100 millions d'euros en 2009) par Amesys en 5 ans. "Notre priorité pour 2010 sera de réussir rapidement l'intégration comptable et commerciale d'Amesys. Ainsi que de fusionner nos offres", avait précisé Didier Lamouche. Il semble donc que le plan ne se déroule pas tout à fait comme prévu...
Un groupe en légère croissance organique au premier trimestre
Didier Lamouche laisse un groupe relativement solide. Porté par la bonne performance de son activité matérielle, notamment dans le calcul hautes performances, mais également par la résistance de son activité de services, Bull a signé un crû 2009 quasi-stable. Et le groupe a plutôt bien démarré l’exercice en cours. Alors qu’il n’attendait pas de reprise réelle avant le second semestre, Bull voit son chiffre d’affaires croître de 9,4 % au premier trimestre, à 273,2 millions d'euros. A périmètre constant, hors Amesys donc, le chiffre d'affaires progresse de manière plus limitée, de 0,6 %.
Le groupe affirme également avoir embauché 600 personnes supplémentaires, dont 250 en France, depuis le début de l'année, après avoir déjà recruté 650 personnes l'an dernier.
Reste donc à savoir qui les dirigera désormais. L’assemblée générale est fixée le 16 juin, mais le nom du successeur de Didier Lamouche devrait être connu plus rapidement. Dans son communiqué, Bull indique que le conseil d'administration a mis sur pied un groupe de travail chargé de faire des propositions pour conforter la stratégie de l'entreprise. Une mission qui devrait intégrer la recherche d’un nouveau patron.