Le Forum Open World se donne 12 ans pour généraliser l'Open Source
C'est le principal document résultant de l'Open World Forum, deux jours de conférences sur l'Open Source qui viennent de s'achever. La feuille de route 2020 du logiciel libre dépeint une IT contribuant à relever les défis de l'époque. A condition que les états cessent de répugner à intervenir dans les choix technologiques.
C'est le principal document issu du forum Open World, grand raout de l'Open Source qui se tenait en début de semaine à Paris. Fruit de contributions multiples - figures emblématiques de la communauté, analystes, représentants de l'industrie ou de l'administration -, la feuille de route du logiciel libre pour 2020 vise à évaluer l'impact de l'Open Source à cette échéance (à télécharger en PDF). Et livre 80 recommandations à l'industrie.
Basée sur l'émergence d'un certain nombre de tendances fortes dans l'IT (le cloud computing, le green IT, l'Internet des objets, les organisations virtuelles, etc.), l'étude pronostique une diffusion des technologies Open Source dans les organisations. Avec, à l'horizon proche, notamment le basculement de l'applicatif et du middleware dans l'orbite libre (voir schéma ci-dessous).
40 % de l'emploi IT en 2020
Selon les auteurs, un des principaux bénéfices qu'aura l'Open Source sur la société résidera dans la réduction de la fracture numérique. Parmi les autres prédictions, la roadmap prévoit - sans surprise - la généralisation de l'Open Source dans des segments comme l'infrastructure, les outils de développement, les applications scientifiques ou l'embarqué. Ce qui se traduira par une proportion de l'emploi IT relatif à l'Open Source atteignant 40 %, soit 1,5 million d'emplois en Europe. Il s'agira dans 80 % des cas de créations de postes.
Pour parvenir à ce résultat, la trentaine d'auteurs à l'origine de la roadmap - en majorité des Français - mettent en avant ce qui leur apparaît comme des prérequis. Comme la création d'un environnement légal clair et stable. Ce qui passe bien sûr par un éclaircissement des politiques publiques en matière de brevets ou d'interopérabilité. Mais aussi par une clarification du maquis des licences Open Source, reconnaissent les auteurs. Qui mettent également en garde contre les risques de dépendance aux fournisseurs que font peser les services de cloud computing. Pour s'en affranchir, la roadmap recommande d'imposer l'emploi de plates-formes interopérables et des standards ouverts par les fournisseurs de services hébergés.
Pour des politiques interventionnistes
Parmi les autres points mis en avant par le document, les auteurs insistent sur la nécessité de développer les compétences - via notamment une meilleure prise en compte des technologies Open Source dans les universités et écoles -, sur le besoin de mieux reconnaître, au sein des entreprises, les contributions aux communautés, sur le bénéfice que produiraient des interactions plus fréquentes entre les différentes communautés ou sur l'élan que donnerait la création de fonds d'investissement spécialisés dans l'Open Source.
Au final, de nombreux points de la roadmap insistent sur le besoin d'interventions publiques, tant pour développer le marché que pour le réguler. Par exemple, le document préconise l'achat groupé de solutions logicielles par plusieurs administrations (ce qui favoriserait le modèle libre). Une telle reprise en main de l'IT par le politique constituerait une inflexion de la doctrine de non-intervention dans l'économie qui prévaut aujourd'hui en Europe. Mais, pour les auteurs, la crise financière aidant, il est temps de bousculer le dogme.