JavaFX : Sun rate son arrivée dans les RIA
En livrant officiellement la version 1.0 de JavaFX 18 mois après son annonce jugée trop précoce, Sun doit désormais se battre pour rapatrier ses développeurs partis chez Adobe, et gagner en crédibilité sur un marché ultra-concurrentiel. Bref un départ plutôt raté.
On peut avoir entre les mains une technologie redoutable, mais manquer son intrusion sur le marché. En lançant la version 1.0 de sa plate-forme de développement de RIA (Rich Internet Application) Java FX quelque 18 mois après l'avoir annoncée à JavaOne 2007, Sun arrive bien tard sur un marché ultra-concurrentiel, déjà trusté par Microsoft (Silverlight) et Adobe (Flash/Flex). Un constat sans appel pour un grand nom actuellement en difficulté, mais également pour une communauté de développeurs qui doit oublier ses désillusions au sujet d'une technologie annoncée avant d'être fonctionnelle.
JavaFX 1.0 représente l'environnement de développement unifiée pour RIA qui repose sur la plate-forme Java et vise les segments de marché du desktop, du Web et de la mobilité. En clair, là où la traditionnelle machine virtuelle est installée. Dans le détail, JavaFX embarque JavaFX Development Environment, JavaFX Production Suite, JavaFX Desktop, NetBeans Integrated Development Environment (IDE) 6.5, ainsi qu'une kyrielle de moteurs d'exécution et d'outils de développement et de déploiement. Il comprend également un émulateur pour téléphones mobiles.
FX comble un manque... mais arrive avec un passif
Bref, un package complet pour attaquer tous les segments avec la puissance de Java, tout en s'ouvrant à une cible moins tournée vers le développement et plus sensible au graphisme. Ce dernier point est notamment soutenu par l'intégration d'un nouveau langage, JavaFX Script qui fournit une couche d'abstraction à Java dans le but de simplifier la programmation, notamment pour les graphistes.
« Cela vient bien combler un manque – celui de la manipulation multimédia - dans le monde Java, confirme Didier Girard, directeur technique de la SSII Sfeir. Mais les développeurs doivent d'abord se remettre de leurs désillusions occasionnées par une annonce trop précoce et une technologie qui à l'époque ne marchait pas ». Un échec avant tout marketing, d'autant que Microsoft lançait également Silverlight dans le même timing. Occupant alors le terrain à outrance.
Départ de la communauté vers Flex
Sun doit donc s'attacher à redresser la barre côté développeurs. Et ré-équilibrer sa base qui, face au flou qui encadrait Java en matière de RIA, s'est tournée vers Flex, explique en substance Didier Girard. Une fuite naturelle au regard de la proximité des deux langages, Java et Actionscript. Ce qui fait aujourd'hui d'Adobe le principal ennemi de Sun sur le terrain des RIA, la communauté Java écartant assez naturellement Microsoft. « Le principal défi pour Sun est ainsi de devenir crédible face à Flex », résume Didier Girard.
Et la tâche ne s'annonce pas aisée. Outre le fait d'ôter toute frustation chez les développeurs, Sun devra également faire passer l'idée d'un nouveau langage. Si JavaFX Script ouvre les bras aux graphistes, il n'en reste pas moins un énième langage à apprendre. Donc un énième fardeau dans la courbe de progression des compétences des développeurs.
Plug-in redéveloppé, délais explosés ?
Notons également que l'intégration de Java dans le navigateur via la machine virtuelle Java, un point souvent pointé du doigt, a été améliorée. Execution des applets (appliquettes Java) trop lente, performances en dessous de la promesse Java, les équipes de Sun se devaient de corriger ce socle, avant de pouvoir y faire reposer une plate-forme RIA. « Selon moi, il était impensable de maintenir en vie pendant plusieurs années un plug-in aussi bogué, entamant progressivement la réputation et la viabilité de Java sur Internet. Grâce aux équipes de Sun, cela a été corrigé », explique Chris Oliver, ingénieur chez Sun qui a participé aux développement de JavaFX Script sur son blog. Reste à savoir si ce "prérequis" a décalé la sortie de JavaFX.