Séduire les entreprises françaises : il y a encore du boulot pour les SSII indiennes
Se faire une place au soleil sur le marché français n’a pas l’air d’être une partie de plaisir pour les SSII indiennes. Du moins est-ce l’une des conclusions que l’on peut être tenté de tirer d’une étude menée par l’Ifop pour le compte du prestataire indien HCL sur la question de l’externalisation offshore vue du bureau des dirigeants des entreprises hexagonales. Plus positif, le commanditaire de l’étude préfère une interprétation allant jusqu’à évoquer de « réelles opportunités. »
Pour Chris Connors, directeur France et Benelux de la SSII indienne HCL, les entreprises françaises qui ont déjà recours à l’externalisation « approfondissent le modèle. » Une logique qui consiste à regarder le verre à moitié plein. Observée dans la perspective opposée, la situation présente un visage moins entrainant. Selon un sondage réalisé par l’Ifop auprès de 502 dirigeants français d’entreprises de plus de 200 salariés au mois d’avril, l’externalisation IT n’est pratiquée que par 37 % des entreprises françaises. Et, parmi les réfractaires, 96 % des sondés n’envisagent pas de changer leur fusil d’épaule (un taux relativement stable quels que soient le secteur d’activité ou la taille des entreprises - en chiffre d’affaires comme en effectifs – ou encore la région d’implantation). Et ces sondés qui apparaissent totalement réfractaires à l’externalisation IT ont en outre à près de 100 % une mauvaise image des SSII indiennes…
Un important travail pédagogique à réaliser
Du côté des 37 % d’entreprises ayant recours à l’externalisation, la situation n’est guère plus brillante : 78 % de ces sondés n’ont pas recours à l’offshore ; et 96 % de ceux-ci n’envisagent pas de changer de stratégie. Là encore, les SSII indiennes souffrent d’une image déplorable. Pudiquement, Chris Connors reconnaît que, pour avancer sur le marché français, « il faut continuer à éduquer. »
Surtout, le directeur régional de HCL insiste sur le fait que les sondés reconnaissent bien volontiers aux SSII indiennes deux qualités : permettre de réduire les coûts tout en rendant un service de qualité, en s’appuyant sur des personnels aussi compétents que les ingénieurs informaticiens français. Bref, selon lui, « ceux qui externalisent déjà approfondissent le modèle. » Certes, mais pas encore en majorité : seuls 21 % des sondés pratiquant déjà l’externalisation ont recours à l’offshore – majoritairement dans les secteurs de l’industrie et, dans une moindre proportion, du commerce.
Des freins toujours considérables
Plus inquiétant pour HCL et les autres SSII indiennes, 57 % des sondés ne trouvent pas l’Inde attractive comme destination offshore pour l’externalisation de leurs services informatiques. Pour les entreprises français, externaliser si loin, c’est d’abord davantage de risques (à 72 %) que d’opportunités. En particulier, les sondés s’inquiètent de « la complexité à gérer un prestataire à distance », à 49 %. Le souci de conserver l’emploi en France est la seconde préoccupation citée, à 37 %. Viennent ensuite la crainte de perte de qualité de service (33 %) et la langue (31 %). Des préoccupations qui semblent plus fortes que les atouts que les entreprises françaises accordent bien volontiers aux SSII indiennes : les coûts réduits (74 %), la disponibilité des ressources humaines (40 %), ou encore les compétences des salariés indiens (19 %).
« Une méthodologie éprouvée »
Là, Chris Connors trouve une justification à son ambition pédagogique : remettre les choses à leur place. Et de souligner que HCL a « commencé à investir significativement dans la région il y a deux ans. Nous avons aujourd’hui 150 collaborateurs français. Les projets pour nos clients français – et nous travaillons déjà avec dix des vingt plus gros CA de l’Hexagone – sont gérés avec un front office francophone, en France ou dans un centre nearshore, en Irlande ou en Pologne. » Bref, pour lui, « il nous faut convaincre que nous nous appuyons sur une méthodologie éprouvée. » Bon courage.