SAP : processus métier et décisionnel pour conjurer la crise
Passer d'une logique applicative à une approche par processus et enfouir les fonctions décisionnelles au coeur de l'ERP. Le tout sans obliger les entreprises à se lancer dans un projet pharaonique, crise oblige. Telles sont les principales promesses de SAP avec le lancement de Business Suite 7, l'ensemble de modules de l'éditeur qui viennent s'installer au-dessus du coeur ERP 6.0.
Une offre taillée pour répondre aux défis des entreprises en temps de crise. C'est ainsi que Jim Hagemann Snabe (en photo), membre du conseil d'administration de SAP, a voulu présenter Business Suite 7, qui recouvre de nouvelles versions des modules de la suite maison (ERP, CRM, SRM, SCM, PLM). Sous le capot, un accès aux innovations de la firme à un coût moindre et avec moins d'efforts d'implémentation, a martelé Jim Hagemann Snabe.
Fondamentalement, selon le dirigeant, Business Suite 7 est une librairie de processus métier - une trentaine au total - couvrant de bout en bout une problématique business, et faisant appel aux différents modules du PGI. Le tout avec une interface unifiée. L'éditeur met par exemple en lumière des scénarios autour du design de produits (remontant jusqu'aux aspects supply chain notamment), de la gestion de chaînes de magasins (allant de tableaux de bord, aux opérations en magasins, au pricing, à la gestion des assortiments ou aux RH), de la gestion collaborative de la supply chain ou de la gestion des achats.
Du BO enfoui dans Business Suite
Autre évolution notable : ces versions intègrent des outils analytiques. Notamment le fruit du rachat de Business Objects (BO). Même si, précise Jacques Libeyre, directeur des solutions chez SAP France, "nous avions déjà entamé cette transition consistant à combiner vision analytique et fonctions transactionnelles, sur la base de restitutions issues de l'entrepôt de données BW. Le rachat de BO n'a fait qu'accélérer et faciliter ce mouvement".
Dans une interview au MagIT, Hervé Couturier, un ex BO devenu patron de la R&D de la plate-forme d'intégration Netweaver, expliquait en octobre dernier : "on va assister à une fusion du transactionnel et de l'analyse. Demain, un rapport deviendra le point d'entrée d'un système opérationnel. Nous sommes les seuls à être capables de combler ce vide entre la stratégie et l'exécution, car Oracle a séparé ces deux visions dans son organisation." Selon lui, cette fusion amènerait un gain de productivité important aux entreprises. C'est cette tendance qui se dessine dans Business Suite 7, comme le montre la vidéo mise en ligne par SAP détaillant un exemple de gestion opérationnelle d'une chaîne de magasins à partir d'un tableau de bord.
Retour sur investissement : 90 jours maximum, promet SAP
"Business Suite 7 est la combinaison de processus et de fonctions analytiques, mais avec une approche pas à pas. Dans le contexte économique actuel, les entreprises doivent bénéficier d'un retour sur investissement en 90 jours maximum", martèle Jim Hagemann Snabe. "Les grands projets qui promettent seulement une fondation amenant des bénéfices futurs sont trop risqués, trop coûteux et leurs bénéfices sont difficiles à justifier auprès des patrons métier", abonde Jeff Woods, vice-président du cabinet Gartner pour l'ERP et le SCM (supply chain management).
Selon l'Allemand, les innovations de Business Suite 7 seront amenées via des packages de mises à jour (Enhancement package en langage SAP), dans lequel les entreprises peuvent piocher les fonctions qu'elles souhaitent déployer. Seule condition : disposer du coeur ERP 6.0, la dernière version. "Avec la garantie de n'avoir aucune mise à jour lourde pendant 5 ans", ajoute le dirigeant de l'éditeur. Pour passer à Business Suite 7, il faudra ensuite appliquer l'Enhancement Package 4.0, qui sera disponible en avril.
Reste à convaincre la base installée, qui continue à employer largement R/3 ou ECC 5.0, les versions antérieures de l'ERP. Selon les chiffres donnés par l'USF (le club des utilisateurs francophones) lors de sa convention annuelle en novembre dernier, 80 % de la base installée française fonctionne aujourd'hui encore sur une de ces deux versions. Au niveau mondial, 13 000 comptes parmi les 45 000 entreprises sous SAP ont effectué leur migration vers la dernière version de l'ERP. L'annonce peut aussi être interprétée comme une façon pour l'Allemand de se déployer plus largement sur sa base installée, en termes de couverture fonctionnelle. "Avec l'intégration naturelle entre les modules, nous pouvons espérer reprendre des positions à des acteurs de niche comme Ariba ou Siebel", explique ainsi Jacques Libeyre.
La concrétisation de virages déjà entamés
SAP explique avoir travaillé en amont avec 200 clients, qui testent depuis la fin d'année dernière Business Suite 7. Aucun compte français ne figure dans la liste. L'éditeur s'est également associé à quatre intégrateurs pour assurer le lancement de ce produit clef dans sa stratégie, puisqu'il touche une gamme de produits comptant pour 90 % de son activité : l'américain IBM, les français Capgemini et Atos-Origin et l'indien Wipro.
In fine, l'annonce apparaît surtout comme une formalisation de virages déjà largement pris par SAP. L'approche processus était ainsi présente au coeur de la stratégie Netweaver, le middleware que l'éditeur tente d'imposer depuis plusieurs années. Les Enhancement packages, eux, existaient déjà pour l'ERP. "Cette annonce est la consolidation de l'effort technologique que nous menons depuis des années", résume Jacques Libeyre, de SAP France.