Le rapprochement juridique de Sun-Oracle a du plomb dans l’aile
Les syndicats de Sun sont vent debout contre le projet de rapprochement juridique proposé par la direction d’Oracle dans le cadre de l’intégration de Sun Microsystems France prévu le 1er juillet.
« En résumé, tous les accords (rémunérations variables, temps de travail, jours de congés, voitures de fonction, mutuelle, retraites, etc.) vont être dénoncés sans renégociation, explique un délégué syndical. A l’arrivée, ce sont les accords en vigueur chez Oracle, bien moins avantageux, qui risquent de s’appliquer ».
Certains partenaires sociaux sont toutefois décidés à torpiller ce projet. Quitte à retarder l’intégration des deux filiales, à l’instar de ce qui vient de se produire en Hollande où le rapprochement juridique est repoussé de plusieurs mois pour vice de procédure. Il se murmure que l’Allemagne pourrait également tout bloquer sans nouvelles concessions d’Oracle.
Invités au CE d'Oracle... mais sans droit de vote
En France, le rapport de forces se cristallise sur la notion d’établissement. Sun France est en effet constitué historiquement de deux établissements, l’un à Vélizy (environ 500 personnes avec les agences), correspondant grosso modo à la filiale commerciale de la corporation, et l’autre à Grenoble (130 personnes), qui correspond à un centre d’ingénierie. Ces deux sites disposent chacun de leurs instances représentatives, lesquelles perdureraient si les établissements survivaient.
Des établissements qu’Oracle ne peut pas dissoudre sans l’accord des pouvoirs publics ou celui des syndicats. Pour tenter d’amadouer ces derniers, Oracle a donc proposé un accord d'entreprise prévoyant qu’une partie des représentants du personnel de Sun (quatre titulaires et quatre suppléants) soient invités à sièger au comité d’entreprise Oracle à titre permanent jusqu’aux prochaines élections. « Mais sans droit de vote, dénonce l’un d’eux. Ce qui est une façon de nous écarter des décisions ».
Les syndicats de Sun menacent
Les syndicats de Sun préfèreraient que l’ensemble des élus d’Oracle et Sun s’entendent pour démissionner en bloc afin de susciter de nouvelles élections. Une option dont ne veut pas entendre parler la CFDT Oracle, majoritaire avec 44 % des voix, qui, avec la CGT, est le seul syndicat à avoir signé l'accord d'entreprise de la direction. Il est vrai que les élections viennent juste d’avoir lieu chez Oracle. Quant aux salariés d’Oracle, ils semblent craindre que cette acquisition ne se fasse une nouvelle fois à leur détriment.
« Cette fusion est plutôt l’occasion rêvée d’améliorer les accords d’entreprise pour tous », répondent les syndicats de Sun, qui préviennent que s’ils ne sont pas entendus par la direction d’Oracle, ils n’hésiteront pas à utiliser les cartouches juridiques qui leur restent.
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