Marché Unix français : IBM dévisse, Bull et HP rebondissent
Après trois ans de domination quasi incontestée du marché français, IBM a subitement vu ses ventes de serveurs Unix reculer au troisième trimestre 2008. Ce recul a notamment profité à Bull dont les ventes ont explosé au cours de la même période. Sun reste quant à lui à son étiage habituel, tandis qu'HP semble peu à peu reprendre des couleurs. Problème pour Big Blue, sa déprime semble avoir persisté au 4e trimestre, alors que les autres acteurs se félicitent de résultats plutôt flatteurs en France en fin d'année.
C'est une bien curieuse photo que devrait livrer le marché français des serveurs Unix au second semestre 2008 (par serveurs Unix, entendez serveurs RISC ou Itanium faisant tourner Unix comme système d'exploitation principal).
IBM, qui jouait au jeu du chat et de la souris depuis bientôt trois ans avec Sun pour le rang de premier vendeur Unix français, a soudainement vu ses ventes dévisser au troisième trimestre. Une chute brutale, sans doute liée à un mauvais timing dans la mise à jour de ses machines de milieu et de haut de gamme, mais qui fait tâche dans un parcours jusqu'alors impressionnant. Problème pour Big Blue, il semble que le dévissage ne soit pas passager et se soit poursuivi au dernier trimestre.
La fin d'une série de conquêtes impressionnantes
Big Blue a longtemps fait figure de vilain petit canard sur le marché Unix français jusqu'à l'apparition de ses machines haut de gamme et milieu de gamme Power 5 et Power 5+ et leurs remplaçantes à base de Power 6. Longtemps crédité d'à peine 15 à 20 % du marché français, IBM a brusquement percé en 2006, une année historique pour le constructeur, pour finalement dépasser les 40 % de parts de marché au dernier trimestre 2006. Selon les trimestres, Big Blue a ensuite oscillé entre 27 et 35 % et fait jeu égal avec Sun pour le titre de premier fournisseur français. Cette belle mécanique a toutefois sérieusement déraillé au 3e trimestre 2008. Big Blue a ainsi vu sa part de marché retomber à 21,5 %, son pire résultat depuis le premier trimestre 2006. Près de 6 points derrière Sun Microsystems, IBM a aussi été dépassé sur le marché français par Bull et HP, le Français s'emparant de près du quart du marché national.
La crise ne semble avoir joué aucun rôle dans cette chute : au 3e trimestre 2008, le marché hexagonal aurait progressé de 3,3 % sur un an (116,9 M€ de revenus selon IDC) - en phase avec la bonne tenue du marché Unix mondial. IBM se retrouve ainsi bon dernier parmi les quatre grands, avec 21,5 % des ventes en valeur sur un marché où Sun conserve donc son leadership avec 28 % de parts de marché - notamment du fait de sa vigueur retrouvée en haut de gamme et du succès de ses machines multithread d'entrée-milieu de gamme. En seconde position vient Bull avec 24,9 % suivi de près par HP avec 24,6 %. Derrière, Fujitsu-Siemens est à l'agonie avec 1,2 % des ventes (en recul de 75 %) et SGI apparait à peine avec moins de 0,1 % des ventes.
La plate-forme Power toujours loin devant ses concurrentes en France
Vu du côté des plates-formes, le tassement d'IBM est effacé au troisième trimestre 2008 par la performance de Bull et permet aux serveurs Power de continuer à dominer le marché français avec 46,4 % des ventes, loin devant les 29 % des serveurs Sparc et devant les serveurs Itanium d'HP (24,6 % des ventes).
Le plus étonnant est que la contre performance d'IBM au troisième trimestre pourrait se répéter au quatrième trimestre, malgré le lancement de nouvelles machines très performantes en octobre. Bull semble en effet avoir réussi un bon dernier trimestre 2008 et Sun aurait lui aussi bien résisté. HP semble également avoir réussi à signer plusieurs contrats d'importance et devrait afficher des résultats solides. Dans ce contexte, une question reste donc ouverte : que s'est-il passé côté IBM et chez Bull pour que Big Blue subisse un tel recul et que son partenaire historique en France réussisse un tel bond, dans un marché français des systèmes Unix qui, même au 4ème trimestre, semble ne pas avoir trop été victime de la crise...