Le Cloud, une adoption poussée par les restrictions budgétaires... mais encore lente
Si l’on en croît IDC, et son livre blanc sur le Cloud Computing, réalisé pour CA, le cloud a toutes les chances de connaître rapidement un bel avenir. Quelles que soient ses formes : SaaS, PaaS, ou IaaS. Néanmoins, selon une étude de Markess International, l’adoption promet d’être relativement lente. Surtout, si l’on en croît ses projections, elle pourrait se stabiliser assez vite. Une précision s’impose : l’étude d’IDC se concentre sur les entreprises de 1000 salariés et plus quand celle de Markess adopte un périmètre bien plus large – à partir de un salarié.
A lire les dernières études d’IDC et de Markess International, l’adoption du cloud computing – sous toutes ses formes, du SaaS (Software as a Service) au IaaS (Infrastructure as a Service), en passant par le PaaS (Platform as a Service) – est en marche dans les entreprises françaises. Mais peut-être pas avec les perspectives qu’elles souhaiteraient. En effet, selon Markess International, 12 % des entreprises françaises – à partir de 1 salarié – avaient adopté le Cloud à fin 2009. Une proportion qui devrait passer, selon le cabinet, à 24 % fin 2012 pour n’atteindre 31 % qu’à fin 2012. En faisant l’impasse sur 2011, le graphique de Markess – ci-dessous – masque ainsi l’ampleur du ralentissement de l’adoption.
Une adoption lente et limité ?
Mais il laisse néanmoins entrevoir un plafonnement de celle-ci à des niveaux relativement peu élevés : on imagine aisément une asymptote à la courbe tracée par le cabinet d’étude aux alentours de 50 %. Bref, là où Markess International souligne avec une certaine insistance la perspective de croissance – « d’ici 2012, presque une [entreprise privée de 1 salarié et plus, ou organisation publique, NDLR] sur trois [aura adopté au moins un service de type Cloud, NDLR] ! » – les esprits chagrins seront tentés de voir une belle résistance du logiciel on premise.
Mais, comme Markess, IDC souligne tout de même un recours au Cloud encore limité. Quand bien même ce cabinet se concentre-t-il sur les grandes organisations hexagonales, celles de plus de 1000 salariés : selon IDC, 62 % de ces organisations n’ont pas du tout réfléchi à l’IaaS, contre 65 % pour le PaaS et 37 % pour le SaaS. Quant à disposer d’une solution Cloud opérationnelle et dont l’extension du périmètre est prévue… la proportion est limitée à 11 % pour le SaaS, 3 % pour le PaaS et 0 % pour l’IaaS. Si les offres PaaS et IaaS restent relativement jeunes – et, en tout cas, bien plus que les offres SaaS -, les fournisseurs semblent encore promis à un lourd travail d’évangélisation.
Le collaboratif, domaine privilégié du Cloud
Les fournisseurs de services collaboratifs peuvent néanmoins aborder l’avenir avec une certaine confiance. Selon Markess, la collaboration d’entreprise était, en 2008, le domaine préféré des entreprises pour le Cloud ; et cela ne devrait pas changer d’ici à 2012. Un nouveau domaine devrait, à cet horizon, se classer en seconde position des priorités des entreprises pour un passage au Cloud : l’informatique (sécurité, sauvegarde, pilotage, supervision, tests, etc.). Une perspective, pour le domaine du stockage, que semble d’ailleurs partager IDC. Viendront ensuite les applications « sociales », RH, GRC, achats, puis bureautiques.
Dans les grandes organisations, IDC (pour CA) produit des résultats un peu divergents : le Cloud est, là, vu comme plutôt adapté aux serveurs Web (indice 6,9 sur 10), puis aux services de messagerie et de travail collaboratif, au backup et à la continuité d’activité, aux systèmes de test et de pré-production. Les serveurs de stockage ne sont cités qu’en cinquième position, avec un indice de 5,2/10. Bases de données et applications métiers arrivent en fin de classement, avec des indices respectifs de 4,4 et 4,3 sur 10. Autant le dire clairement : les grandes organisations ne semblent pas enclines à faire confiance au Cloud pour ces domaines hautement stratégiques. Question confiance, encore, c’est le Cloud interne qui est privilégié – à 55 % des répondants, contre seulement 5 % pour le Cloud externe public.
Réduction des coûts, promesse tenue ?
Que l’on parle IaaS, PaaS ou simplement SaaS, le Cloud séduirait principalement sur une promesse : la réduction des coûts. Selon un livre blanc réalisé par IDC pour CA, c’est la première préoccupation des directions générales et la seconde des DSI des organisations françaises de plus de 1000 salariés. Pour les DSI, la priorité n°1, c’est l’amélioration de l’efficacité du SI pour l’activité de l’entreprise. De quoi montrer, selon IDC, que les DSI sont finalement bien en phase avec les directions générales, le renforcement de l’efficacité du SI participant à la réduction globale des coûts, mais peut-être également à l’amélioration de la productivité, qui figure à la seconde place des priorités des directions générales.
Et ça tombe bien. Si l’on en croît Markess, la promesse de réduction des coûts est plutôt tenue. Et le cabinet de citer plusieurs exemples : « un gain de 60 euros par an par collaborateur pour cette entreprise de services de moins de 50 employés grâce au recours à une application collaborative bureautique en mode SaaS (contre l’acquisition de licences coûtant 600 euros par poste sur 2 ans). [même chose pour] cette administration de plus de 2 000 agents [qui a linéarisé son budget de fonctionnement, NDLR] grâce au recours au SaaS pour son application de gestion financière (abonnement de 7 000 euros annuels contre un budget qui aurait représenté un investissement de 20 000 euros en achat de serveurs, sans compter les coûts internes de maintenance associée qu’il aurait fallu ajouter). Cette collectivité territoriale de moins de 500 agents précise payer un abonnement récurrent de 3 400 euros pour son application de messagerie en mode SaaS contre un investissement de 43 000 euros qu’elle aurait dû consentir sur un an si elle avait opté pour une mise en œuvre et une exploitation en interne. »
Toujours de nombreux freins
Mais le coût ne fait pas tout. Et, dans son livre blanc pour CA, IDC indique que, pour 61 % des grandes organisations, la sécurité reste un frein à l’adoption de l’IaaS ; 53 % d’entre elles s’inquiètent du manque de réversibilité et autant du fait de ne pas se sentir en mesure de localiser précisément leurs données et celles de leurs clients. Le manque d’outillage pour exploiter des offres IaaS et en vérifier la qualité de service est également une inquiétude largement partagée.
Mais les grandes organisations françaises évoquent aussi, pour 53 % d’en elles, un manque de maturité des offres. De son côté, Markess évoque là le « dynamisme » du marché : la multiplication des acteurs n’est-elle pas justement symptomatique d’un marché jeune qui n’a pas encore atteint la maturité ?