L’état du monde IT : netbooks, le low-cost entraîne l’industrie du PC
Il devrait finalement s'en vendre 14 millions en 2008 alors qu’ils n’existaient pas, commercialement parlant, en 2007. Ce sont les netbooks, ces ultra-portables à bas coût qui bousculent déjà le marché de l’ordinateur personnel. Un succès que les analystes voient se confirmer dans les années prochaines, quitte à entrainer les constructeurs dans une spirale déflationniste.
Ils devaient faire un tabac dans les pays émergents ; c’est en Europe qu’ils cartonnent. Sur le vieux continent, le succès des netbooks, ces ultra-portables low-cost connectés, est tel qu’il soutient la croissance d’un marché de l’ordinateur personnel que la crise aurait, sinon, frappé de plein fouet. En 2012, il devrait se vendre 50 millions de netbooks à travers le monde.
Ce succès, les netbooks le doivent, notamment et tout particulièrement en France, à l’engouement des opérateurs de téléphonie mobile, SFR tout d’abord, puis Orange et Bouygues Telecom, et même le revendeur spécialisé The Phone House. Pour les opérateurs, le marché des netbooks est l’occasion de faire décoller celui de la data mobile et, par la même, de faire émerger une nouvelle source de revenus, à l’heure où ceux de la voix sont appelés à se tasser. Du coup, les opérateurs n’hésitent pas à employer la bonne vieille recette de la subvention du terminal.
Destruction de valeur ?
Mais voilà, le succès des netbooks n’est-il pas en train de tirer vers le bas le marché de l’informatique personnelle nomade ? Face caméra, tout le monde se félicite de cette aubaine qui fait grossir le marché – les netbooks arrivent en second voire en troisième équipement – mais, hors micro, certains se font l’écho des inquiétudes que suscite ce succès car la menace est claire : c’est celle de la cannibalisation du marché des portables traditionnels et, avec elle, de l’effondrement des marges. Et si même les analystes ne l’évoquent encore que marginalement, la pression sur les prix des portables classiques serait déjà là. A ce risque économique, certains n’hésitent pas à ajouter le risque environnemental que représentent des machines à la durée de vie potentiellement plus courte que celle des portables classiques et qui n'offrent quasiment aucune perspective de réutilisation.
Reste qu'aucun constructeur ne semble avoir les moyens de s’offrir le luxe de passer à côté du marché des ultra-portables low-cost. AMD, qui a laissé Intel dominer le marché du côté des composants, prépare son offre pour 2009, de même que Via et Nvidia. ARM met en avant son architecture Cortex. Parti seul avec son EeePC, fin 2007/début 2008, Asus s’est vu rattraper par Acer, Dell, HP, Lenovo, MSI, Samsung… Mêmes des acteurs improbables, tels que Hercules, se sont lancés dans l’aventure. C’est clair : chacun veut sa part. Seuls Apple et Sony se tiennent encore à l'écart de ce mouvement de masse. Mais jusqu’à quand ?
La guerre des OS
L’émergence du segment de marché des netbooks a en outre réveillé l’affrontement entre Linux et Windows, mais aussi Mac OS X. Les premiers netbooks étaient équipés de distributions Linux taillées sur mesure, simplifiées à l’extrême. Sentant la menace, Microsoft n’a pas manqué de réagir, cassant les prix sur les licences Windows XP pour revenir en force. Au point que les netbooks livrés sous Linux font aujourd’hui figure d’exception. Mais cette victoire à la Pirrhus de Windows XP (Elle se fait au détriment de Vista), justifiée, selon les constructeurs, par la demande de consommateurs prisonniers de leurs habitudes, pourrait n’être que de courte durée.
Avec son IdeaPad S10e, Lenovo inaugure l’ère des netbooks à l’OS ultraléger, au démarrage ultrarapide, et concentré sur les usages de base : communication, surf, multimédia. Good OS travaille de son côté à un Linux allégé, orienté Cloud Computing, conçu pour les netbooks.
Même sans la bénédiction d’Apple, Mac OS X fait son entrée sur le marché des netbooks, par la fenêtre, avec l’aide de passionnés et même de fabricants de composants. La machine de choix pour faire fonctionner les versions "customisées" de Mac OS X sur un netbook ? Le Wind, de MSI.
Montée en gamme
Alors qu’il n’est vieux que d’un an, le marché des netbooks a déjà amorcé sa montée en gamme. Alors que les premiers modèles ne disposaient que d’écrans de 7 pouces de diagonale, il est courant aujourd'hui de disposer d'écrans de 9 ou 10 pouces, et certains parient sur des dalles de 11 ou 12 pouces en 2009. Au point que certains analystes ne savent déjà plus où placer la limite avec les ultra-portables classiques.
Conséquence de l’orientation très nomade des netbooks, les modèles intégrant une interface 3G/3G+ pourraient se multiplier, démocratisant la connexion à Internet mobile. Enfin, l’intégration de nouveaux composants, notamment pour la partie graphique, devrait doper les performances d’ordinateurs à bas coût de plus en plus susceptibles de menacer les ultra-portables traditionnels.
Pour aller plus loin :
- Quel avenir pour le marché des netbooks ?
- Les netbooks démocratisent la connexion 3G/3G+
- Ultra-portable : Orange riposte enfin à SFR
- L’industrie du PC a peur du portable « low cost »
- Subvention des portables low cost : « une pression concurrentielle plus forte »
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- Portables « low cost », un nouveau cauchemar environnemental ?
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