Résultats : Steria se voit résistant aux cycles économiques... trop vite ?
Une SSII transformée par le rachat de Xansa et capable de proposer un modèle global, avec de fortes bases arrières offshore. C'est l'idée que tente de faire passer Steria pour conforter l'idée que son activité est désormais capable de surmonter une crise économique. Mais la SSII doit encore confirmer.
Mi-figue, mi-raisin. Les résultats annuels 2008 de Steria laissent apparaître à la fois le tassement de l'activité au début de l'année, un tassement consécutif à l'intégration de l'Anglais Xansa et à la transformation des activités en France, et une certaine forme de résistance à la crise en fin d'exercice, alors que d'autres SSII ont connu un sérieux coup de frein au quatrième trimestre.
Sur l'ensemble de l'année la SSII dirigée par François Enaud a engrangé 1 765,7 millions d'euros, contre 1 878,4 millions en 2007 (en additionnant les chiffres d'affaires de Steria et de Xansa, qui n'avait été intégrée qu'en fin 2007). Soit un recul de près de 6 %. Mais ce repli est imputable aux variations des taux de change, signale la société dans un communiqué. Depuis le rachat de Xansa, la Grande-Bretagne est devenu la première géographie du groupe devant la France, Steria facturant plus de 40 % de ses activités en livres sterling. En retraitant les chiffres 2007 avec les cours actuels, Steria aurait enregistré 0,9 % de croissance en 2008. Sur l'année, le groupe est parvenu à redresser ses activités en France après un premier semestre franchement difficile (0,3 % de croissance sur l'ensemble de 2008) et à limiter le repli de sa filiale anglaise à 1,3 %, alors que le Français avait racheté un Xansa en perte de vitesse du fait de l'arrêt de deux contrats importants.
L'Allemagne dévisse
Au quatrième trimestre, la SSII n'a pas connu le coup de frein brutal enregistré par d'autres acteurs du secteur. A taux de change constant, le chiffre d'affaires global progresse de 1 % en un an, tandis que l'activité anglaise rebondit de 2,6 %. En France, Steria reste en territoire positif : après un premier semestre en net recul, la SSII avait enregistré un rebond au troisième trimestre (+ 5 %). Elle progresse encore - certes modestement (+ 0,7 %) - au quatrième trimestre. Même si, in fine, la société manque son objectif de croissance au second semestre en France (5 %).
C'est dans la troisième géographie du groupe - l'Allemagne où Steria avait racheté Mummert - que la crise économique se manifeste le plus séchement. Après avoir connu une croissance supérieure à 13 % au premier semestre et encore proche de 3 % au troisième trimestre, la filiale dévisse et voit son activité se contracter de 3,2 %.
Infogérance et BPO tirent l'activité
Si le groupe ne livre que ses résultats préliminaires (le résultat net sera connu dans un mois), il indique que la marge opérationnelle devrait dépasser le niveau précédemment communiqué, soit 7,5 %. Peu d'indication également sur les perspectives de Steria pour 2009, même si la SSII indique que son ratio book-to-bill (prises de commandes sur facturation) est monté à 1,31 au quatrième trimestre, contre une moyenne de 1,07 sur l'année. Un bond qui pourrait indiquer que la transformation de Steria, d'un modèle assez classique de SSII organisée en filiales à un modèle global s'appuyant sur des centres de services offshore (voir ci-dessous), commence à porter ses fruits. Notamment via l'importation du modèle mis en place par Xansa dans les autres géographies du groupe, spécialement en France. Au quatrième trimestre, les activités d'infogérance et de BPO (Business Process Outsourcing) progressent d'ailleurs de plus de 5 %.
Brice Thébaud, analyste financier chez Aurel BGC, se montre toutefois sceptique : "il sera difficile de faire de la croissance en 2009. Steria est très exposé au Royaume-Uni, pays qui connaît une récession sévère, et affiche une part d'activité récurrente moindre qu'un Atos-Origin par exemple. Le groupe avait montré sa capacité à transformer son modèle au troisième trimestre, mais, en fin d'année, la décélération est nette". Pourrait se dessiner un scénario à la Capgemini : un recul du chiffre d'affaires dans des volumes croissants, du fait de la montée de l'offshore et de son effet sur les prix. Selon une étude de Pierre Audouin Consultants, l'offshore vers l'Inde progresse chaque année de 50 % en France et ne pèse encore que 1,5 % du marché de la prestation.
Bientôt 40 % d'effectifs offshore
Récemment, François Enaud, le patron de la SSII, a ainsi indiqué vouloir ajouter 1 500 personnes à ses effectifs indiens, déjà forts de 5 600 salariés. A l'image d'un Capgemini, Steria vise un taux de 40 % d'effectifs offshore à moyen terme, contre 27 % aujourd'hui (voir les implantations ci-dessous).
La principale incertitude pour le groupe réside dans sa dette. Même si Steria indique dans son communiqué que cette dernière devrait être inférieure à 250 millions d'euros, alors que le groupe indiquait un niveau plutôt plus proche de 300 millions jusqu'alors. Mais les analystes estiment toujours que le groupe risque de ne pas respecter ses conventions de financement avec les banques en 2009. A la mi-journée, le titre de la société progressait de plus de 2 % à la Bourse de Paris.