R&D : 3 000 postes en danger dans les sociétés de conseil en technologies
Comme c’était à craindre, les suppressions de postes de R&D chez Renault - pour l'instant non confirmées par le groupe - auront des conséquences dans les sociétés de conseils techno. Réunies au sein du Geicet, ces dernières poussent un cri d’alarme. Et agite le spectre de 3 000 licenciements dans le secteur si rien n’est fait.
Après l’annonce par les syndicats de Renault la semaine passée de la volonté de la direction de supprimer 2 000 postes de R&D, dont 1 200 liés à des prestataires technologiques (notamment sur le Technocentre de Guyancourt), c’est tout le secteur de l’ingénierie de R&D qui prend peur. Le Groupement européen d'ingénierie et de conseil en technologies (Geicet), qui regroupe nombre de sociétés de conseils, « lance un cri d’alarme sur les effets de la crise dans l’ingénierie de recherche et développement du secteur automobile ».
Selon l’association – qui compte notamment pour adhérents Alten, Astek, Assystem, Akka, Segula Technologies, tous prestataires de Renault – « 3 000 postes d’ingénieurs et techniciens sont concernés par ces arrêts de missions qui pourraient conduire à autant de licenciements ». Au-delà, le Geicet estime que « les arrêts de programmes de recherche et développement ont des effets négatifs durables ». Se faisant l’écho des craintes déjà exprimés par les syndicats de Renault – qui estiment que le plan prévu porterait gravement atteinte aux activités du technocentre de Guyancourt étant donné les profils concernés –, le groupement « exprime une grande inquiétude sur la capacité des centres de recherche et développement de la filière automobile à survivre à un tel coup d’arrêt ». Surtout, le Geicet revient sur les risques liés à la délocalisation des activités de R&D – en l’occurrence, pour Renault, la Roumanie est souvent invoqué – qui ne serait que les prémices d'un mouvement plus large qui atteindrait également l’ensemble de la production du secteur automobile.
Appel à la création d’organes de contrôle
Du coup, dans un communiqué, le président du Groupement, Emmanuel Arnould, propose « la mise en place d’un observatoire des délocalisations ». Cet observatoire aura pour objectif de vérifier que les donneurs d’ordre qui ont reçu de l’argent public mettent en oeuvre une politique industrielle conforme à leurs engagements de garder leur savoir-faire en France, y compris les programmes de recherche et développement.
Selon le Geicet, il faudrait que cet observatoire soit « composé de représentants des différents corps de la filière automobile (constructeurs, équipementiers, sous-traitants), d’organisations syndicales et de représentants des pouvoirs publics ».
Autre proposition du groupement : « la mise en place d’un observatoire des pratiques d’achat de sous-traitance dans l’industrie ». Une demande récurrente de la part de sous-traitants qui déplorent trop souvent de servir de variable d’ajustement « invisible » des grandes société de services ou des grands donneurs d’ordre. Le Geicet avait d’ailleurs été créé en octobre 2006 pour donner de la visibilité à des sociétés de R&D externalisée au travail méconnu et qui souhaitaient promouvoir leur image, notamment du fait de la désaffection des étudiants pour les filières scientifiques.
Les enchères inversées : une pratique "excessive"
L’observatoire pourrait, selon le Geicet, « couvrir davantage de secteurs dépassant ainsi celui de la seule filière automobile. Il aurait pour objet de répondre aux sollicitations des acteurs du marché dans le but d’éviter certaines pratiques excessives. Pratiques qui conduisent à des aberrations industrielles et dégradent sensiblement les relations entre les acteurs d’une filière (E.G. les enchères inversées) ».
Reste à sensibiliser les pouvoirs publics sur les risques de long terme associés à la crise actuelle. D’un côté, un gouvernement qui estime que, quitte à la subir, la crise doit être un tremplin pour l’innovation. De l’autre des industriels qui réduisent leurs coûts avec une priorité accordée aux effets à court terme, sacrifiant au passage des pans entiers de leur R&D.