Le chômage US enfle encore, l’immigration IT contestée
13ème mois consécutif à la hausse pour le chômage américain qui atteint désormais 7,6 % de la population active. Et l’IT est particulièrement touché, notamment via les vagues de licenciements organisées par les grands du secteur. Une situation dont certains profitent pour remettre en cause la politique d’immigration de populations diplômées sous visas H-1B.
Encore un mois catastrophique pour l’emploi aux Etats-Unis. Au total, ce sont 598 000 chômeurs supplémentaires qui ont été enregistrés en janvier 2009 par le ministère du Travail américain, soit 10 % de plus que ce qu’escomptaient les économistes. Parmi eux, près de 20 000 informaticiens dépendants des services aux entreprises ou de du secteur « Information ». Un mois de janvier qui vient surtout s’ajouter à 12 mois successifs de hausse. Désormais le taux de chômage atteint 7,6 %, contre 7,2 % en décembre et 4,9 % en janvier 2008 !
Pas étonnant dans la mesure où, il y a deux jours, le spécialiste du recrutement Challenger, Gray & Christmas publiait une étude indiquant que janvier 2009 constituait un sommet depuis 7 ans en terme de licenciements dans les entreprises. Selon ce cabinet, 242 000 personnes ont été licenciées sur ce seul mois. Dans cette hécatombe, les salariés américains du secteur IT paient chèrement leur part en représentant le 3ème secteur en terme de licenciements, derrière la petite industrie et surtout la distribution. Challenger, Gray & Christmas recense 22 330 emplois informatiques perdus en un mois et près de 187 000 sur l’ensemble de l’année 2008.
Les plus grands groupes du secteur ont annoncé des suppressions de postes : Dell, Intel, SAP et Microsoft en tête. IBM, le plus gros d’entre eux, ne l’a pas fait, mais procèderait à une vague importante de licenciements rampants, particulièrement en Amérique du Nord.
Une situation bien pire qu’en France…
Les facilités légales accordées aux entreprises pour se séparer de leurs effectifs expliquent pour partie ces vagues très importantes. Mais la tendance est la même en France, même si pour l’instant le secteur - plutôt orienté vers les services informatiques que vers le développement de solutions logicielles ou matérielles – semble un peu protégé. Publiés avec un mois de décalage, les derniers chiffres français consacraient la reprise de la montée du chômage pour les informaticiens français, après plusieurs années de quasi-plein emploi. A la fin 2008, on recensait 20 845 demandeurs d’emploi dans la catégorie "professionnels informatiques". Une hausse donc, mais pas encore de phénomène de masse.
L’immigration IT devient un enjeu aux Etats-Unis
Le poids de l’industrie américaine sur le secteur laisse cependant penser que les problèmes qu'elle rencontre pourraient bien s’exporter sous peu. Déjà vers l’Inde, gros pourvoyeur de développeurs pour les Etats-Unis via l’obtention des visas d’immigration H-1B. Depuis un mois, une campagne est en train d'enfler pour dénoncer le nombre trop important d’immigrés dans le secteur. Charles Grassley, sénateur républicain de l’Iowa, réclame même que soit imposée la préférence nationale au moment de décider d’un licenciement. Symboliquement, il s’est fendu d’une lettre à Steve Ballmer – PDG de Microsoft – au moment où l’éditeur annonçait 5 000 suppressions de postes. Du coup la société a cru bon de préciser que sur les 1 400 départs déjà enregistrés, une part significative concernait des travailleurs étrangers détenteurs de visas de travail.
Une cible de choix pour le sénateur Grassley puisque Bill Gates – fondateur de Microsoft – a toujours milité pour l’attribution du plus grand nombre possible de visas H-1B. Durant la dernière campagne présidentielle, il était même intervenu devant les députés du Committee on Science and Technology. Selon lui, le contingentement des visas H-1B (concernant les immigrants diplômés, ce visa temporaire est délivré pour une période de trois ans) à 65 000 par an est nettement insuffisant et pourrait – à terme – faire perdre aux Etats-Unis son leadership en matière de technologie de l’information, au profit de l’Inde ou de la Chine. Gates milite pour une augmentation importante du nombre de visas, ainsi que pour des procédures allégées et la délivrance d’un statut de migrant pour les actuels titulaires du H-1B. Obama – qu’il a soutenu – n’est pas allé aussi loin dans ses promesses de campagne, tout en se disant favorable à l’ouverture des frontières, notamment concernant les populations étrangères diplômées.
C’était avant que la crise prenne une ampleur inattendue aux Etats-Unis.