Conférence Agile France : quand l'agilité commence à parler aux métiers
Comme poussée par les phénomènes Scrum et du Lean Management, la conférence Agile France (du 31 mai au 1 juin) 2010, grand raoût annuel 100 % dédié aux méthodes agiles, est marqué par la diffusion du concept dans de nouvelles couches de l’entreprise. Du monde des développeurs, l’agilité a grimpé jusqu’aux couches du middle-management, voire du top management. Y compris au sein des départements métiers qui y découvrent aujourd’hui des vertus organisationnelles.
Décor très fleuri au cœur du bois de Vincennes pour cette 5ème édition d’Agile France (les 31 mai et 1 juin 2010), la conférence annuelle anciennement baptisée XP Days. Ce crû 2010 marque le franchissement d'une étape pour ce raout annuel hexagonal, qui adopte pour la première fois le terme “Agile” pour s’aligner sur les tendances du marché, où l’agilité tend à se démocratiser.
Un nouvel habit 100 % agile pour englober les concepts et les principes unis aujourd’hui sous cette bannière : les méthodes agiles bien sûr symbolisées par Scrum, la méthode qui a contribué à populariser ces principes, mais également - et surtout - le Lean. Un système de pensée tant culturel qu’organisationnel qui prend ses sources au Japon et dont les principes prônent l’augmentation des performances d’une entreprise par l’optimisation des processus et l’amélioration continu du système.
Les RH s'intéressent aux méthodes agiles
“Avec la démocratisation, et notamment grâce à Scrum et au Lean qui constituent la partie visible de l’iceberg, on a décidé de rebaptiser la conférence Agile France pour être davantage représentatif du contexte”, explique Sébastien Douche, l’un des organisateurs d’Agile France. Et visiblement, cela fonctionne. Car cette édition 2010 affiche quelque 300 inscrits, symbole d’une progression et d’un suivi régulier des premiers praticiens, d’abord, mais également symbole d’une ouverture à d’autres profils. L’agilité aujourd’hui n’est plus seulement une affaire de développeurs, noyau dur des premiers intervenants et participants à la première édition. Mais s’ouvre à des strates plus élevées dans l’entreprise, à des départements, comme la RH - un segment apparu lors de cette édition 2010 -, qui intègre l’agilité dans leur méthode de gestion.
“La première édition était principalement composée des “cores” [spécialistes très avertis issus du monde du développement principalement, NDLR]. Les années passant, cela s’est ouvert, l’agilité s’est démocratisée. On s’est aperçu qu’avec le temps, on touchait moins les praticiens originaux, les développeurs au profil très technique, mais un peu plus les chefs de projet”, affirme Sébastien Douche. Il ajoute : “en 2009, cela a commencé à changer pour s’orienter vers des personnes qui avaient moins de pratique, un an de connaissance de l'agilité derrière elles, contre 5 ans environ pour les "cores". Ces nouveaux profils cherchaient des réponses aux problèmes qu’ils rencontraient dans leur société, au niveau organisationnel notamment. [...] En 2010, il semblerait que le pourcentage des développeurs ait baissé. On voit également de nouvelles sociétés apparaître et également beaucoup plus de managers, l’approche Lean aidant”. De son côté, Axel Villechalane, responsable des pôles Java et méthodes agiles, au sein de la société So@t - spécialisée dans la gestion de projets Java et .Net -, constate que cette édition 2010 réunit un public plus averti : “le niveau des connaissances des personnes a largement augmenté par rapport à l’année dernière”.
Outre la présence d’Esther Derby, auteure de best-sellers sur l’agilité (“Agile Retrospectives: Making Good Teams Great”) et membre influent de la communauté aux Etats-Unis, c’est surtout la qualité du programme ainsi que celle des ateliers qui ont rallié une communauté française de plus en plus large. Au programme, du développement et du test logiciel, bien sûr, mais également des conférences sur l’organisation, le coaching, l’ergonomie et de sessions à destination des équipes produits.
Toucher la communauté au plus près
Outre la présence de nouvelles sociétés parmi les participants, Agile France comptait également parmi ses sponsors des ténors de l’industrie IT, comme Microsoft, Orange Business Services et la SSII Atos Origin, dont le programme Agile Ensemble est déjà bien ancré auprès de clients. Pour Bruno Paul, consultant architecte senior chez Atos, la présence de la SSII constitue une forme de reconnaissance de la progression de l’agilité dans les entreprises (agilité que la SSII cherche à pérenniser et industrialiser auprès de ses clients). Mais, au delà, il s’agit également “de se rapprocher des valeurs de l’agilité qui sont exprimées ici lors de la conférence. Savoir comment évolue cette communauté et ne pas se couper de ces bases”. Tout en admettant qu’Agile France est également un bon moyen de trouver des compétences et profils spécialisés et maîtrisant l’agilité.
Car en effet, recruter des profils agiles n’est pas si simple. Si l’agilité est devenu un critère sérieux de sélection de profils et “a développé l’employabilité” , indique Anne-Laure Bey, responsable ressources humaines chez So@t, il apparait que devenir un expert du sujet n’est pas à la portée de tous. “Un profil agile, comme dans l’Open Source, allie à la fois culture et technique. Un profil qui repose sur l’expérience [qui s’acquiert avec le temps, en somme, NDLR] et la maîtrise et qui n’est si évident à trouver”, confirme Sébastien Douche.
En complément :
- Méthodes agiles : le renouveau des relations client / fournisseur dans l'ingénierie
- Méthodes agiles : les entreprises avancent encore avec prudence