Citrix veut industrialiser l’administration du poste de travail par la virtualisation
Simplifier l’administration des postes de travail, réduire les coûts associés, tracer une ligne précise entre ce qui relève de la responsabilité des salariés et ce qui relève de celle de l’entreprise… Ce sont quelques unes des promesses de la virtualisation du poste de travail. Des promesses que Citrix entend bien réussir à concrétiser d’ici la fin 2009, avec l’aide d’Intel.
Enfin. Citrix et Intel viennent de s’associer pour développer, ensemble, une solution complète de distribution, d’administration et d’exécution de machines virtuelles sur le poste client, via un hyperviseur de type 1 – à savoir, exécuté sans le support d’un système d’exploitation hôte. Ce dernier sera basé sur Xen. La collaboration avec Intel doit notamment apporter l’optimisation de la solution pour la technologie d’administration vPro du fondeur.
L’héritage de la virtualisation côté serveurs
Concrètement, comme sur les serveurs, il s’agit d’installer un hyperviseur sur le disque dur du poste client, hyperviseur lancé au démarrage de la machine et chargé de démarrer une première machine virtuelle, puis une seconde, voire une troisième, etc.
Guillaume Le Tyrant, responsable marketing produits chez Citrix, pour l’Europe du Sud, en précise les avantages : « dans le modèle traditionnel, l’hyperviseur est bridé par les limites du système d’exploitation ; l’hyperviseur reste une application à déployer, maintenir, et patcher ; les performances effectives des machines virtuelles sont limitées par le fait qu’elles s’exécutent dans un hyperviseur qui lui-même s’exécute dans le système hôte. » Un véritable mille-feuilles où les performances se dégradent à chaque niveau. Voilà pour les concepts de base.
Virtualisation synchrone et asynchrone
Mais installer un hyperviseur de type 1 sur un poste client n’est pas aussi simple que sur un serveur. « Autant le datacenter est à peu près normalisé, autant sur les postes de travail, différents processeurs, différentes générations, différents constructeurs cohabitent… la base est beaucoup plus diversifiée », explique Guillaume Le Tyrant. Surtout, sur un serveur, « c’est de la puissance de calcul. » Sur le poste de travail, il faut gérer des choses comme la carte graphique, un composant pour lequel la virtualisation n’est pas encore complètement maîtrisée, notamment dans les hyperviseurs de type 2, ceux qui s’exécutent dans le système d’exploitation du poste de travail. Et il y a les ports USB : « lorsqu'on branche un périphérique, à quelle machine virtuelle doit-il être affecté ? » Autant de points qui doivent être réglés et qui justifient l’association de spécialistes des processeurs graphiques au projet Xen Client Initiative, un projet Open Source visant à adapter Xen aux postes clients. Sans compter que, pour Guillaume Le Tyrant, il faut que l’on puisse, par exemple, afficher dans l’environnement d’une machine virtuelle, les fenêtres d’applications s’exécutant dans la seconde, à la manière de ce à quoi VMware Fusion et Parallels Desktop ont habitué les utilisateurs de Mac.
La solution à laquelle travaillent Citrix et Intel doit en outre se distinguer par sa capacité à fonctionner aussi bien en mode connecté que déconnecté. Une capacité présente à l’état de bêta dans VMware View 3. Le partenariat avec Intel vise à optimiser, au mieux, les performances mais, surtout, à profiter des fonctions vPro des processeurs du fondeur pour simplifier l’administration des postes de travail et de l’image virtuelle de l’entreprise (renfermant l'environnement logiciel de travail de ses collaborateurs). Citrix est en revanche muet, pour l’heure, sur les questions pratiques de sécurisation des données de l’image virtuelle de l’entreprise, qu’il s’agisse de leur chiffrement ou de l’exploitation des puces TPM des cartes mères.
La solution développée conjointement par Citrix et Intel doit être disponible dans le courant du second semestre 2009 ; elle s’appuiera notamment sur les fruits de la Xen Client Initiative.
Vers un nouveau rapport au poste de travail
Au-delà des considérations techniques, c’est un nouveau rapport au poste de travail qui se dessine, tant du point de vue de l’entreprise que de celui des collaborateurs. Une évolution que nous avions déjà pu entrevoir, en mai dernier, lors d’entretiens réalisés à l’occasion du Gartner Symposium de Barcelone : les collaborateurs pourraient se voir allouer une certaine somme en vue d’acheter leur propre poste de travail ; poste dont ils seraient propriétaires et responsables, l’entreprise se contentant de fournir l’hyperviseur et l’environnement de travail virtuel.
Pour Guillaume Le Tyrant, les avantages à cette évolution sont nombreux : la compatibilité est simplifiée, les coûts d’assurance et de maintenance sont réduits, sinon éliminés, etc. Une façon aussi, pour les entreprises, d’aborder sereinement l’arrivée dans leurs rangs des Digital Natives, cette nouvelle génération d’utilisateurs familiers de l’informatique personnelle et potentiellement plus enclins à chercher une certaine forme de liberté vis-à-vis de leur poste de travail.
Se pose néanmoins la question de la gestion des pannes matérielles. Guillaume Le Tyrant imagine l’obligation, pour le salarié, de souscrire une garantie 3 ans avec intervention sur site J+1 en cas de panne. Pendant l’immobilisation de sa machine, le salarié pourrait accéder à son environnement de travail virtuel à partir d’un poste de travail banalisé ; la synchronisation des images entre le serveur et le poste de travail assurant la continuité de l’expérience.