Forum mondial du libre : Paris (encore une fois) épicentre de l'Open Source
De plus en plus d'applications critiques, un déplacement du centre de gravité de l'Open Source vers l'applicatif. Telles sont les deux tendances qui se dégagent de la première journée du Forum mondial du libre, organisée à Paris. Une ville connue de longue date pour être la "Capitale du libre".
C'est un large panel de figures emblématiques de l'Open Source qu'est parvenu à réunir L'Open World Forum (Forum mondial du libre), manifestation consacrée à l'Open Source lancée cette année par la Mairie de Paris et la région Ile-de-France. Au total, plus d'un millier de participants et 160 intervenants venant de 20 pays sont attendus lors de ces deux journées (les 1er et 2 décembre) consacrées à l'informatique professionnelle en Open Source.
Une étude de Forrester, commanditée par Bull, venant opportunément souligner l'importance prise par l'Open Source dans les systèmes d'information. Ainsi 45 % des entreprises européennes utilisant déjà l'Open Source l'emploient désormais dans des applications critiques. Second enseignement de l'étude inspirée par Bull : le logiciel libre s'étend rapidement en dehors des couches purement technique de l'infrastructure. Pour toucher le poste de travail ou l'applicatif (CRM, BI, PGI).
BI : la comparaison des coûts comme moteur
C'est cette nouvelle réalité que refléte le programme de conférences de cette première journée de l'Open World Forum. Avec notamment une session consacrées à la BI, avec les interventions de JasperSoft, SpagoBI et Talend, trois éditeurs spécialisés qui ont choisi l'Open Source pour diffuser leurs produits. "C'est le secteur le plus enthousiasmant du logiciel libre en ce moment", s'enthousiasme Tom Cahill, le directeur Europe de Jaspersoft, éditeur américain qui vient d'ouvrir un bureau dans l'Hexagone et d'approfondir son partenariat avec le Français Talend, pour fournir une plate-forme de BI prête à l'emploi. Selon Tom Cahill, la percée de la BI Open Source résulte surtout des différences de coûts avec les outils propriétaires. Si la BI libre ne vient pas forcément remplacer les solutions en place (BO, Crystal, etc.), elle est intégrée dans les appels d'offre lors de l'extension du décisionnel dans l'organisation (nouveaux utilisateurs ou nouvelle application). L'éditeur revendique 140 000 déploiements en production et 9 000 clients payants pour sa version commerciale.
Cloud computing : revoilà la dépendance
Côté poste de travail, la nouvelle frontière se situe... dans les nuages. Une tendance illustrée notamment par l'intégrateur StarXpert, spécialiste de la bureautique libre, qui faisait la démonstration de l'intégration entre la brique collaborative Zimbra, le système de gestion documentaire Alfresco et la suite OpenOffice. Un déplacement du domaine de la lutte dans le nuage qui n'est pas sans poser question en matière de dépendance à un fournisseur, en l'occurrence cette fois le gestionnaire des serveurs. Un point que souligne notamment Maxime Gaillard, gérant de l'intégrateur StartX, qui décrivait pourtant des scénarios d'usage des services de cloud computing d'Amazon. Notamment l'utilisation de EC2 comme tampon pendant la durée d'une migration de serveurs mail. Une solution qui coûte... moins de 5 dollars !
Paris : forum ou capitale ?
De leurs côtés, l'éditeur du PGI ERP5 Nexedi et le spécialiste de la gestion de contenus Nuxeo ont choisi le cadre du forum pour réunir leur communauté. L'occasion notamment pour ce dernier d'organiser une table ronde consacrée au futur standard de la gestion de contenus, CMIS, à laquelle était convié John Newton, le fondateur et directeur technique d'Alfresco. "Comme avec les bases de données lors de l'arrivée de SQL, le monde de la gestion de contenus va être bouleversé si CMIS est un succès", a prévenu ce dernier (voir son interview il y a quelques semaines). Le standard, attendu dans un an, promet de désimbriquer le référentiel du logiciel client permettant d'accéder aux contenus.
Autant de thématiques qui doublonnent clairement avec celles de Paris Capitale du Libre, manifestation de deux jours là aussi qui s'est tenue en juin dernier et dont l'organisation est notamment pilotée par Alexandre Zapolsky, le Pdg de Linagora. Selon les intervenants croisés sur l'Open World Forum, la décision de la mairie de Paris et de la région de créer un second événement consacré à l'Open Source dans la capitale résulte de divergences de vues avec le Pdg de la SSLL (société de services en logiciels libres).