Fibre : Champsaur fait sortir France Télécom de ses gonds
Dans une interview au magazine Challenges, le président de l'Arcep - sur le départ - tacle France Télécom sur le dossier du déploiement de la fibre dans les immeubles. Réponse du tac au tac de l'opérateur qui, par voie de communiqué, met en cause l'attitude de son concurrent Free. Ambiance.
Le feuilleton guignolesque du déploiement de la fibre se poursuit avec, en toile de fond, l'incapacité du régulateur à trancher dans la sourde bataille qui oppose d'un côté France Télécom et SFR et de l'autre Free. Pour résumer, France Télécom, SFR et Free s'écharpent depuis des mois sur la façon de raccorder les abonnés dans les immeubles (approche mono-fibre mutualisée versus approche multi-fibre). France Télécom, qui milite pour le monofibre, et SFR sont récemment parvenus à un compromis. Ils ont convenu de tester une approche multi-fibre (4 fibres) dans le 15ème arrondissement de Paris, une offre qui fait tiquer Free qui milite pour le multi-fibre massif (soit une fibre par client).
Dans ce contexte, et alors que le régulateur se refuse à édicter des règles qui mettraient un terme à la bataille, l'intervention dans le magazine Challenges du président de l'Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) vient de rallumer le feu de brousse. Paul Champsaur, dont le mandat arrive à échéance, n'a ainsi pu s'empêcher de donner son avis personnel en s'interrogeant « sur les raisons du blocage depuis l’été, par l’opérateur historique, des discussions sur le câblage terminal », plaçant ainsi le blâme sur France Télécom. L'opérateur historique n'a guère mis de temps à réagir.
Ping-pong aggressif
Dans un communiqué envoyé dans l'heure suivant la diffusion par l'Arcep de l'interview de Champsaur, France Télécom rappelle « qu'un accord est ainsi intervenu en septembre dernier avec SFR.(...). En outre, des négociations sont en cours avec d’autres opérateurs pour adopter la même approche pragmatique que celle de l’accord signé avec SFR ». France Télécom note également que « Free a refusé juqu’à présent les propositions d’accord qui lui ont été faites, en exigeant le déploiement systématique de la solution multi-fibres non encore expérimentée et en privant largement les habitants des immeubles fibrés par ses soins, notamment à Paris, de la liberté de choisir un autre opérateur. Free bloque ainsi la mise en oeuvre d’un accord général sur la mutualisation du fibrage vertical, préalable indispensable au déploiement à grande échelle de la fibre ». C'est ce que l'on appelle un retour à l'envoyeur.
Reste que l'avis exprimé par un Paul Champsaur sur le départ n'a guère de poids juridique et que le timing choisi est pour le moins indélicat vis-à-vis de son successeur. Ce dernier devra en effet récupérer la patate chaude de la fibre et s'attaquer à un dossier autrement plus important que celui du déploiement de la fibre dans les grandes agglomérations : comment étendre la couverture géographique du très haut débit à l'ensemble des Français de façon à ne pas recréer un gouffre numérique entre les villes et les campagnes.