MWC 2009 : Les services data mobiles décollent, mais sans les entreprises
Alors que vient de s'ouvrir à Barcelone la grand messe annuelle de l'industrie du téléphone mobile, le Mobile World Congress, Nielsen et Tellabs présentent les résultats d'une étude sur l'adoption des services liés à la transmission de données sur téléphone mobile. L'utilisation de ces services devrait connaître une forte progression en 2009 et en 2010, malgré un contexte économique morose, aux Etats-Unis comme en Europe. En France, les loisirs dominent les usages mais, selon Nielsen, le recouvrement entre usages personnel et professionnel est très important.
La transmission de données sur terminal mobile entre-t-elle dans les entreprises par la petite porte, celle d’usages personnels contaminant progressivement l’environnement professionnel, un peu à la manière d’un iPhone ? C’est ce que l’on peut-être tenté de penser à la lecture de l’étude réalisée par le cabinet de conseil Nielsen à la demande de Tellabs, étude basée sur le sondage de « plus de 50 000 utilisateurs actuels ou potentiels de services mobiles en France, au Royaume-Uni, en Italie, en Allemagne, en Espagne et aux Etats-Unis. »
Un usage entré dans les habitudes
Selon Nielsen, 71 % des sondés aux Etats-Unis, et 41 % en Europe, anticipent un usage quotidien des services mobiles exploitant les capacités de transfert de données des réseaux : MMS, Internet mobile, messagerie électronique, etc. Comme d’autres avant lui, le cabinet confirme l’effet catalyseur qu’a pu avoir l’iPhone pour ces services – aux Etats-Unis, le smartphone d’Apple représenterait plus de 50 % du trafic Web à partir d’un terminal mobile. Mais dans cet environnement, les entreprises semblent clairement en retrait. Un point que les commentaires de Nicolas Petit, directeur de la division mobilité de Microsoft France, permettaient déjà d’entrevoir, il y a quelques mois. En témoigne, dans l’hexagone, le classement des principaux usages : 38 % des utilisateurs de services data mobiles échangent des MMS ; 33 % surfent sur le Web ; 30 % utilisent des services liés au GPS ; 29 % font leurs emplettes en ligne ; et 25 % échangent des courriers électroniques. Un top 5 qui, dans l’hexagone, laisse potentiellement assez peu de place aux outils professionnels. C’est d’ailleurs ce que soulève Jeff Hermmann, porte-parole de Nielsen : « les utilisateurs français préfèrent les usages de loisirs [à 55 %] aux usages plus pratiques [à 38 %]. » Reste que le furetage sur le Web et la communication électronique peuvent être bivalents. Jeff Hermann constate d’ailleurs « un degré important de recouvrement entre les usages personnels et professionnels. » Et d’ajouter que, du côté des usages professionnels, c’est la messagerie électronique qui continue de dominer.
De nouveaux défis pour les opérateurs
Si le marché des terminaux doit reculer en 2009, l’usage des services data mobiles devrait quant à lui progresser. Selon Nielsen, 58 % des utilisateurs aux Etats-Unis – contre 55 % en Europe et autant en France – anticipent une progression de leur usage de ces services au cours des 24 prochains mois. Du côté des non-utilisateurs, 26 % des sondés français prévoient de sauter le pas pendant ce temps-là, contre 28 % à l’échelle européenne et 27 % outre-Atlantique.
Cette adoption des services data mobiles – passée et à venir – ne va pas sans poser de nombreuses questions, à commencer par celle de la bande passante. Ben McCahil, directeur stratégie mobile de Tellabs, relève, sur ce point, un double défi, concernant tout autant l’interface radio et que les liens entre stations de base et cœur de réseau. Le premier point avait déjà été soulevé avec véhémence par Hamid Akhavan, membre du directoire de Deutsche Telekom, lors du Digiworld Summit organisé par l’Idate à l’automne dernier. Le second est évoqué plus rarement, mais, pour Ben McCahil, c’est probablement le plus difficile à régler : « on ajoute de nouveaux nœuds chaque jour ; c’est coûteux et les standards évoluent de la 3G à LTE [avec au passage une augmentation de la bande passante à l’interface radio, NDLR]. Les opérateurs vont avoir besoin de solutions innovantes et économiques. »
Reste que, au final, pour Ben McCahil, l’adoption des services data mobiles par les abonnés, est une chance pour les opérateurs. Pour en profiter, ils doivent, selon lui, « résoudre, par exemple, les problèmes de coût, de vitesse, de qualité et de fiabilité. » Autant de points d’achoppement remontés par les utilisateurs dans le cadre du sondage. Pour Jeff Hermann, d’ailleurs, « le coût, quelque soit service, est toujours déterminant. » En France, les forfaits data mobile illimités gagneraient d’ailleurs en popularité, selon Nielsen.