WiMax : Nokia jette l'éponge et la situation se complique en France
L'abandon de la technologie WiMax Mobile par Nokia est symptomatique des difficultés que rencontre la technologie à décoller dans le monde. En France, les déploiements tardent à se concrétiser et la situation pourrait encore se compliquer avec le lancement des premières consultations sur la 4G. Faut-il se préparer à un enterrement de la technologie ?
La situation se complique encore un peu plus pour les opérateurs WiMax avec le désengagement de Nokia de la technologie sans-fil qu'Intel présentait encore il y a quelques années comme une alternative à la 3G et une candidate à la 4G. L'équipementier finlandais, qui avait innové l'an passé en lançant une version WiMax de sa tablette Internet N810 a finalement décidé de jeter l'éponge et de se concentrer pour l'avenir sur la 3G et ses évolutions, en l'occurrence LTE (Long Term Evolution).
La décision de Nokia prive les opérateurs WiMax d'un des rares terminaux spécifiquement développé pour la technologie de transmission sans-fil. Pire, si le chipset Centrino 2 d'Intel dispose d'une puce WiMax, cette dernière est optionnelle et n'a, jusqu'à ce jour, pas été utilisée dans un portable en Europe de l'Ouest. Non qu'en France cela soit une catastrophe, mais malgré les promesses répétées des opérateurs titulaires de licences WiMax comme Bolloré, il n'existe à ce jour aucun réseau commercial WiMax Mobile opérationnel. La situation a d'ailleurs été pointée du doigt par l'Arcep en septembre dernier. Selon le bilan de l'autorité des télécoms, seuls trois opérateurs WiMax sur dix-neuf respectaient leurs obligations à la fin de l'été, ce qui a amené l'Arcep à placer sous surveillance les seize autres.
Vers un enterrement de la technologie en France
Cinq mois plus tard rien n'indique que la situation ait progressé : Une simple visite sur la page de Bolloré Télécom, par exemple, n'indique toujours aucune offre commerciale de la part du plus ambitieux des promoteurs de la technologie en France. Dans les zones urbaines denses, les déploiements sont au point mort du fait de la faible compétitivité du WiMax par rapport à l'ADSL (pour ce qui est des usages fixes). Dans les zones peu denses, ils s'effectuent au ralenti pour les habituelles raisons économiques. Surtout la montée en puissance des technologies et de la couverture 3G en France, constituent une redoutable concurrence en permettant aux opérateurs mobiles en place d'offrir des débits mobiles acceptables à un coût de plus en plus abordable, asséchant ainsi une large partie du marché supposé du WiMax mobile.
La situation ne devrait pas s'arranger dans les mois à venir, car la fenêtre de tir pour WiMax se réduit de jour en jour. Poussée par les opérateurs télécoms et par l'essentiels des équipementiers télécoms historiques, LTE promet des débits mobiles de l'ordre de 100 Mbit/s à l'horizon 2011-2012, tout en restant compatible avec les technologies 3G en place dans les réseaux des opérateurs. Et l'accélération du calendrier du haut débit mobile avec la demande par François Fillon d'une consultation sur le sujet dès le premier trimestre pourrait constituer le dernier clou dans le cercueil du WiMax Mobile. Ce ne serait que le second enterrement pour les technologies de boucle locale radio en France, après le premier fiasco de la BLR au début des années 2000. A moins que le gouvernement n'ait dans l'idée d'autoriser à terme la réutilisation des fréquences 3,5 GHz en technologie LTE, ce qui ferait de Free et de Bolloré des titulaires instantanés de licences de téléphonie mobile 4G...
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