Les syndicats de Viveo résistent au rachat par Temenos et dénoncent la restructuration
Alors que les actionnaires de Viveo ont empoché 81 M$ lors de la revente de l'éditeur bancaire au Suisse Temenos, les salariés de l'éditeur ont un peu l'impression d'être les dindons de la farce. L'éditeur helvète, qui vient de publier des résultats records, entend en effet supprimer près du tiers des effectifs dans l'hexagone. Le CE demande la nullité du plan social en référé. Audience prévue, le 12 août.
La prise de contrôle de l'éditeur français Vivéo par le groupe suisse Temenos ne va pas sans heurt. Annoncée en janvier 2010 pour un montant de 81 millions d’euros, l’acquisition tourne au pugilat avec les salariés du leader français du marché des progiciels bancaires. Le litige porte sur le plan de restructuration lancé dès la fin janvier et comportant notamment, selon la CGT, « l'arrêt de la commercialisation des produits V.Bank de Viveo en faveur du produit T24 de Temenos et le licenciement du plus d'un tiers des salariés de Viveo France (64 licenciements sur un total de 180 salariés) ».
Depuis le mois de mars, les salariés de Viveo enchaînent grèves et manifestations de protestation à Paris à l'appel des syndicats. En juin dernier le comité d'entreprise a assigné la direction en référé en demandant au Tribunal de Grande Instances de Paris de prononcer la nullité du Plan social. L'audience est fixée au 12 Août.
Une partie des salariés estime que les motifs économiques invoqués pour justifier la restructuration sont inexistants. Il conteste aussi le motif économique invoqué par Temenos pour les licenciements et souligne que les deux éditeurs génèrent de confortables marges. Ils pointent en revanche du doigt la stratégie de Temenos qui vise à transférer le développement de ses logiciels dans des pays à bas coûts (et notamment l'Inde). Notons toutefois que Viveo n'était pas étranger à cette stratégie du développement délocalisé, puisqu'il disposait déjà d'un centre de développement important en Roumanie...
Temenos : un éditeur qui se porte bien
On résume donc : à la base un leader français du logiciel bancaire (700 clients dans 30 pays) se vend à un éditeur suisse (basé à Genève) pour des raisons bassement financières (ses actionnaire - à près de 80% Frojal, la maison mère des éditions Francis Lefebvre et, à 20%, les deux fondateurs Raymondoa Ascer et Dominique Lejeune - encaissant au passage un pactole de 81 M$). A l'époque, le Pdg de l'éditeur français en question, Raimondo Ascer, promet un futur radieux aux salariés : "Notre entrée dans un groupe d’envergure mondiale comme Temenos nous donnera accès à des ressources plus importantes afin de servir au mieux nos clients. Nos collaborateurs bénéficieront, quant à eux, d’un environnement propice au développement et à la progression de leurs carrières".
Problème, moins de un an plus tard, les clients sont incités à migrer de V-Bank, le produit phare de Viveo, vers T24, le progiciel bancaire de Temenos. Et c'est vers Pôle emploi qu'est redirigé un tiers des salariés français. Décidemment, Le monde bancaire, éditeurs compris a fait sienne la phrase autrefois prononcée par un certain homme politique français : Les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent.
Pour la petite histoire, Temenos vient de publier des résultats records pour son second trimestre 2010, un trimestre qui aura vu ses ventes de licences progresser de 26% , le CA croitre de 22% et le bénéfice par action bondir de 44%, à 15,1 M$.