Alcatel-Lucent : c'est reparti comme après la bulle
Après un plan social, rien de tel... qu'un autre plan social. SI vous avez aimé les 12 500 suppressions d'emplois annoncés par Patricia Russo et Serge Tchuruk en 2007(12 502 suppressions... en comptant Russo et Tchuruk), vous aimerez aussi les 1 000 suppressions additionnelles décrétées par Ben Verwaayen, le nouveau Pdg. Objectif, tenter de maintenir la ligne de flottaison en attendant que le plus fort de la crise soit passé. Bref, pour les salariés d'Alcatel, c'est reparti comme en 2002-2003.
Alcatel-Lucent ne sera pas épargné par la crise. Pour l’année 2009, la firme prévoit un marché des équipements de télécommunications et des services de déploiement qui y sont liés en baisse de 8 % à 12 % à taux de change constant. De quoi faire salement déprimer les salariés du groupe à la veille des fêtes de Noël. Car, comme toutes les entreprises du secteur, Alcatel-Lucent accompagne son analyse d'un tour de vis. Un millier de cadres du groupe devraient prochainement recevoir un petit courrier de la DRH, les invitant à un entretien dont le thème ne sera pas la divulgation de l'augmentation ou de la prime annuelle, mais la mise à la porte. On ne compte plus les plans de licenciements chez Alcatel-Lucent (ni d'ailleurs lorsque les deux entités étaient séparées). Le dernier en date, lancé par Patricia Russo prévoyait de supprimer 12 500 emplois...
1 000 emplois supprimés, 5 000 sous-traitants éliminés
Sans doute pour être en synergie avec Patricia Russo, débarquée récemment du groupe, Ben Verwaayen, le nouveau Pdg, lance lui aussi son plan d'économie. Objectif : réduire les dépenses d'Alcatel-Lucent d'environ 1 Md€ en année pleine (l'amour des financiers pour les chiffres ronds). La mesure se traduira par 1 000 licenciements, mais aussi par une rationalisation de la sous-traitance. 5 000 sous-traitants devraient ainsi faire les frais des mesures décidées par Verwaayen.
Il ne s'agit pas que de faire des économies : selon Verwaayen, son plan stratégique « vise à permettre aux fournisseurs de services, aux entreprises et aux utilisateurs de mieux profiter du Web dans sa forme actuelle et dans ses évolutions à venir, et d’en développer le potentiel de croissance et de revenus ». Plus fort, « l’ambition d’Alcatel-Lucent est de combiner fiabilité des réseaux et créativité du Web (2.0, 3.0 et au-delà) ». Et Alcatel d'ajouter : « l’expérience utilisateur, personnelle comme professionnelle, sera améliorée et aboutira à une plus grande création de valeur pour chaque acteur de l’industrie » - excepté pour les 1 000 salariés et 5 000 sous-traitant victimes du plan...
Recentrage sur les technologies optique, IP et mobile haut débit
Plus sérieusement, la réorganisation devrait avoir des conséquences sur le portefeuille produit d'Alcatel-Lucent, avec notamment la « rationalisation » de l'offre CDMA (la technologie historique de téléphonie mobile aux US) et de l'offre GSM, mais aussi la refonte de l'offre ATM et ADSL (sur ce dernier secteur Alcatel-Lucent, qui était n°1 mondial avant la fusion, a subi la concurrence frontale des équipementiers chinois et de leurs équipements IP/DSL).
Alors que son grand concurrent Nortel est au bord du précipice, Alcatel entend en revanche se renforcer dans le domaine du transport optique, de l'IP, de l'accès à très haut débit et des coeurs de réseaux IMS (IP Multimedia Subsystem, standard de plateforme de services multimédias pour opérateurs). Il prévoit aussi d'augmenter ses investissements dans la 3G et dans ses évolutions, notamment LTE. Enfin, la firme entend nouer des partenariats dans le WiMax et les terminaux d'abonnés, ainsi que participer à la consolidation de l'industrie dans les réseaux fixes de nouvelle génération (non IMS) et dans le coeur de réseau traditionnel. Rien de bien neuf, mais des mouvements somme toute logiques au vu de l'évolution des dépenses des opérateurs fixes et mobiles.
Officiellement, Alcatel-Lucent vise l'équilibre opérationnel pour 2009 et espère une marge d’exploitation comprise entre 4 et 6 % pour 2010. Ben Verwaayen le promet :« nos priorités sont aujourd’hui les résultats et le retour à la rentabilité financière. Je sais que nous avons maintenant la stratégie et les atouts pour réussir ». Puisqu'il le dit...