France Télécom veut embaucher 10 000 salariés d'ici à 2012

Dans le cadre de son plan de développement à cinq ans, le groupe France Télécom entend embaucher près de 10 000 nouveaux salariés en France d'ici à 2012. Une rupture avec la politique salariale menée depuis quatre ans et qui avait abouti à près de 10 000 suppressions de postes entre 2006 et 2009. Autre axe d'amélioration, le système d'information, mis en cause dans le malaise des salariés, sera profondément remanié.

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Une agence du groupe France Télécom

Stéphane Richard, le nouveau directeur général du groupe France Télécom-Orange, a dévoilé aujourd’hui les contours du projet d’entreprise du groupe pour les cinq prochaines années, un plan qu’il a intitulé « conquêtes 2015 ». Objectifs principaux : reconcilier les salariés [français] avec le groupe, accélérer la croissance à l’international et maintenir le sacro-saint niveau de cash flow du groupe afin de satisfaire (aussi) les actionnaires.

Du coup, pas de vraie révolution - on parle de regagner le soutien des salariés, de délivrer la meilleure « expérience utilisateur », de gagner des parts de marché...-, mais quelques mesures emblématiques de nature à éteindre les incendies sociaux qui ont gagné le territoire français tout au long de 2009 et ont finalement abouti au départ prématuré de Didier Lombard, le précédent Pdg.

10 000 recrutements prévus sur la période 2010-2012

La première mesure phare est l’annonce de 10 000 recrutements sur la période 2010-2012 qui, selon Sébastien Crozier de la CFE/CGC/Unsa, marque une vraie inflexion dans la gestion des effectifs. Il est vrai que, sur la période 2006-2009, les effectifs français du groupe ont été réduits de plus de 10 000 salariés, notamment du fait du non remplacement des départs à la retraite et d’une politique concertée de pression sur les effectifs.

magit386 recrutementorangeReste que l’embauche de 10 000 nouveaux salariés sur la période 2010 -2012 ne fera qu’à peine compenser les départs prévus à la retraite - qui devraient atteindre près de 3 000 salariés par an en 2010 et 2011, et près de 6 000 (avec les temps partiels seniors) en 2012. Et en toute logique, elle ne compensera pas le phénomène naturel d’attrition lié au turnover dans certains métiers du groupe.

La simple embauche de 10 000 personnes devrait accroître de 320 M€ la masse salariale sur la période, sans compter 220 M€ additionnels en intéressement et participation, et 360 M€ pour améliorer les conditions de travail (amélioration de certains locaux, réorganisation de certaines équipes, etc.). Comme le souligne Sébastien Crozier, les principales revendications des salariés ne sont pas salariales, mais portent sur l’amélioration des conditions de travail et de la qualité de vie au sein de l’organisation France Télécom. Et, sur ce point, le syndicaliste a l’impression que Stéphane Richard a enfin entendu les salariés.

Reste qu'il souligne d'autres pistes de travail importantes, notamment la nécessaire relocalisation des centres d'appels, par exemple. L'idée serait de rapatrier sur le territoire des services susceptibles de créer de l'emploi en France, tout en améliorant la qualité de service rendue aux abonnés. Mais pour cela, "la clé des recrutements est à Bercy", indique Sébastien Crozier.

Décloisonner le système d'information

Un autre grand axe de travail portera sur les systèmes d’information qui, selon les propos mêmes du groupe, « s’étaient beaucoup complexifiés au fil des années ». Les SI seront largement simplifiés, jusqu’à la refonte totale de certaines parties. Comme l’explique Sébastien Crozier, l'un des enjeux porte sur le décloisonnement des SI du groupe qui, pour des raisons réglementaires, ont longtemps été séparés par une muraille de Chine.

Un développement accéléré à l'international
Pour France Télécom, la croissance viendra largement de l'international et notamment de la zone Afrique et Moyen-Orient où le groupe a massivement investi dans ses opérations mobiles et où il entend croître de 5 à 6 % par an d'ici à 2015 (hors acquisitions).

Dans les pays émergents, l'objectif est en fait de quasiment doubler le chiffre d'affaires d'ici à cinq ans. De quoi doper le nombre d'abonnés dans le monde. Ainsi, Orange vise à servir 300 millions de clients en 2015 contre environ 200 millions aujourd'hui.
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Impossible, par exemple, pour un conseiller en boutique d’avoir une vision unifiée d’un dossier client du fait de la séparation imposée entre le SI mobile et le SI du fixe.

Selon Sébastien Crozier, les décisions récentes de l’Arcep devraient aider le groupe à créer de nouvelles passerelles entre ses applicatifs, qui faciliteront grandement le travail des conseillers commerciaux, vendeurs et autres personnels en contact avec la clientèle.

2 Md€ pour la fibre optique d'ici à 2015 : un investissement bien loin des enjeux

Pour le reste, rien de bien neuf. Orange explique ainsi vouloir s’engager dans la conquête des réseaux. « C’est sur son réseau et le savoir-faire de ses techniciens que le Groupe s’est construit, c’est aussi la fierté de ses salariés », explique un communiqué du groupe, qui indique la volonté d’Orange d’investir 2 Md€ dans le déploiement de la fibre optique en France d’ici à 2015. De quoi, selon le groupe, couvrir 40 % des foyers et être présent dans toutes les régions de métropole d’ici 2012, et dans tous les départements d’ici 2015 (y compris les 3 départements d’outre-mer). Certes, mais derrière ces chiffres apparamment ambitieux se dissimule la fracture numérique grandissante entre villages et grandes métropoles, une fracture que l’ancien France Télécom, opérateur public, n’aurait jamais laissé se construire. En fait, il aurait sans doute été plus juste pour Stéphane Richard de dire que c’est « sur son réseau, sa mission de service public et le savoir-faire de ses techniciens que le groupe s’est construit. C’était la fierté de ses salariés ». Mais cela aurait renvoyé à des références sans doute inacceptables pour les actionnaires, y compris l’actionnaire public. Rappelons qu’en France, il n’existe toujours aucune obligation de service public de l’Internet à haut débit...

Terminons en signalant que France Télécom se dit prêt à lancer LTE (téléphonie mobile 4G) dès que la réglementation le permettra. Pour cela, il faudra sans doute attendre la transcription en droit français de certaines dispositions du Paquet Télécom européen (qui prévoient la possibilité de réutiliser le spectre 2G et 3G pour les services 4G), ainsi que l’ouverture du processus d’attribution des fréquences dans la bande UHF et dans la bande des 26 GHz, attendue pour l’automne.

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