La Maison Blanche coupe brutalement dans ses budgets IT
Fin de la récréation pour les prestataires impliqués dans une trentaine de projets de refonte des SI financiers des administrations aux Etats-Unis. La Maison Blanche a gelé toute nouvelle dépense sur ces projets, qui coûtent 3 milliards de dollars par an. Et invite ses administrations à suivre la voie du privé : rationaliser et utiliser l'IT pour dégager des gains de productivité.
Après le gouvernement anglais, Barack Obama coupe dans les dispendieux budgets IT de son gouvernement, en gelant toute nouvelle dépense sur 30 systèmes financiers qui coûtent environ 3 milliards de dollars en développement par an aux contribuables américains. TechAmerica, le syndicat patronal de l'industrie IT, explique que la décision laissera un trou de plusieurs milliards de dollars dans le chiffre d'affaires des fournisseurs et SSII. Et de dénoncer une décision prise à la va-vite qui, au final, aboutira non pas à des économies, mais à des dépenses supplémentaires. Sur l'ensemble de leur durée de vie, les projets gelés représentent une enveloppe de 20 milliards de dollars.
Dans un billet de blog, Peter Orszag, directeur du cabinet en charge du budget à la Maison Blanche, cite plusieurs cas de dépenses inutiles, notamment au département gérant les vétérans de l'armée américaine. Ce dernier "a investi 300 millions de dollars dans deux systèmes de gestion financière au cours des 10 dernières années. Le premier projet s'est soldé par un échec et aucune fonctionnalité opérationnelle n'est sortie du second". Au cours de l'année 2010, le budget IT de l'état fédéral a atteint 86 milliards de dollars, selon le cabinet d'études Input.
Un DSI fédéral apôtre du Cloud
Depuis sa nomination, le DSI du gouvernement US, Vivek Kundra, se montre très critique de la façon dont les administrations passent des marchés. Et prône la voie de la mutualisation des ressources et du partage des développements. Vivek Kundra milite par exemple pour l'emploi du Cloud par le gouvernement.
"Alors qu'un boom en matière de productivité a transformé les performances du secteur public au cours des deux dernières décenniés, le gouvernement fédéral est passé presque totalement au travers de cette transformation et se situe désormais loin derrière en matière d'efficacité et de qualité de service, explique Peter Orszag. Nous gaspillons des milliards de dollars chaque année et, plus important, passons à côté des gains de productivité dont ont bénéficié les autres secteurs". Une mission d'audit des projets à risque du gouvernement a été confié à Vivek Kundra.
La France aussi s'inspire du privé
En France, rappelons que l'administration s'est lancée dans un vaste projet de refonte de ses applicatifs comptables (Chorus), sans toutefois atteindre pour l'instant les gains de productivité espérés. Avec le second volet de la Réforme Générale des Politiques Publiques (RGPP II), l'Etat a décidé de franchir un cap supplémentaire dans la mutualisation de ses ressources informatiques, chantier confié à un DSI interministériel qui doit être nommé prochainement. Une voie qui rapproche l'Hexagone des solutions mises en œuvre en Allemagne, en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis (avec Vivek Kundra). "Je ne vois pas ce qui empêcherait, dans les services publics, de mener à bien les chantiers de rationalisation de la dépense informatique qui ont déjà été menés dans les grands comptes du secteur privé", explique Guy Mamou-Mani, le président de Syntec Informatique (chambre patronale des SSII et éditeurs) au MagIT. Un discours qui fait écho au billet de blog de Peter Orszag.
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