Serveurs x86 : Oracle arrive en retard et avec des prix élevés
C'est avec presque trois mois de retard sur ses concurrents qu'Oracle a annoncé lundi la refonte de son offre de serveurs x86, une offre intégralement basée sur des puces Intel. L'annonce permet à Oracle de remettre à niveau sa gamme de serveurs x86 par rapport à la concurrence. Seul bémol, les tarifs publics publiés sur le magasin en ligne du constructeur semblent bien élevés par rapport à la concurrence.
Comme prévu, Oracle a dévoilé lundi 28 juin sa nouvelle gamme de servers x86 et, comme nous l'avions dévoilé en exclusivité dans le courant du mois d'avril, le constructeur a choisi de tirer un trait sur l'alliance historique entre Sun et AMD pour se concentrer sur ses machines à base de puces Intel. Oracle aura pris tout son temps pour renouveler ses gammes x86. Tous ses concurrents ont mis à jour leurs lignes de serveurs bi-processeur à la fin mars et au mois d'avril suite aux annonces des Xeon 5600 d'Intel et des Opteron 6100 d'AMD (ce fut notamment le cas de Dell, IBM, HP et Cisco). Ces mêmes constructeurs ont également profité du lancement, en avril, du Xeon 7500 pour refondre leur lignes de serveurs x86 haut de gamme.
Comme à son habitude, Oracle n'a pas expliqué les raisons de ce lancement décalé. Impact de la fusion, problème de développement, phase de validation allongée… On ne saura pas pourquoi il a fallu un trimestre de plus à Oracle qu'à ses concurrents pour produire une ligne de serveurs x86 qui, du coup, n'a plus que neuf mois à vivre avant le prochain cycle de mise à jour matérielle initié par Intel et AMD.
En lançant ses nouveaux serveurs x86, Oracle a toutefois été clair sur ses intentions. Pas question, semble-t-il, de se battre avec Dell, HP ou IBM sur le marché des TPE ou des PME. Les serveurs d'Oracle sont présentés comme des "Clustered Systems". Ils sont, selon le constructeur, conçus pour faire tourner des applications critiques Oracle ou non Oracle au sein de clusters optimisés. Discours marketing mis à part, il s'agit de serveurs x86, on ne peut plus standards (même si l'on retrouve ici et là la patte créative de Sun).
Une offre bi-processeur basée sur les Xeon 5600 d'Intel
Les deux version du serveur Sun Fire 4270 |
En entrée de gamme, Oracle propose désormais le Sun Fire X2270 M2, un serveur rack 1U dépourvu de fioritures. Equipée de deux puces Xeon 5600, la machine est au format 1U et peut accueillir quatre disques SAS. Afin d'offrir le prix le plus bas possible, la machine fait l'impasse sur les alimentations redondantes ou les ventilateurs redondants. Elle conserve toutefois son module d'administration à distance (ILOM).
Immédiatement au dessus du 2270, Oracle propose le Sun Fire X4170 M2. Cette machine en rack 1U accepte jusqu'à deux puces Xeon 5600 (avec un TDP maximum de 95W) ainsi que 8 disques durs 2,5 pouces SAS ou SATA. Elle dispose de 18 slots mémoire DIMM (pour un total de 144 Go de RAM), de quatre ports Gigabit Ethernet et d'une alimentation redondante. Le X4170 M2 dispose également de trois ports PCI-e (dont deux peuvent être utilisés pour accueillir la carte Flash PCI-e du constructeur, la Flash Accelerator F20).
Une offre lames rénovée |
Oracle a profité de l'annonce de ses nouveaux serveurs x86 pour mettre à jour son offre de serveurs lames avec une lame bi-processeur Xeon 5600, la Sun Blade X6270 M2. Le constructeur a aussi présenté une lame de stockage SAS-2 à huit disques ainsi qu'un nouveau module réseau virtualisé, le très intéressant Sun Blade 6000 Virtualised Multi-fabric 10GbE M2 NEM (voir à ce propos notre article d'avril 2009 sur le module originel). |
Cliquez pour dérouler |
Oracle propose également deux variantes du X4170 en châssis 2U, utilisant la même carte mère (ce que nombre d'entreprises clientes de Sun/Oracle devraient apprécier car cela devrait considérablement simplifier la gestion des images systèmes). Le Sun Fire X4270 M2, avec châssis de 12 disques 3,5 pouces, affiche les mêmes caractéritiques que le X4170 M2 mais peut accueillir jusqu'à 12 disques SAS/SATA en face avant. On reconnait la patte de Sun à la possibilité d'ajouter une cage de disques à l'arrière (qui neutralise toutefois deux slots PCI-e), pour deux disques additionnels destinés au disques de démarrage, ce qui laisse la possibilité d'utiliser les 12 disques en face avant pour le stockage.
