L'iPad : un terminal grand public bientôt récupéré par les entreprises ?
L’iPad est-il sur le point de faire un tabac auprès des entreprises ? Objectivement, la réponse ressemble aujourd’hui à un point d’interrogation. Pour autant, certains donnent l’impression d’y croire, à commencer par de grands éditeurs. Lesquels relèvent la capacité de leurs clients à trouver de nombreux cas d’usage concrets pour les métiers.
A peine disponible en France, l'iPad fait déjà l’objet de sérieux travaux de recherche dans certains laboratoires de recherche et développements de l’Hexagone. Alexis Naïbo, directeur du centre d’innovation de SAP en France, ne s’en cache pas : « nous travaillons depuis plusieurs semaines sur l’iPad ». Y compris avec l’aide d’Apple. Jusqu’à produire, à l’occasion de la conférence utilisateurs de l’éditeur d’ERP - qui se tenait la semaine dernière -, un prototype d’application de décisionnel, un portage sur iPad de l’application BusinessObjects Explorer initialement développée pour iPhone. Mais pas n’importe quel portage : l’un des points clés de l’effort de développement a porté sur l’ergonomie, afin de pouvoir profiter de la surface de l’écran de l’iPad, qu’il s’agisse de décisionnel à destination des directions - la BI stratégique -, des cadres - la BI tactique -, ou encore des équipes de terrain - la BI opérationnelle. Le tout en jouant à la fois sur les données des applications sur site et en SaaS. (voir une démo dans la vidéo ci-dessous).
Mais les clients de SAP sont-ils, pour autant, prêts à adopter l’iPad ? Selon Alexis Naïbo, la réponse tend vers l’affirmative : « sur Sapphire, nos clients ont manifesté un intérêt marqué pour notre solution. Jusqu’à nous détailler leurs cas d’usage. » Au final, pour lui, il ne reste plus qu’à passer du prototypage à la réalisation : « plusieurs clients sont passés en phase de validation. » Une tendance que l’on retrouve chez Citrix où Guillaume Le Tyrant, directeur du marketing produit, relève un intérêt marqué, notamment pour les « commerciaux debout, qui apprécient l’autonomie et le format ». Dans le détail, il évoque des contacts imaginant de « gérer les urgences sur leur smartphone, construire leurs présentations sur leur portable, et les diffuser sur un iPad ». Mais cela peut aller au-delà avec, notamment, l’accès à distance aux applications métiers avec Citrix Reveiver pour iPad. Prudent, Guillaume Le Tyrant relativise : « je suis principalement confronté à une population qui est déjà familière de la notion d’indépendance vis-à-vis du terminal. » Pour autant, il assure déjà rencontrer « des DSI d’organisme du domaine de la santé, habitués aux tablettes, qui misent sur l’autonomie de l’iPad » ou encore des « DSI de collectivités qui anticipent une demande d’accès au SI par des élus avec leur iPad. » Avec, à la clé, la question de la gestion de parcs.
iPad facteur déclencheur du rachat de Sybase par SAP ?
Si, pour Alexis Naïbo, « les clients y ont déjà trouvé leur intérêt », il reste encore à valider les cas d’usage imaginés. Un processus qui prendra peut-être du temps. En attendant, quelques éditeurs semblent avoir anticipé une adoption rapide - outre Citrix et SAP, sur l’iPad, on compte Cisco, avec son client WebEx. L’éditeur Goto Software vient, de son côté, de faire son entrée au capital de Phoceis, une SSII spécialisée dans le développement sur iPhone et iPad. Selon la rumeur, le lancement de l'iPad aurait contribué à motiver l'offre de SAP sur Sybase.
Le début de grandes manoeuvres ? Les signes avant-coureurs d’une lame de fond ? Christophe Coraboeuf, architecte au sein de la SSII Neleos, spécialiste de l’intégration des applications métiers sur plates-formes mobiles est prudent : « nous n’avons pas encore de demande. L’essentiel de nos clients sont concentrés sur le déploiement de solutions de messagerie mobile. » Des préoccupations relativement éloignées de l’iPad, au moins à première vue.