Délocalisation et licenciements en masse chez Dell et Lenovo
La machine à broyer du salarié semble désormais en marche dans l’ensemble du secteur IT, avec les annonces de suppressions de poste chez Lenovo et Dell. La décision du Texan concerne cette fois l’Irlande et met à mal l’ensemble de l’économie de l’île. Faute d’avoir trouvé preneur pour ses usines, Dell délocalise massivement en Pologne.
Nouvel effet de la crise côté fournisseur avec la décision de Dell – numéro deux mondial du marché PC – de redéployer sa production européenne de machines vers des contrées aux coûts de main d’œuvre moins importants. Un coup de tonnerre dans l’économie irlandaise, le Texan s’avérant être le plus important des exportateurs du pays, représentant quelque 5 % du PIB irlandais (!). Ce sont 1 900 postes qui sont ainsi supprimés sur les 3 000 implantés sur l’île. Le site de Limerick sera fermé et la production délocalisée à Lodz, en Pologne, ou confiée à des sous-traitants.
Cette nouvelle vague de suppressions de poste est partie prenante de la restructuration au long cours engagée en mars 2008 par Dell. Ce dernier avait déjà supprimé 8 000 postes dans le monde et prévoit au final d’économiser près de 3 milliards de dollars annuels.
En septembre, le Wall Street Journal faisait état du souhait de Dell de céder son parc d’usines. Depuis les craintes de récession se sont confirmées sans qu'aucune solution satisfaisante n'ait manifestement été trouvée par le constructeur.
Lenovo plombé par... le marché chinois
Mal en point le texan n’est pas le seul à voir la crise lui tomber dessus. Lenovo - 4ème fabricant mondial - vient également d’annoncer la suppression de 2 500 postes – 11 % de l’effectif total du constructeur chinois - pour tenter d’économiser 300 millions de dollars sur l'année fiscale 2009-2010, qui débutera en avril. Le groupe – acquéreur en 2005 de la division PC d’IBM - déplore un ralentissement fort de ses ventes notamment – c’est une nouveauté et une surprise – sur le marché chinois. Du coup, le résultat net sur le 4ème trimestre fiscal du constructeur devrait être négatif, après avoir subi un fort ralentissement lors des trimestres précédents.
Seuls les constructeurs ayant massivement parié sur les portables ou mieux sur le marché émergent des netbooks pourraient s’en sortir à moindre mal.
Tout à la réorganisation de sa division services liée au rachat au printemps d’EDS, HP n’a - pour l’heure – donné aucun signe de réduction de ses effectifs côté PC. Le groupe californien est cependant déjà en train de se séparer de 24 600 salariés dans le monde, principalement issus d’EDS.
En amont, jeu de massacre dans les semi-conducteurs
C’est donc le ralentissement du marché PC qui atteint de plein fouet les constructeurs. Ils ne sont cependant pas les seuls dans la nasse et, plus en amont, les fondeurs font également face à de nombreuses difficultés. AMD vient de procéder à de nouveaux licenciements et Intel de lancer une nouvelle alerte sur ses futurs résultats. A 8,2 milliards de dollars - contre une précédente estimation à 9 milliards donnée mi-novembre seulement -, le chiffre d’affaires du 4ème trimestre devrait chuter de 20 % par rapport au trimestre précédent, et de 23 % sur un an.
Dans les semi-conducteurs, 2009 devrait être la seconde année consécutive de recul des ventes. Du jamais vu sur un segment qui constitue l’un des indicateurs phares de la santé du marché de l'informatique, au moins côté infrastructure matérielle. Selon Gartner, le CA total de ce marché en 2009 devrait se monter à 219,2 milliards de dollars, soit une chute de 16,3 % par rapport à 2008, après un recul de 4,4 % l'année dernière.
Rumeurs chez Microsoft et IBM
Pour le secteur IT dans son ensemble, le pire est cependant peut être à venir. Des rumeurs récurrentes, et particulièrement précises, font état de plans massifs de licenciements à l’étude chez Microsoft et IBM, deux mastodontes de l’IT mondial. L’éditeur supprimeraient de 9 000 à 15 000 postes, soit de 10 à 15 % de ses effectifs tandis que Big Blue travaillerait sur une réduction portant sur 16 000 postes dans le monde, soit 4 % de son effectif total. Si ces informations, émanant de salariés des deux groupes, venaient à se confirmer, leurs annonces pourraient – toujours selon la rumeur – survenir dans la période de publication des résultats trimestriels, à la fin du mois de janvier.