La crise rattrape les SSII indiennes
L’optimisme affiché depuis plusieurs mois par les SSII indiennes ne semble résolument plus de mise. Infosys ne table plus que sur 15 % de croissance pour l’ensemble du secteur, pour l’exercice fiscal en cours. Les salariés ressentent les premiers les effets du ralentissement.
La Nasscom, la chambre syndicale du patronat des SSII installée en Inde, avait, mi-novembre, renoncé ouvertement à l’optimisme en annonçant une révision de ses prévisions de croissance pour le secteur de l’ordre 19 % maximum pour l’exercice fiscal en cours – qui s’achèvera fin mars 2009 – contre 21 à 24 % précédemment. Kris Gopalakrishnan, PDG d’Infosys, est plus sombre. Selon lui, la croissance devrait se tasser aux alentours de 15 %.
Infosys prévoyait 25 000 embauches brutes pour son exercice fiscal 2008-2009. Plus de 17 000 auraient déjà été réalisées. Du coup, désormais, la SSII préfère « geler » les recrutements et limiter ses embauches à des compétences ciblées. Du coup se pose la question du devenir des offres présentées à quelque 20 000 étudiants pour l’exercice 2009-2010.
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De son côté, Wipro a opté pour une stratégie de réduction des coûts qui provoque déjà l’ire de ses jeunes recrues. La SSII prévoit ainsi de cantonner pour 12 à 18 mois ses ingénieurs fraichement embauchés à des activités de BPO, sur son site de Kolkata (Calcutta). Mais il y a plus audacieux : selon l’agence IANS, Wipro demande à ses jeunes recrues de lui verser une caution remboursable de 75 000 Rs, caution qui n’est en principe demandée qu’aux jeunes chefs de projet. De quoi pousser les étudiants à renoncer à leur premier poste ? Que nenni selon Wipro qui présente son offre comme une opportunité, pour ses nouvelles recrues, de commencer plus vite leur activité salariée, en dehors des traditionnels cycles trimestriels d’embauche. Et d’ajouter que 98 % des 13 500 étudiants concernés par la proposition l’auraient acceptée.
Selon le quotidien DNA, la situation des contractuels serait particulièrement préoccupante. 60 000 d’entre eux auraient déjà été remerciés par des clients de SSII indiennes. Et d’évoquer d’anciens collaborateurs au service de Google, HP, Dell ou encore SAP. Interrogé par le quotidien, AR Rajesh, vice-président du spécialiste de l’interim IT Teamlease, reconnaît une rapide progression des non-renouvellements et ruptures prématurées de contrats.
La course aux économies est lancée
Mais toutes les recettes sont bonnes pour réduire les coûts. On l’a déjà vu : certaines SSII demandent à leurs collaborateurs de travailler plus pour gagner autant. Satyam étudierait même la possibilité d’inviter ses salariés à prendre un congé… sabbatique, pour collaborer par exemple avec une ONG. L’ouverture ou non de cette option sera effectivement décidée à l’aune des résultats de l’exercice fiscal en cours.
Chez TCS, les augmentations de salaires ne devraient pas dépasser 9 % l’an prochain. Dans le même temps, le taux d’utilisation des ressources humaines devrait passer à 82 ou 83 %. Hors stagiaires, il serait actuellement de l’ordre de 81 %. Mais la SSII prévoit de réduire ses investissements. Et des plans d’économies sont déjà en place sur le front des déplacements, des communications et de l’énergie.
A Pune, près de Mumbai, Wipro aurait réduit le nombre de minivans utilisés pour le transport de ses salariés ; un service désormais décompté de la feuille de paie. La climatisation serait coupée le week-end, lorsqu’il y a moins de salariés en activité, selon le Pune Mirror.
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De son côté, le syndicat Unites entend discuter avec le Nasscom de la question des licenciements, et notamment de ceux de ces salariés qui sont placés en « observation » en raison de leurs performances insuffisantes. Pour Unites, ces salariés mériteraient d’être formés avant d’être écartés. Surtout, le syndicat estime que les SSII cachent des licenciements dans leurs chiffres de l’attrition volontaire, poussant certains salariés à la démission.