Cloud Computing : changements d’usages IT et risques sur l’emploi
Syntec Informatique met à son tour à disposition un livre blanc sur le Cloud Computing. Classiques sur leur définition de la nouvelle étape qui s’impose aux SI, les auteurs ont intégré une dimension moins souvent mise en lumière : l’impact social. En mutualisant les infrastructures, le Cloud conduit également à la mutualisation des effectifs. Reste à savoir si le potentiel d’innovation couvrira le risque de la virtualisation du SI... et de ses informaticiens.
La course poursuite continue entre les deux associations représentants les entreprises du secteur IT. Trois semaines après la petite dernière – l’Afdel -, c’est à l’historique Syntec de se fendre d’un livre blanc sur le "hype" du moment : le cloud computing. Et là où l’Afdel, dirigée par Patrick Bertrand, tentait de mettre un peu de pression sur les pouvoirs publics en les enjoignant de prendre la dimension du défi posé par le nouveau paradigme informatique, Syntec se veut beaucoup plus classique en décortiquant le Cloud Computing pour en définir les clés, les enjeux et les risques. Manière aussi de dédramatiser le changement de paradigme comme l’explique Jean Mounet, président du Syntec Informatique, pour qui le phénomène « s'inscrit dans un continuum – on se souvient de concepts tels que l’ASP, le Grid Computing,
la Virtualisation, le « On Demand », etc…- le Cloud Computing ne propose pas une rupture radicale comme les TIC en ont connue lors des précédentes décennies. »
Le bouleversement existe bien cependant, mais il est à chercher du côté des usages plutôt que dans l’infrastructure. Pour Jean Mounet toujours, « on peut dire que le Cloud Computing rend l’accès à l’informatique très similaire à celui de l’électricité : on se branche sur une « prise informatique » pour disposer d’applications, de puissance de calcul, de stockage… sans se préoccuper de la transformation, ni du réseau de distribution, ni de la centrale de production et des ressources primaires nécessaires (…). Elle est là, cette révolution d’usage qui permettra aux entreprises – et notamment aux PME – d’accéder rapidement et de manière flexible aux TIC ! »
Derrière l’évolution technologique un changement de métier pour la DSI
Une flexibilité qui touchera l’ensemble des éléments du SI. Après avoir défini ce que l’on entend par Cloud Computing puis posé des enjeux désormais largement connus, le livre blanc de Syntec revient sur deux des points encore en suspens à savoir la sécurité – quelle soit juridique, technique ou liée à la disponibilité – et l’impact social sur les organisations informatiques notamment.
Sur ce dernier point, Syntec estime qu’en « terme de métiers, et notamment dans le cadre d’un Cloud externe, les informaticiens des entreprises clientes vont se voir déchargés de nombreuses tâches liées à la gestion quotidienne des applications, des environnements et des infrastructures ; qu’il s’agisse d’en optimiser le fonctionnement ou d’assurer une maintenance de premier niveau ». Idem en terme de projets où l’intégration et le déploiement applicatif ne seront plus assurés en interne. Selon le syndicat patronal, « les informaticiens de la DSI auront à interfacer les demandes internes des métiers avec le ou les fournisseurs de services Cloud. Ils devront anticiper en permanence les besoins de l’entreprise en ressources et gérer au quotidien la relation avec les prestataires Cloud. » Surtout, le tout venant étant laissé au fournisseur de services, la DSI pourra consacrer plus de temps aux évolutions innovantes et se concentrer sur les tests de nouvelles applications ou sur la R&D. Si les directions générales leur en laisse le temps, a-t-on envie d'ajouter.
Un impact à double tranchant sur l’emploi
Car si Syntec n’a pas encore d’éléments statistiques suffisants pour dégager une tendance, les auteurs du livre blanc craignent une contraction de l’emploi informatique global : « on peut supposer que l’avènement du cloud déplacera des compétences internes (…) vers les fournisseurs de Cloud, hébergeurs en particulier. L’équation ne risque toutefois pas d’être tout à fait égale (un emploi supprimé chez un client ne donnera pas lieu à un emploi créé chez un fournisseur de services Cloud). » A moins que, en favorisant notamment le développement d’entreprises innovantes portées par la possibilité de mobiliser des ressources de calcul très importantes à moindre coût, le Cloud Computing ne puisse dans un second temps être un fort vecteur de création d’emploi.
Côté politique, on semble avoir compris le risque et le Grand Emprunt – comme le souligne Syntec – « prévoit que plusieurs centaines de millions d’euros soient consacrées aux infrastructures, indispensables à notre économie numérique. »