Hausse des coûts de maintenance : SAP sonne la retraite
Crise économique aidant, la hausse des coûts de maintenance de l'éditeur de PGI ne passe pas. Ce sont les clients allemands - base historique de SAP - qui font plier la volonté de la société. Ceux-ci, et leurs voisins autrichiens, pourront conserver en 2009 leur maintenance à 17 %. Alors exception culturelle ou amorce d'une retraite générale en bon ordre ?
C'est sur sa base historique que SAP a rendu les armes dans la bataille qui l'oppose à sa base installée sur les tarifs de maintenance. L'éditeur de PGI a en effet annoncé hier que ses clients allemands et autrichiens seront exemptés de hausse du taux de maintenance en 2009. Ils pourront donc conserver leurs contrats standard (au taux annuel de 17 % du coût de licence), au lieu de passer tout de suite à la nouvelle politique de support, Enterprise Support. Ceux passés au nouveau contrat ont même la possibilité de revenir en arrière, à condition d'en avertir l'éditeur avant le 30 mars prochain. Rappelons que Enterprise Support prévoit, pour la base installée, le passage du taux de maintenance de 17 à 22 % d'ici à 2012. Soit un surcoût d'environ 8 % par an.
Cette brutale hausse des coûts, décidée pendant l'été, a provoqué une vive réaction des clients de l'éditeur partout dans le monde. En France, l'USF (le club des utilisateurs SAP francophones) avait bruyamment protesté. Le sujet avait d'ailleurs été au centre de la convention annuelle de l'association en octobre dernier, Leo Apotheker, le co-Pdg de l'éditeur, étant venu défendre en personne la nouvelle politique du fournisseur. En novembre, suite à des discussions avec le Sugen (un réseau des groupes utilisateurs regroupant notamment les organisations américaine, allemande, anglaise, japonaise, brésilienne, hollandaise et française), SAP avait fait deux premières concessions : l'extension du support de la suite ERP 6.0 - la dernière version en date - jusqu'à 2017, soit un cadeau de deux ans par rapport à la durée initialement prévue, et l'arrivée de nouveaux services au sein du contrat Enterprise Support. Sans toucher toutefois à la hausse des coûts proprement dite.
Au rythme de progression du coût de la main d’œuvre
Ces concessions n'ont visiblement pas suffi aux clients allemands de l'éditeur. Une centaine d'entre eux (Miele, Bahlsen, Villeroy&Boch, etc) se sont regroupés pour protester contre une décision « irresponsable et injustifiée ». Le poids de la base installée d'outre Rhin (20 % du chiffre d'affaires), doublé du contexte de crise qui pousse les DSI à réduire leurs coûts, a visiblement fini par faire plier l'éditeur de Walldorf (Bade-Wurtenberg). Ceux qui choisiront de conserver le contrat Standard actuel - et ils devraient être légion - ne verront ensuite les coûts de maintenance augmenter qu'au rythme de l’indice du coût de la main d’œuvre (LCI, labour cost index). Soit 3,3 % sur un an, selon Eurostat au premier trimestre 2008.
Selon SAP, cette décision s'explique par le contexte législatif de ces deux pays, qui obligerait l'éditeur à annuler le contrat d'origine pour en signer un nouveau. Mais pour Jim Shepherd, vice-président du cabinet AMR Research, ce particularisme législatif apparaît plutôt comme un prétexte saisi par l'éditeur pour calmer le club des utilisateurs allemands, où militent certains des plus vieux clients de la firme de Walldorf.
En France, la hausse se poursuit
L'annonce surprise de l'éditeur a causé la stupeur dans les rangs des utilisateurs français. Ce recul de SAP sur le point central - le coût - ouvre la porte à d'autres concessions du même type partout dans le monde. Car nul doute que cette "exception culturelle" va pousser les autres clubs utilisateurs à réclamer un traitement similaire. Interrogé dans nos colonnes en octobre, Jean Leroux, président de l'USF et DSI d'Aelia, pointait le timing choisi par l'éditeur pour la hausse des coûts de maintenance, qui "arrive à un moment affreux où les gens ont les yeux rivés sur les coûts".
En France, selon Lionel Schwirtz, directeur des ventes de maintenance chez SAP, interrogé récemment par nos confrères de CIO, les clients existants (sous le contrat Standard) ont vu, dans le cadre de l'augmentation progressive du taux de maintenance d'ici à 2012, leur coût passer de 17 à 18,3 %. Contre 17,5 % en calculant une augmentation annuelle basée sur un indice LCI à 3 %.
Sollicité par LeMagIT, l'USF n'a pas souhaité commenter.
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