SAP craint une année 2009 difficile et prévoit 3000 suppressions de postes
Avec un chiffre d’affaires en progression de 13 % sur an à 11 Md€, assorti d’un bénéfice net en recul de 2 % à 1,9 Md€, SAP commence à sentir les effets de la crise. Et de craindre une année 2009 difficile avec, même, une décroissance probable de son activité au Royaume-Uni. Du coup, l’éditeur entend poursuivre ses efforts de réduction des coûts et annonce la suppression de 3000 postes à travers le monde.
Pour Pascal Rialland, PDG de SAP France, c’est clair, la crise est là : « nous avons commencé à la sentir dès le 15 septembre, avec un second semestre difficile. La situation devrait perdurer en 2009. » Les chiffres viennent le confirmer. Pour l’ensemble de l’année 2008, SAP a réalisé un chiffre d’affaires de 11,6 Md€, en progression de 13 % - voire de 19 % à taux de change constant ; « comme toutes les entreprises européennes, nous avons été impactés par le renchérissement de l’euro, » explique Pascal Rialland. Cette progression du CA s'est toutefois opérée au prix d'un recul du bénéfice net, qui s'établit à 1,9 Md$, en recul de 2 %. Les résultats de la fin de l’année montrent bien qu’une importante part de la croissance de SAP s’est faite au premier semestre. Toutefois, l'éditeur a bien résisté en fin d'année : au quatrième trimestre 2008, son chiffre d'affaire a progressé de 8% à 3,5 Md€, un score honorable alors que l’activité avait clairement marqué le pas au trimestre précédent.
Une année 2009 difficile
Sur 2009, Pascal Rialland s’attend à une croissance zéro voire à un léger recul des ventes de licences. « Nous traversons la plus forte crise depuis la création de l’activité d’édition de logiciels», explique le patron de SAP France, out en ajoutant que la difficulté sera « de nous assurer que les investissements SI restent en tête des priorités des dirigeants. » Et notamment de ceux dans entreprises privées. Car, « dans le secteur public, 2009 verra la mise en place de gros projets informatiques, notamment en France dans le cadre de la réforme de l’état. » Du coup, pour séduire les entreprises privées, il va falloir « faire la preuve d’un retour sur investissement inférieur à 12 mois avec les projets SAP. » Ou encore rappeler que la mise en place d’un PGI « contribue à adresser la question de la fiabilité et de l’auditabilité des comptes. »
Mais il faudra aussi aider, financièrement, au lancement des projets. « En France, nous avons déjà lancé des offres de financement à destination des PME afin de répondre à leurs préoccupations sur la disponibilité de trésorerie. C’est un secteur important parce qu’il constitue le principal moteur de notre croissance. » Mais cette logique a un coût : « nous travaillons en partenariat avec la branche financement de Siemens mais SAP apporte aussi des liquidités propres en garantie des dossiers. Heureusement, 2008 a été plutôt bonne en matière de production de liquidité ; il n’y a pas d’inquiétude de ce côté-là. » Confiant, Pascal Rialland estime par ailleurs que, « dans un environnement économique qui fonctionne normalement, les banques retrouveront leur place. »
Une visibilité limitée
Reste que l’échéance du retour à la « normale » est aussi incertaine chez SAP qu’ailleurs : « pour la durée de la crise, nous n’avons pas de visibilité. Nous allons restructurer l’entreprise afin de pouvoir traverser une crise qui pourrait se prolonger sur 2010. » Et la patron de SAP France d’évoquer de fortes disparités dans la manière dont son impactés les marchés sur lesquels l’éditeur est présent : « le Royaume-Uni, les Etats-Unis et la Russie sont particulièrement touchés. En Europe continentale, il devrait y avoir un effet d’amortissement. » Effet qui décalera aussi la propagation de la reprise lorsqu’elle surviendra outre-Atlantique. Mais, justement, aux Etats-Unis, SAP compte sur la taille du marché : « tout dépendra de la capacité de SAP à gagner des parts de marché ou non. Notre offre de BI fonctionne bien ; elle peut avoir une forte pénétration. »
Ce qui n’empêchera donc pas des mesures structurelles. « Nous allons poursuivre dans la voie des réductions de coûts engagées en 2008 et qui nous ont déjà permis d’économiser 220 M€ au quatrième trimestre. » Et cela passera par la suppression de 3 000 postes dans le monde, sur un total de 51 500 collaborateurs : « la réduction sera progressive, sur l’ensemble de 2009, en limitant les recrutements externes, en profitant de l’attrition naturelle – bien qu’elle soit moins forte en temps de crise – et en négociant des plans de départs volontaires un peu partout dans le monde. » Pour l’heure, SAP ne communique pas d’objectifs détaillés par zones géographiques et en termes de fonctions : « cela viendra dans les prochaines semaines. »
Des affaires comme pendant les soldes
SAP n’exclut pas d’avoir recours à la croissance externe pour soutenir son activité. « Nous avons prouvé avec Business Objects que nous pouvions réaliser rapidement l’intégration. La direction de SAP est ouverte à ce qui se passe sur le marché aujourd’hui ; il peut aussi y avoir de bonnes affaires à faire, » conclut Pascal Rialland.