Satyam se donne du temps pour chercher une sortie de crise
Exclu des marchés de la Banque Mondiale pour huit ans et visé par une enquête officielle portant sur d’éventuels conflits d’intérêts, Satyam doit faire face à la défection l’un des membres de son conseil d’administration. Conseil dont la réunion a été repoussée au 10 janvier.
Alors que le gouvernement indien vient de lancer une enquête sur les pratiques de gouvernance de Satyam – à la suite d’une tentative avortée de rachat d’entreprises de BTP laissant planer des soupçons de conflit d’intérêts –, Satyam cherche à retrouver les voies de stabilité, des voies qui semblent passer par une recomposition de l'actionnariat et du conseil d'administration.
Exclue des marchés de la Banque Mondiale pour 8 ans, la SSII indienne a demandé ce jeudi 25 décembre des excuses à l’institution, pour « propos publics inappropriés. » Il faut dire que, chez Satyam, on doit clairement préférer laver son linge sale en famille : comme un porte-parole européen de la SSII nous l’a rappelé par téléphone mercredi dernier, la tradition locale est « de ne pas commenter les affaires relevant d’un client en particulier. » Reste que, loin de se laisser impressionner, la Banque Mondiale a choisi de maintenir ses affirmations.
Mais si la direction de Satyam est ainsi sortie de sa réserve, c’est que les déclarations de l’institution internationale tombent au plus mauvais moment : peu après que la direction de la SSII ait proposé 1,6 Md$ pour racheter des entreprises de BTP… à des membres de sa famille ; une offre aussitôt retirée sous la pression des investisseurs institutionnels mais qui vaut tout de même à Satyam une enquête très officielle.
Surtout, cette affaire commence à connaître ses premiers rebondissements. La membre du conseil d’administration de Satyam Mangalam Srinivasan vient ainsi de donner sa démission, évoquant une « responsabilité morale », à la suite des débats relatifs au projet de rachat. Dr Mangalam Srinivasan siégeait au conseil d’administration de Satyam depuis 1991.
C’est dans ce contexte assez lourd que la réunion du conseil d’administration de la SSII, initialement programmée pour ce 29 décembre, a été repoussée au 10 janvier prochain. Officiellement, il ne s’agit que de s’assurer de la capacité de chacun des membres du conseil à être physiquement présent. Cette réunion doit notamment permettre de finaliser un projet de rachats d’actions, dont le cours a été largement malmené en bourse ces dernières semaines, afin, notamment, de protéger la SSII de prédateurs éventuels. La banque d’investissement Merrill Lynch doit participer à l’élaboration du projet.
Mais cette réunion doit aussi permettre de réviser la gouvernance de Satyam, voire même la composition de son conseil d’administration et la dilution de la part du fondateur de la SSII, Ramalinga Raju, au cœur des interrogation sur la diversification envisagée dans le BTP.
[Trois nouveaux membres du conseil d'administration de Satyam en ont donné leur démission]