Illumos veut fédérer les développeurs de la communauté OpenSolaris

Fondé par l'un des co-développeur de ZFS, aujourd'hui patron de l'ingénierie de Nexenta, le projet Illumos, vise à fournir une plate-forme pour permettre aux développeurs externes à Oracle de poursuivre leurs travaux autours du code d'OpenSolaris. Si Oracle venait à couper les ponts, Illumos pourrait alors devenir un fork complet d'OpenSolaris. Une police d'assurance pour les multiples start-up qui ont fondé leur futur sur la version libre de Solaris à l'époque où Sun voulait en faire une alternative à Linux...

Gareth D'Amore, l'un des co-créateurs de ZFS chez Sun, aujourd'hui en charge de l'ingénierie chez le spécialiste du stockage Nexenta, vient d'annoncer la création du projet Illumos, qui pourrait à terme devenir une distribution dérivée d'OpenSolaris si Oracle persiste obstinément à tenter d'étouffer la distribution libre de Solaris. Sans surprise, les principaux sponsors d'Illumos sont Nexenta et Joyent, deux des start-ups les plus prometteuses ayant créé leur activité autour des technologies phares d'OpenSolaris.

Le premier propose un système d'exploitation orienté stockage, dont les ventes ne cessent de progresser. Le second a bâti son architecture en nuage de type PaaS sur OpenSolaris et en a décliné une version pour Cloud privés, qui est notamment revendue par Dell. Bryan Cantrill, l'un des pères de DTrace chez Sun et l'un des créateurs de Fishworks - qui a donné naissance à la ligne OpenStorage chez Sun/Oracle - était d'ailleurs présent lors de l'annonce l'Illumos avec sa nouvelle casquette de Vice-président en charge de l'ingénierie chez Joyent. Quelques uns des contributeurs clés de Solaris au cours des dernières années sont donc impliqués dans Illumos.

D'Amore a quitté Sun peu de temps après son rachat par Oracle et il est bien connu de la communauté OpenSolaris ce qui lui donne une vraie légitimité. Salarié de Nexenta, il a un intérêt bien compris à ce qu'une distribution libre bâtie sur les technologies d'OpenSolaris continue à évoluer. On peut sans doute en dire autant de Cantrill. D'autant que depuis plusieurs mois, Oracle a cesser d'approuver les contributions des développeurs extérieurs au projet OpenSolaris. Bref avec Illumos, les sociétés qui ont bâti leur futur sur OpenSolaris prennent en quelque sorte une assurance, au cas ou Oracle viendrait à couper définitivement les ponts et à abandonner OpenSolaris.


Pas de fork du code... pour l'instant.

Le projet ne se présente toutefois pas comme un fork d'OpenSolaris, mais comme une distribution parallèle dont l'objectif est de coller au coeur de l'OS, que Sun a baptisé ON (pour OS/Net). ON inclut notamment le noyau système Solaris, ainsi que le Shell, des bibliothèques C indispensables, les différents systèmes de fichiers (dont ZFS) ainsi que la gestion du réseau. Selon d'Amore certaines portions du code ON sont fermées, ce qui est un problème persistant pour la communauté OpenSolaris. C'est par exemple le cas de la bibliothèque libc, mais aussi du gestionnaire de verrous NFS, d'une partie de l'infrastructure cryptographique et de certaines fonctions de gestion des disques.

Une des vocations d'Illumos sera de régler ce problème. D'Amore a d'ailleurs pris sur lui de redévelopper les pans fermés de libc en code libre ,afin de régler ce premier problème et il invite la communauté OpenSolaris a contribuer à Illumos pour s'attaquer aux autres pans fermés d'ON. L'objectif est de parvenir à un coeur 100% Open Source d'ici la fin de l'année. Certes d'Amore indique que tout le code généré par Illumos sera aussi soumis à Oracle. Ce qui ne veut pas dire qu'il sera adopté. D'Amore reconnait d'ailleurs qu'Oracle ne souhaitera sans doute pas intégrer à OpenSolaris tous le code Illumos et qu'en ce sens Illumos et OpenSolaris pourraient finir par diverger. Ce sera d'autant plus le cas si les distributions alternatives à OpenSolaris comme celles maintenues par Nexenta, Joyent, Bellinix.... finissent par s'appuyer sur le code ON d'Illumos plutôt que sur celui d'Oracle.

Notons enfin qu'Illumos pourrait au fil du temps intégrer d'autres projets notamment autour de X11, du bureau Solaris ou du support de plates-formes processeurs non Intel. La grande question reste toutefois de savoir quelles sont les intentions d'Oracle vis-à-vis d'Open Solaris et comment la firme entend à l'avenir gérer les contributions externes à son OS. Jusqu'alors l'éditeur/constructeur a maintenu le plus grand silence sur ses intentions et il sera intéressant de voir quelle sera sa position lors du prochain OpenWorld/JavaWorld, qui se tient à San Francisco en septembre. Des rumeurs insistantes veulent qu'Oracle y présente (enfin!) une nouvelle version d'OpenSolaris (avec six mois de retard sur l'objectif initial). Mais si Oracle venait à couper les ponts, Illumos se tient désormais prêt  à assurer le relais en devenant un fork d'OpenSolaris.

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