La seconde variante est le X4270 M2 avec un châssis de 24 disques. Comme son nom l'indique, cette déclinaison peut accueillir 24 disques SAS/SATA 2,5 pouces en face avant, de quoi délivrer des performances disque de très haut niveau
Le haut de gamme abandonne l'Opteron au profit du Xeon 7500
Le nouveau fleuron de l'offre x86 d'Oracle, le serveur Sun Fire X4800 |
Oracle a également refondu son haut de gamme x86 en abandonnant les actuels modèles Opteron au profit de deux nouveaux serveurs haut de gamme équipés des puces Xeon 7500 d'Intel.
Le Sun Fire X4470 est un serveur rack 3U équipé de 2 à 4 processeurs et capable d'accueillir jusqu'à 512 Go de mémoire vive. Il s'agit d'un serveur Xeon 7500 très classique faisant usage de deux chipsets Intel 7500 IOH (capables de gérer les 10 slots PCI-e du serveur). En ce sens, il ressemble à la plupart des serveurs Xeon 7500 basiques du marché.
La machine la plus intéressante du lot est sans doute le X4800, le nouveau fleuron de l'offre x86 d'Oracle. Conçu pour accueillir jusqu'à 8 cartes filles processeurs à base de Xeon 7500 (par groupes de quatre ou huit), ce serveur dispose de jusqu'à 8 ports 10 Gigabit Ethernet et de huit connecteurs d'extension PCIe 16x (pilotés par 4 chipset IOH Intel 7500). Ces connecteurs permettent d'accueillir ce qu'Oracle appelle des Extension Modules (Gigabit Ethernet, 10Gigabit, Infiniband QDR, FC 8Gbit/s et SAS-2). L'ensemble des composants du serveur sont hot-plug. Le tout est destiné aux applications de bases de données intensives, à la virtualisation à grande échelle et au marché du HPC (le X4800 sera une machine intéressante dans le rôle de "fat node").
De façon intéressante, tous les serveurs annoncés par Oracle sont fournis en standard avec une licence Solaris, Oracle Linux et Oracle VM (Oracle ne précise pas si cette licence arrive ou non avec une année de support). Ils sont aussi certifiés pour fonctionner avec Windows, Red Hat Entreprise Linux, SUSE Linux Entreprise Server et VMware vSphere. Seule exception, le Sun Fire 4800 n'est à ce jour pas certifié pour VMware.
Des prix publics très élevés par rapport à la concurrence
Avec ce renouvellement, Oracle dispose enfin d'une gamme x86 à même d'affronter dignement celles de Dell, IBM et d'HP. Seul bémol, les tarifs. Sur tous les segments, le tarif public d'Oracle affiche des prix déconnectés du marché. L'entrée de gamme X4170 est ainsi proposé à partir de 3553 $, quand HP affiche un prix d'entrée de gamme de 2749 $ pour un Proliant DL360 G7 mieux configuré.
Pire, en faisant l'impasse sur toute offre Opteron, Oracle s'est privé d'une offre compétitive sur le segment des machines quadri-socket, un segment où l'ancien Sun avait réussi a se faire une réputation. HP et Dell, qui ont maintenu leur confiance à AMD, proposent de ce point de vue des alternatives tarifaires bien plus intéressantes. Dell vend ainsi son R815 avec 4 puces Opteron 6172 à 2,1 GHz et 64 Go de Ram à 10738 €, contre 13 070 € pour le R810 avec quatre puces Xeon E7540 à 2 GHz. HP, de son côté, propose son DL585 avec 4 puces Opteron 6172 et 32 Go à 13999 $ contre 19609 $ pour son équivalent à base de Xeon 7540. Enfin, Oracle affiche un tarif public de 24377 $ pour un Sun Fire X4470 avec 4 puces Xeon 7530 et 64 Go de RAM et un prix de 35 522 $ pour une version équipée de quatre processeurs Xeon 7550 - curieusement, Oracle ne propose pas le Xeon 7540 à son catalogue.
Reste donc à savoir quelle liberté auront les commerciaux de la firme pour s'aligner sur les tarifs pratiqués par HP, IBM et Dell dans les appels d'offres des grands comptes, la cible officiellement visée par Oracle. De cette liberté dépendra sans doute l'avenir d'Oracle sur le marché des serveurs x86...
A lire aussi sur LeMagIT :
Avec l'Opteron 4100, AMD propose le premier processeur serveur à moins de 100 $
Analyse : serveurs x86, le printemps relance la bataille entre Intel et AMD
Exclusif : Oracle s'apprête à tirer un trait sur l'offre AMD de Sun