Les développeurs Open Source séduits par le Cloud Computing, même fermé
Attirés par la flexibilité et les coûts amoindris du Cloud Computing, les développeurs Open Source considèrent de plus en plus l'utilisation du nuage pour leurs applications. Même si, finalement, les infrastructures qui motorisent le nuage ne sont pas ouvertes. Loin s'en faut.
Alors que 40 % des développeurs Open Source promettent de connecter leur projet à des services dans le nuage dans les années à venir (comme l'explique une récente étude d'Evans Data, qui montrait aussi le virage vers le Saas), peu d'infrastructure de Cloud Computing sont pour l'heure véritablement ouvertes. Alors, reniement de l'idéal Open Source ? En tout cas, le danger est bel et bien là.
Avec les coûts qui s'ensuivent pour passer d'une plate-forme à l'autre.En effet, rien n'indique aujourd'hui que le code source des infrastructures de Cloud sera un jour disponible, avec des possibilités des modifications pour en faire évoluer les développements. Rien ne garantit davantage que les données placées sur la plate-forme de Cloud ne soient pas emprisonnées dans une technologie propriétaire.
« Un problème pour toute la mouvance Open Source »
Cedric Thomas, CEO du consortium OW2, spécialisé dans le middleware Open Source, confirme : le Cloud soulève « un problème à l'ensemble de toute la mouvance Open Source ». Selon lui, si on connait bien le système de redistribution de code source d'un logiciel, on ne sait pas ce que signifie la notion de service ouvert, explique-t-il. Autrement dit, la licence GPL ne connaît pas d'équivalent dans les infrastructures en nuage.
Pourtant, le problème avait été soulevé en novembre 2007 par la FSF (Free Software Foundation) qui, comprenant que la GPL encadrait des applications à usage privé – et non distribuées sur le réseau -, a créé officiellement Affero General Public License (AGPL). Une licence Open Source déclinée de la GPL qui étend les fondamentaux de cette dernière aux applications Saas. Si une application est régie par AGPL, son fournisseur doit fournir son code source.
Même si elle se limite aux applications Saas, et non aux infrastructures Cloud, la problématique qui relie Open Source et modèle distribué a le mérite d'être posé. Mais ne constitue toutefois qu'une première étape, avant que ne soit précisés les prérequis d'une infrastructure Cloud ouverte, autrement dit ne mettant pas d'obstacle sur la route de clients cherchant à relier leurs environnements hébergés à d'autres plates-formes ou cherchant à changer de prestataire.
Une première initiative... embryonnaire
Cedric Thomas soulève également le problème de l'appartenance de données, qui, si elles sont chargées dans un cloud, appartiennent à l'éditeur de cette infrastructure. Selon Evans Data, 28 % des développeurs lorgnent vers Google App Engine et 15 % vers Amazon. Suivent IBM, Microsoft (Azure) et enfin Salesforce (Force.com), ces deux derniers misant historiquement sur le propriétaire. C'est dire l'enjeu.
Face à ce vide conceptuel, une première tentative de réponse a été apportée par l'Open Cloud Consortium (OCC), une (très) jeune organisation dont le but est de promouvoir les standards et l'Open Source dans les infrastructures en nuage. Leur action: favoriser l'interopérabilité des infrastructures, entre centres de calcul et réseaux étendus. Et ce sans avoir à « reformater » l'application et les données. Reste que pour l'heure, l'OCC compte surtout parmi ses membres des universités américaines... et une unique entreprise privée d'envergure, Cisco.
[Lire notre dossier sur l'étendue de l'offre du Cloud Computing]
Maxime Gaillard, gérant de StartX, intégrateur qui utilise les services d'Amazon, reste sceptique quant à une forme d'interopérabilité du Cloud Computing. « Même si les infrastructures de Cloud sont interopérables et Open Source, elles sont par nature différentes, explique-t-il très pragmatique, Google App Engine porte sur l'hébergement d'application, Amazon se comporte davantage comme un OS ». Il admet toutefois que ce manque de standardisation pose un véritable souci dans la continuité de service : « Si Amazon ferme, j'arrête tout », raconte-t-il, soulignant ainsi le verrouillage d'un écosystème sur la technologie d'un vendeur.