Les budgets publics vont résister à la crise, mais pas sauver l'IT

L'année 2009 sera bonne dans le secteur public, où les budgets progresseront globalement de 2,5 % selon le cabinet d'études Markess. Un crû honorable - qui viendra compenser en partie la faiblesse d'autres secteurs -, mais pas exceptionnel.

Comme lors de la crise qui avait suivi l'éclatement de la bulle Internet, les SSII de la place pourront compter sur un secteur qui résistera à la tornade : le public. Avec un bémol toutefois. En effet, selon une étude de Markess, la croissance des budgets informatiques (logiciels, services, matériels et dépenses de personnel) de ce secteur se poursuivra en 2009, mais seulement à un rythme de 2,5 %. A comparer aux 6,5 % enregistrés en 2008. Ce coup de frein provient pour partie des collectivités qui limiteront la croissance de leurs budgets à 3 % (contre 8 % en 2008), mais surtout des organismes sous tutelle de l'Etat ou rattachés. Ces derniers verront leurs dépenses en IT décroître de 1 % en 2009, contre une croissance de 4 % en 2009. "Ce retournement s'explique notamment par un certain nombre de situations, comme des fusions entre organismes, mais aussi par une contraction de certaines subventions en provenance de la tutelle", explique Aurélie Courtaudon, chargée d'études chez Markess.

L'administration centrale garde le rythme

En revanche, la croissance des dépenses des ministères - déjà soutenue en 2008 - se poursuivra au même rythme l'année prochaine. Soit 6 %. Une marche forcée que Markess explique notamment par les projets impulsés par la révision générale des politiques publiques (RGPP).

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Signalons, à titre d'exemple, le gigantesque chantier consistant à fusionner les moyens informatiques de la gendarmerie et de la police, une opération qui concerne à elle seul plusieurs milliers d'informaticiens. Autre gros dévoreur de budget : Chorus, le progiciel de gestion financière de l'Etat. Avec, dans le courant de l'année prochaine, la passation des plus importants marchés relatifs au déploiement du PGI. Un chantier évalué à lui seul à 150 voire 200 millions d'euros. Markess note encore qu'une part significative des organisations publiques (10 %) envisage un recours accru (hausse de plus de 10 %) à l'externalisation, notamment à l'hébergement et l'infogérance. Là aussi, dans un certain nombre de cas, une conséquence de la RGPP.

Besoin renforcé de contrôles des prestataires

Autant de chantiers dispendieux qui appellent un contrôle rigoureux des dépenses et des engagements pris par les prestataires retenus par les administrations. Fin novembre, une polémique était née suite à une discussion à l'Assemblée nationale sur le coût global des projets Copernic (gestion des recettes) et Chorus (gestion des dépenses). Respectivement, ces deux projets coûteront au global 1,8 milliard d'euros et 1,1 milliard. Enveloppe qu'il faut abonder d'environ 300 millions pour Accord Palier 2006, le progiciel intermédiaire qui assume pour l'instant l'essentiel des fonctions dévolues à Chorus.

Aujourd'hui, au Royaume-Uni, un organisme spécialisé dans l'audit des comptes publics pointe du doigt les dépenses non justifiées de l'administration britannique. 290 millions de livres au total, sur une enveloppe des commandes publiques de 12 milliards (qui inclut aussi bien l'IT, que la sécurité, la restauration ou le nettoyage). A l'origine de ces dérives, le contrôle défaillant des prestataires par l'administration, pointe le National Audit Office. Qui cite parmi les principaux points noirs un contrat IT de l'administration avec Accenture, qui s'est soldé par un surcoût de 37 millions.

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