Projet Chorus : l'Etat met les SSII sur les dents pour le marché de l'année
Et un obstacle franchi pour les grands prestataires qui s'affrontent sur le marché du déploiement de Chorus, le progiciel financier de l'Etat. Tous les grands noms de la place ont été retenus pour un ou plusieurs des quatre lots de l'accord cadre et seront remis en concurrence pour les marchés proprement dits. Seuls absents notables : Thales et Ineum.
Et un obstacle franchi pour les grandes SSII de la place dans le marché de l'année : le déploiement de Chorus, le progiciel de gestion financière de l'Etat. Plusieurs d'entre elles ont, depuis plusieurs semaines déjà, reçu la confirmation qu'elles étaient retenues par l'Agence pour l’informatique financière de l’Etat (AIFE) pour l'accord cadre qui régit ce marché scindé en quatre lots (déploiement interministériel - lot 1-, assistance au déploiement - lot 2 -, raccordement technique - lot 3 -, formation et assistance aux personnels - lot 4-). Soit, au total, entre 150 et 200 millions d'euros.
Lots 2 et 4 : une rude compétition s'annonce
Selon nos confrères de la lettre A, qui ont pu consulter l'accord, les prestataires retenus pour le lot 1 sont Deloitte, CSC et Alti (avec en sous-traitant le cabinet Fontaine Consultants). L'assistance au déploiement, elle, mettra aux prises pas moins de sept prestataires, parmi les plus grands de la place : Accenture, Atos-Origin Intégration, Bearing Point, Capgemini, Logica, Steria et PricewaterhouseCoopers. Sur le troisième lot (raccordement technique), Atos-Origin, IBM et Sopra s'affronteront pour l'attribution des marchés dits subséquents, les appels d'offres proprement dits qui découlent de cet accord cadre.
Enfin, en ce qui concerne la formation et l'assistance aux personnels - autre gros morceau avec le lot 2 -, la compétition sera rude, puisque tous les grands prestataires de la place ont été retenus par l'AIFE : Accenture, Atos Origin Intégration, Capgemini, Logica, PricewaterhouseCoopers, Sopra et Steria. L'empoignade pour les "vrais" marchés s'annonce donc rude. Surtout dans un contexte où les SSII auront à coeur de se placer sur ce projet au long cours, le tout dans un contexte de ralentissement de l'activité dans le secteur privé.
Cadences infernales
Ces choix de l'AIFE font suite à un premier appel d'offres pour le déploiement, annulé au dernier moment il y a tout juste un an, à la grande fureur des SSII de la place. Un premier round où ces dernières s'étaient présentées regroupées en consortiums, contrairement à ce second round, où les prestataires sont venus en solo. C'est en fait la conséquence de la volonté de l'AIFE de privilégier cette fois la voie de l'accord cadre. Une démarche qui passe, pour chaque lot, par la présélection d'un certain nombre de prestataires, avant de passer les marchés proprement dits, pour lesquels les SSII citées ci-dessus seront remises en concurrence.
Selon nos informations, les premiers appels d'offres pour ces marchés dits subséquents seraient d'ailleurs déjà entre les mains des SSII élues. Logique si l'on jette un oeil aux cadences infernales de Chorus : après un premier pilote déjà en place touchant une centaine d’utilisateurs, une seconde vague (v2 Chorus) est prévue dès le début 2009, avant un troisième round massif en mars de la même année.
Woerth : les coûts sont tenus, les délais dérapent
On retrouve, parmi les prestataires retenus pour ce "premier tour", les principaux prestataires sélectionnés lors du premier appel d'offres de 2007. Avec toutefois deux perdants, dont les noms ont disparu de l'accord cadre : Thales et Ineum Consulting.
Ce matin, suite à un article de La Tribune, le ministère du Budget a émis un communiqué tentant d'infirmer les rumeurs de dérive budgétaire du projet Chorus. Selon l'administration, le chiffre que la Cour des comptes a présenté au Parlement (soit 522 millions d'euros pour Chorus) entre dans la fourchette établie en novembre 2006 par l’Inspection générale des finances (entre 419 millions et 566 millions d'investissement). S'y ajoutent 100 millions "de dépenses de fonctionnement par an". Soit un coût complet, sur cinq ans, de 1,1 milliard. Le ministre, Eric Woerth, a par contre reconnu des dérives dans les délais. Ce qui, dans le sérail, ne constitue pas une surprise, tant le rythme imposé à un projet aussi colossal paraissait intenable.