Avec l’activité mobilité d’Infineon, Intel veux s’incruster dans les smartphones
Près de 9 milliards de dollars. C’est ce qu'Intel aura mis sur la table en moins de 15 jours pour prendre un élan formidable sur les marchés de la sécurité et de la mobilité. Après McAfee, le californien met la main sur la division Wireless Solutions d’Infineon. Une manière de se repositionner sur le marché des smartphones et de prendre acte de la montée en puissance d’architectures potentiellement alternatives au x86.
Intel a visiblement choisi l’été pour frapper un grand coup sur le marché des transactions à plusieurs milliards. Après s’être offert McAfee et une présence d’envergure sur le marché de la sécurité pour 7,7 milliards de dollars, le numéro un mondial du microprocesseur vient de mettre 1,4 milliard de dollars (1,1 milliard d’euros) de plus sur la table pour récupérer les activité mobiles du fondeur allemand Infineon.
De son côté, ce dernier évoque une cession stratégique. Certes, le groupe voit s’envoler prés du tiers de ses trois milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel. Mais il estime qu’il s’agit d’une opération de recentrage indispensable pour ce concentrer sur des segments plus stratégiques.
Pour Intel, il s’agit surtout d’une manière rapide de renforcer sa présence sur le très lucratif et dynamique marché des smartphones où le groupe américain souffrait d’un manque certain de présence. Cité par Reuters, Flint Pulskamp, analyste d'IDC, expliquait la semaine passée, alors que l’opération n’était encore qu’une rumeur, que "Infineon ferait instantanément d'Intel un poids lourd (du marché mobile) et leur permettrait de gagner trois ou quatre ans de R&D (recherche et développement)".
Un pôle mobilité fortement densifié en quelques semaines
Si la division Wireless Solutions d’Infineon ne se classe qu'au cinquième rang mondial des puces pour équipements mobiles – derrière Broadcom, Qualcomm ou TI – ses équipes pourraient permettre à Intel de répondre à la montée en puissance d’ARM, le constructeur britannique rendu particulièrement populaire par le lancement de l’iPad. De nombreuses rumeurs font de plus état d’un possible rachat de ce dernier par Apple. Du coup, Intel se verrait sans doute bien en alternative œcuménique pour les constructeurs de téléphones mobiles concurrents de la firme à la pomme, un peu sur le modèle de Google Android face à l’iOS des iPhone.
Le rachat de McAfee, il y a tout juste 15 jours, s’inscrivait déjà, selon nombre d’analystes, dans cette stratégie d’orientation vers les plates-formes mobiles. Les deux sociétés étaient déjà partenaires sur la sécurisation des dispositifs mobiles et embarqués, et McAfee dispose, à son catalogue, de produits pour les terminaux mobiles, notamment ceux d'éditeurs spécialistes du sujet (Trust Digital et TenCube), acquis récemment.
Un pas de plus vers la convergence architecture mobile / architecture traditionnelle
Par ailleurs, l’émergence des smartphones et autres tablettes laisse augurer d’une convergence accrue entre leurs architectures de base… et le monde x86. Une tendance qui éclaire également les mouvements d’Intel et son investissement conséquent. En juin dernier, commentant l’actualité ARM pour LeMagIT, Yves Legrand, responsable marketing du département consumer de Freescale, spin-off de Motorola qui produit des processeurs ARM, expliquait ainsi que « si le démarrage du coeur ARM, c’est le téléphone mobile et les assistants personnels électroniques signés Palm, aujourd’hui, on monte en gamme avec les tablettes, iPad et petits portables, etc. On parle désormais de processeurs embarquant 8 cœurs ARM, cadencés à plus de 1 GHz... On vient clairement chatouiller le marché servi par le x86 qui, dans le même temps, cherche à descendre en gamme. Du coup, oui, il y a bien collision des deux architectures. »
Accessoirement, l'acquisition de l'activité mobilité d'Infineon permet à Intel de disposer d'une offre pour réseaux de téléphonie de quatrième génération (LTE), après avoir massivement parié sur Wimax.