L’expérience du SDIS de l’Eure illustre les contraintes du passage au client léger
Pour Patrice Chokomert, chef du service informatique du Service Départemental d’Incendie et Secours de l’Eure, les avantages, notamment économiques, du client léger ne sont plus à démontrer. Mais, selon son expérience, deux enseignements méritent d’être tirés : avant de lancer la migration des utilisateurs, il convient d’étudier avec précision ses besoins en bande passante réseau et de prévoir un accompagnement soigné du changement. Car la réalité est là : le passage au client léger peut s’accompagner d’une dégradation de l’expérience utilisateur.
Le Service Départemental d’Incendie et Secours (SDIS) de l’Eure compte environ 400 pompiers permanents, 2 000 volontaires, et une organisation éclatée sur 60 sites dont 45 interconnectés par VPN. Côté informatique, le SDIS 27 compte environ 400 utilisateurs qui se partagent 300 postes de travail, dont environ 240 clients légers ; des terminaux Wyse S10.
Patrice Chokomert, chef du service informatique du SDIS de l’Eure, explique ce choix : « nous avons engagé cette démarche en 2004, avec quelques terminaux installés sur le LAN du site principal. Puis nous l’avons étendue, en 2005, à quelques sites distants. A l’époque, nous faisions du TSE (Terminal Service, une technologie proposée dans Windows) sur des liens ADSL. Le résultat a été clairement très mal perçu par les utilisateurs qui voyaient le terminal comme un sous-équipement. »
Accompagner le changement
Premières difficultés dans l’adoption, premiers enseignements : « il faut prévoir un maximum de communication, car les utilisateurs ne comprennent pas de devoir utiliser, dans le cadre professionnel, un outil bien en-deçà des possibilités de leurs équipements personnels… et qui coûte parfois plus cher. » Mais pas question de faire machine arrière pour autant : « l’expérience utilisateur est limitée, mais c’est un choix stratégique. Ces postes sont dédiés à un usage administratif – faire du Word et de l’Excel. » Surtout, le gain économique, même s’il a cessé d’être chiffré une fois la stratégie arrêtée, paraît évident : « il y a six ans, la maintenance du matériel informatique était notre cauchemar. Sans client léger, nous n’aurions pas pu suivre l’augmentation de nos besoins à effectifs constants. Les gains sont clairs en termes de déploiement d’applications et, plus généralement, d’administration de systèmes. » Bref, comme ailleurs, la virtualisation des postes de travail, désormais avec une architecture VDI Citrix s’appuyant sur 5 serveurs, permet d’éviter les interventions sur site en cas de maintenance. « Et le cycle de vie d’un client léger est de l’ordre de 5 ans, contre 3 ans en moyenne pour un PC. »
La bande passante, une problématique clé
Pour améliorer l’accueil par les utilisateurs, la direction informatique du SDIS 27 a choisi d’accompagner le déploiement des terminaux léger par celui d’écrans plats 15 pouces, en remplacement des anciens tubes cathodiques. Mais la question de l’expérience utilisateur quelque peu limitée est avant tout liée à des problématiques de connectivité : « nous sommes dans un département très rural ; certains sites ne sont éligibles à l’ADSL que depuis peu et tous ne peuvent pas encore profiter du SDSL. Mais chaque année, la situation progresse et je peux élargir le périmètre tout en baissant mes coûts télécoms. » Reste que la question de la connectivité est loin d’être totalement réglée. C’est elle, notamment, qui cantonne le client léger au domaine des postes de travail fixes : « l’un de nos sites, pourtant distant de seulement 2 km de l’autoroute A13, n’a pas de couverture 3G, par exemple. » Bref, le client léger mobile n’est vu là que comme une solution de dépannage, pour des besoins ponctuels, faute de capacités de fonctionnement en mode déconnecté.
En complément :