Baisse des ventes de PC, lourde chute du marché des semi-conducteurs
Historique : le marché des semi-conducteurs connaîtra deux années de forte chute, poussé au fond du trou par le recul des ventes de PC mais également de téléphones mobiles. Un indicateur fort de la morosité qui devrait s’emparer des fournisseurs de matériel informatique dans les prochains mois. En France, STMicro - qui résiste pourtant bien - imposera le chômage partiel à une partie de ses salariés en début d’année.
Les prédictions pour 2009 continuent de tomber dru pour l’ensemble du secteur « matériel informatique et électronique », et plutôt pour le pire. Cette semaine, c’est l’activité des semi-conducteurs qui est touchée de plein fouet. 2009 devrait être la seconde année consécutive de recul des ventes. Du jamais vu sur un segment qui constitue l’un des indicateurs phares de la santé du marché de l'informatique, au moins côté infrastructure matérielle.
Selon Gartner, le CA total de ce marché en 2009 devrait se monter à 219,2 milliards de dollars, soit une chute de 16,3 % par rapport à 2008, après un recul de 4,4 % par rapport à 2007. Surtout le cabinet d’études ne semble pas certain que la chute annoncée ne soit pas encore plus rude. Il y a à peine un mois, Gartner tablait encore sur un « léger » recul de 2,2% entre 2008 et 2009. Mais les signaux alarmants en provenance de l’industrie et, surtout, un trimestre en cours catastrophique pour clore 2008 l’on conduit à revoir ses projections.
Repos forcé chez STMicro
Selon une autre étude, conduite cette fois par KPMG en association avec la SIA - Semiconductor Industry Association –, les grands patrons du secteur pensent, pour plus de la moitié d’entre eux, que leurs revenus vont décliner voir même chuter lourdement dans les mois qui viennent.
En France, STMicroelectronics résiste plutôt bien selon Gartner. Le fabricant de composants gagne une place et intégrera le top 5 en 2008 avec un CA de 9,6 milliards de dollars, en recul de 3,2 %. Dans le top 5 justement, seul le leader Intel fait mieux avec une croissance de 1,1 %. Il n’empêche, après avoir imposé des périodes de congé sur la fin 2008, STMicroélectronics France prévoit de recourir au chômage partiel pour le début 2009 sur son site de Tours. Dans ses différentes communications au comité d’entreprise, la direction se déclare très inquiète, invoquant notamment un 4ème trimestre catastrophique. La direction du groupe, dont l’Etat français est l’un des actionnaires de référence, au niveau mondial avait récemment demandé que des congés soient pris sur le premier trimestre 2009. A Tours, cela s’est transformé en chômage « partiel partiel » avec 25 % des 1 000 salariés de l’unité de production absents de manière tournante chaque semaine pendant trois mois. Une mesure d’autant plus critiquée par les syndicats qu’ils redoutent que la crise soit surtout le prétexte à un plan plus vaste de restructuration conduisant à des licenciements.
Les semi-conducteurs dépendants de marchés en recul
Si l’on prend uniquement les processeurs – segment plus particulièrement observé dans une autre étude par iSuppli –, la baisse devrait être de 9,9 % en 2009, à 91,2 milliards de dollars. Le cabinet d’études estime que le coup de frein, tant sur le marché des PC que sur celui des téléphones mobiles, est à l’origine de la récession.
Pour 2009, iSuppli prévoit un recul du marché PC de l’ordre de 5% - chiffre également annoncé par Gartner ou IDC – et un déclin encore plus fort - à -14% - des téléphones mobiles de première et deuxième génération. Seul segment à progresser l’an prochain selon iSuppli : les ordinateurs portables. Mais la croissance attendue il y a quelques semaines encore, aux alentours de 25 %, ne devrait finalement atteindre que 15 % pour ce segment porté par l’émergence cette année des Netbook, ces ordinateurs portables à bas coûts… et donc à plus faible marge pour les équipementiers.
Jusqu’à présent, la pire année sur le marché des semi-conducteurs avait été enregistrée en 2001, au moment de l’explosion de la bulle Internet. Le monde IT constituait alors le cœur de crise et la chute avait été sévère, avec une baisse de revenu de 32,5 %. Mais ce recul venait après deux années florissantes avec des croissances successives de 22 % et 34 % pour 1999 et 2000.
Rien de tel en 2009. Même si l’industrie peut espérer un rebond en 2010, année pour laquelle Gartner prévoit une croissance de 14,6 % à 251,2 milliards de dollars. 2011 devrait également être positif avec une croissance attendue à 9,4%.