Destruction record d’emplois IT aux Etats-Unis, forts risques de propagation en France
On évoquait une contamination imminente de l’économie dite réelle après la crise financière. C’est désormais chose faite. Les Etats-Unis sont les premiers touchés avec des chiffres sur l’emploi catastrophiques publiés ce jour. Et l’IT, même si elle n'est pas au cœur de la crise contrairement aux débuts des années 2000, n’échappe pas au massacre. En France, le premier semestre 2009 pourrait être difficile pour les SSII. Et le marché semble s’y attendre.
Le ciel semble être tombé sur la tête de l’économie américaine avec de fortes répercussions sur les bourses européennes. Attendus très mauvais, les chiffres du chômage américain pour novembre 2008 se sont avérés calamiteux. Avec des niveaux de croissance des suppressions de postes sur un mois et des taux de chômage rarement atteints depuis... le premier choc pétrolier en 1973.
Plutôt contingenté à l'origine au secteur financier, la crise s'étend et semble désormais partie pour s’installer. Qu’en déduire pour le secteur IT notamment en France ? Tout d’abord, en prise avec l’ensemble des secteurs tertiaire ou industriel, que se soit en terme de prestations de services informatiques ou encore de fourniture d’infrastructures ou d’applications, il pourrait bien être confronté à un recul de la dépense informatique. Jusqu’à présent, seul un ralentissement est évoqué par les cabinets d'analyse du marché. Mais les indicateurs américains constituent autant de signaux d’alerte sur les tendances à venir. Et la chute apparaît extrêmement brutale.
Sur novembre, 7 000 postes ont par exemple été supprimés dans le secteur de la production de PC et d’appareils électroniques. Dans les services, la plus grosse chute mensuelle en terme d’emploi concerne le segment des « professional and business services », le B-to-B dans lequel on retrouve notamment les SSII américaines. Pas moins de 136 000 emplois sont passés à la trappe sur novembre. Notre confrère CNet a dressé une liste non exhaustive, mais extrêmement complète, des licenciements dans le IT américain en y intégrant les 24 000 postes supprimés par HP sur trois ans, les 12 000 d’AT&T annoncés récemment, les 6 000 de Sun, les 8 500 de Dell, les 600 d’Adobe, etc.
Les nuages approchent dangereusement des côtes IT françaises
Des tendances suffisamment fortes et visibles pour que les investisseurs ne s’y trompent pas. Dans le sillage du CAC 40 (- 8,42 % sur la semaine, un recul essentiellement enregistré ce jour), c’est l’ensemble des titres IT majeurs à la bourse de Paris qui ont dévissé aujourd’hui, à l’exception de France Télécom - toujours solide sur un secteur Télécoms moins chahuté que celui des services informatiques depuis le début de la crise - et de Cegid, porté cette semaine par l'annonce du soutien de Groupama pour l'exercice 2009. Les titres des SSII - eux - sont particulièrement touchés après une semaine pourtant plutôt tranquille.
De fait, pour ces grosses organisations comme pour les plus petites, les problèmes pourraient bien apparaître dans les prochains mois. Comme l’explique ce jour au MagIT Olivier Bouderand, secrétaire général du 3SCI, syndicat des sociétés de service et des conseils en informatique regroupant des TPE du secteur, « pour l’instant, dans l’informatique, on ne perçoit pas vraiment de ralentissement. Mais cette inertie aura un terme. On risque d’avoir au 1er semestre 2009 les conséquencees des arrêts de projets décidés par les entrprises utilisatrices en 2008 ». Du coup, le plan de relance tout juste présenté par le Président de la République, et qui – en terme sectoriel – s’attachait surtout à répondre aux besoins du BTP et de l’automobile, pourrait bien être - déjà ! - trop court. Si l’économie numérique est bien évoquée, elle n’est pas réellement concernée par les investissements prévus. Elle demeure pourtant l’un des moteurs de l'économie en terme de croissance, comme les chiffres 2008 des SSII devraient le confirmer.
Si cette activité - qui repose sur des fondamentaux où la main d'oeuvre qualifiée est essentielle - devait plonger au premier semestre 2009, l'impact serait important sur le chômage, notamment sur celui des cadres qualifiés.