Atos : plainte pour corruption, le vaudeville continue
Les Arvernes, une association qui dit vouloir défendre les intérêts industriels français, porte plainte contre X pour tentative de corruption. La cible : les manœuvres qu'aurait tentées le fonds Pardus pour prendre le contrôle de la SSII. L'association voit encore dans l'indemnité de départ de Philippe Germond un abus de bien social.
L'AFP révèle qu'une association baptisée Les Arvernes, qui se présente comme un groupe de défense des intérêts industriels français (les Arvernes s'étaient déjà opposés à la direction de Safran et à Lakhsmi Mittal lors de la fermeture de l'aciérie de Gandrange), a déposé mercredi 3 décembre une plainte contre X, en raison de soupçons de corruption au sein d'Atos-Origin.
Au centre de la plainte, la guerre qui a opposé au printemps dernier le président du directoire du groupe, Philippe Germond (remplacé mi-novembre par Thierry Breton), aux fonds Centaurus et Pardus, alors premiers actionnaires de la SSII et qui réclamaient une représentation au conseil de surveillance. En avril, le même Philippe Germond avait affirmé que Pardus aurait proposé 70 millions d'euros aux membres du directoire pour prendre le contrôle du groupe et le démanteler. Une tentative de corruption d'agent privé, pour les Arvernes. "Nous empêcherons le conseil de surveillance d'Atos de mettre en œuvre la feuille de route des fonds d'investissement qui vise à démanteler l'entreprise", a expliqué à l'AFP Maurice Argouse, secrétaire général de l'association et ancien patron de l'activité sécurité de Sagem.
Débat en interne sur le variable de Breton
L'association cible également l'indemnité de départ de Philippe Germond (estimée entre 4 et 5 millions d'euros), qui a suscité de vives réactions en interne. Et a déposé plainte sur ce point pour abus de bien social. Selon nos confrères de la lettre A, les Arvernes auraient par ailleurs pris contact avec des membres du conseil de surveillance de la SSII pour les mettre en demeure de "ne pas procéder au versement des indemnités de départ du président du directoire, Philippe Germond". Le Lettre A affirme encore qu'un débat existe au sein du même conseil sur la partie variable de la rémunération de Thierry Breton, liée à ses objectifs de résultat.
La semaine dernière, une autre tempête avait secoué la SSII. Le Canard enchaîné avait révélé que l'ex-ministre de l'Economie avait négocié un salaire annuel de 2,2 millions d'euros, auxquels s'ajoutent 700 000 euros de stock options à prix cassé.
En pleine ouverture des négociations annuelles sur les salaires, le déballage fait grand bruit en interne. "Le public est chaud", avertit Marie-Christine Lebert, membre du comité d'entreprise européen et coordinatrice CFDT d'Atos-Origin.
Premier renfort pour Breton
Thierry Breton n'a pour l'instant rien dévoilé de ses plans quant au futur d'Atos-Origin. Au centre des interrogations, la stratégie du groupe : le nouveau patron ménera-t-il à son terme la transformation du groupe (le plan 303) ou procédera-t-il à une recomposition brutale du groupe ?
Selon nos informations, Thierry Breton aurait déjà fait venir un proche, Charles Dehelly, un ancien de Thomson, Bull et France Télécom (Equant plus précisément)... un parcours parallèle à celui du nouvel homme fort d'Atos. Ce premier renfort prendrait des fonctions internationales sur le plan de transformation du groupe, 303.
Mise à jour le 4 décembre, à 9 h : selon Les Echos du jour, un avocat représentant de petits actionnaires de la SSII, Frédérik-Karel Canoy, envisage lui aussi de déposer plainte contre X.