Salaires en 2009 : le père Noël sera chiche avec les informaticiens
Discussions collectives au point mort ou repoussées, salaires moyens stagnants, craintes sur la croissance des dépenses IT : la rémunération des informaticiens en France ne devrait pas être à la fête en 2009. Et les représentants du personnel commencent à évoquer des risques de tensions pour le 1er trimestre.
2009 risque d’être chaud côté salaires dans les SSII. Les mouvements sociaux du printemps dernier – une première à cette échelle dans le secteur – n’ont rien donné et depuis, la crise est passée par là. Du coup, dans nombre de société de services les représentants des salariés pointent du doigt les atermoiements, voire les blocages de directions porteuses la plupart du temps de bonnes nouvelles concernant les résultats de 2008, mais aussi de fortes craintes et d’incertitudes pour l’année à venir.
Et peu d’informaticiens se font d’illusions, comme le montrent tant notre enquête publiée en juin dernier que les résultats préliminaires de notre sondage flash (voir notre homepage). Même si ce dernier ne cible pas spécialialement les salariés des SSII. Au total, près de 75 % des personnes ayant déjà répondu estiment que leur rémunération est soit gelée, soit appelée à baisser si l’on y inclut les parts variables. Alors même que le salaire moyen de la profession a stagné en 2008, année pourtant florissante.
Chez Atos, Breton bloque les négociations
Chez Atos, le risque de fort ralentissement n’est pas réellement en cause pour l’heure. C’est plutôt l’arrivée de Thierry Breton qui – très officiellement – a bloqué les discussions salariales, au moins au niveau de la NAO (la négociation collective annuelle). Si certaines branches de la société avaient déjà fait un bout de chemin, elles devront attendre le 9 janvier pour reprendre les discussions. Mais, pour Marie-Christine Lebert de la CFDT « ça va être compliqué, même là où ça va bien, avec la crise et surtout avec un Thierry Breton qui a surtout l’air concentré sur les objectifs financiers fixés par les actionnaires ».
Les choses n’avancent pas beaucoup plus vite chez IBM, au cœur des mécontentements ayant entraîné une série d’actions historiques au printemps. La question des salaires y est toujours en suspens. Mi juillet, la direction a fait une proposition... rejetée par des syndicats qui souhaitent toujours une gestion plus collective des augmentations. Mais, à la rentrée, le soufflet est retombé et l’unanimité syndicale est, semble-t-il, plus difficile à trouver, sur fond de réforme à venir des règles de représentativité. Reste que, selon Jean-Michel Daire, délégué syndical CFDT chez IBM France, « le mécontentement demeure énorme même si rien ne bouge ». Et même si, officiellement, « aucun discours spécifique lié à la crise n’est produit par la direction, l’heure est plutôt aux petites restrictions, par exemple sur les transports professionnels ».
Steria : restrictions sur les embauches
Chez Steria, blocage encore et toujours. Mais qui ne doit rien à la crise si l’on en croit les syndicats. Du moins officiellement. « Notre cas est particulier car, pour ce qui est de Steria France, il faut déjà gérer le départ de François Mazon, parti sur un constat d’échec, et l’arrivée récente d’Olivier Vallet », explique ainsi Philippe Mercadier de Sud Steria. Signe encourageant – même si les salariés ne semblent pas se faire d’illusion – « la nouvelle direction se dit prête à rediscuter salaires dès le début de l’année 2009 ». D’après les syndicats, depuis 2000, seul 60 % des effectifs a reçu une augmentation. Et la stratégie qui s’annonce pour Steria France n’augure pas de grands bouleversements à ce niveau. « Il devrait y avoir un recentrage sur les clients les plus importants et, surtout, on pense qu’il va y avoir une forte restriction d’embauche sur 2009, notamment sur Toulouse », explique Philippe Mercadier. Or, dans un secteur où, quand l'activité est florissante, les profils s’arrachent, ce sont généralement les embauches qui tirent vers le haut l’ensemble de la grille salariale.
Jusqu’à présent les chiffres annoncés par le Syntec pour 2009 font état d’un ralentissement et non pas d’un effondrement du marché. Mais les choses semblent s’être accélérées au cours du 4ème trimestre 2008 et, dans ce contexte, le 1er trimestre fournira sans doute un bon indicateur. Des investissements IT fortement orientés à la baisse affecteraient rapidement les SSII. Et comme leur modèle économique repose pour l’essentiel sur l'ajustement de leur masse salariale...