Nexenta s'appuie sur l'Open Source et ZFS pour tenter de concurrencer les grands du stockage
En pariant sur un modèle Open source basé sur le système de fichiers ZFS d'Oracle et sur OpenSolaris, Nexenta a développé un système d'exploitation de stockage dont les fonctions rivalisent avec celles de la plupart des grands OS de stockage commerciaux utilisés par les géants du secteur. Objectif: permettre l'élaboration de systèmes de stockage d'entreprise unifiés à une fraction du coût des baies NetApp, HP ou EMC...
Si Oracle semble avoir des difficultés a déterminer ce qu’il doit faire d’Open Solaris, Nexenta, une start-up de Mountain View n’a pas ce genre de trouble. La société a développé NexentaStor, un système de stockage unifié dérivé d’OpenSolaris (le système d’exploitation libre de Sun) et faisant usage des capacités uniques du système de fichier ZFS, développé par Sun. Récemment, elle a aussi attiré quelques uns des développeurs phares de la communauté OpenSolaris, ainsi que Bill Moore l’un des co-créateurs de ZFS. Objectif : assurer la montée en puissance du système d’exploitation NexentaStor, accélérer la mise à disposition de nouvelles fonctions et renforcer son support technique.
Jusqu’à présent, le pari de la firme semble payer. Avec plus de 300 clients payants et plus d’un milliers de déploiements commerciaux de son OS de stockage (sans compter les dizaines de milliers de versions communautaires gratuites téléchargées et mises en service par des TPE, des particuliers ou des professionnels), Nexenta dispose déjà d’une solide base installée et le nombre de nouveaux clients a augmenté de plus de 30% au premier trimestre. Et la situation ne devrait que s’améliorer. Ainsi Nexenta a par exemple signé un accord commercial avec Compellent pour fournir la passerelle NAS intégrée des systèmes Storage Center du constructeur. D’autres accords de ce type avec des acteurs de stockage de second rang devraient suivre. Le nombre d'intégrateurs utilisant la solution est également en hausse, avec des intégrateurs en France, en Angleterre ou en Allemagne.
Des fonctions qui n’ont pas grand chose à envier à celles des grands constructeurs
Le succès de NexentaStor est largement lié à sa richesse fonctionnelle. Nombre des fonctions de NexentaStor comme la compression à la volée des données, la vérification des écritures, le support d'iSCSI, le Thin Provisionning ou les snapshot illimités sont des fonctions héritées de ZFS ou de composants OpenSolaris. Mais l'intérêt de NexentaStor est de les rendre accessibles au travers d'une interface d'administration web particulièrement claire. La sécurité des données est aussi assurée par ZFS avec des options de mirroring de disque, de parité simple (similaire au Raid 5) ou de double parité (similaire au Raid 6).
D’un point de vue commercial, le modèle de la firme est double : d’un côté, NexentaStor Community Edition est 100% open source et gratuit (avec une limitation à 12 To de stockage géré) tandis que, de l’autre, NexentaStor 3.0 se distingue par l’ajout de composants propriétaires destinés à doper les capacités entreprise de l’OS de stockage. La première mouture est déployable gratuitement par tout un chacun, la seconde est préinstallée par des partenaires sur des systèmes de stockage standards à base de processeurs x86.
Quand la version libre supporte en standard la fourniture de services NFS, CIFS, iSCSI et SAN FC, et propose des capacités de déduplication inline et de réplication asynchrone, la version commerciale ajoute par exemple le support de la haute disponibilité (deux contrôleurs en mode actif/actif), et de la réplication synchrone. Cette dernière mouture supporte aussi des plug-ins additionnels notamment VMDC, un outil de gestion des environnements virtuels sous VMware, Hyper-V et XenServer, mais aussi Nexenta Delorean, un outil de snapshot de postes clients et de serveurs sous Windows permettant de sauvegarder simplement le patrimoine de l’entreprise sur une appliance Nexenta.
La bonne nouvelle est que la version commerciale de NexentaStor est vendue à des prix défiant toute concurrence, racines open source obligent : la licence - perpétuelle - de NexentaStor 3.0 pour 8 To de stockage coûte ainsi un peu plus de 2000€ HT (avec support 24x7 en anglais par mail ou téléphone pendant un an). Des licences moins coûteuses pour le marché de l’éducation ou avec un support limité aux heures ouvrées sont également disponibles. Au prix du logiciel, il convient bien sûr d’ajouter celui du matériel et des disques qui seront fournis par un intégrateur, tel que le français Alyseo, un spécialiste des projets de stockage et de virtualisation. Le résultat est un système de stockage 2 à 3 fois moins coûteux qu’une baie unifiée NAS/iSCSI de grand constructeur, à fonctions égales.
Des craintes quant au futur d’OpenSolaris ?
Nexenta est-il inquiet du silence d’Oracle sur OpenSolaris, le fondement de son système d’exploitation? Pas selon ce qu’explique Jon Ash, le Vice-président des ventes de Nexenta. «Le niveau de contribution d’Oracle au code d’OpenSolaris n’a pas diminué et la qualité du code soumis est même en hausse,» explique Ash. Et d’ajouter que Nexenta a confiance «dans les déclarations publiques de Larry Elisson a propos de l’importance de ZFS et de Solaris dans la stratégie d’Oracle». En fait, Ash semble penser que la communauté OpenSolaris a sans doute fait preuve d’un excès de paranoïa face à Oracle, suite au retard de lancement de la nouvelle version d’OpenSolaris - la dernière version était attendue fin mars et n’a toujours pas été publiée.
Dans le même temps, Nexenta a de toute façon rassemblé autour de lui suffisamment de compétences OpenSolaris pour se préparer à tous les scénarios, y compris celui d’un fork. Mieux vaut prévenir que guérir...