E-santé : quand l’informatisation passe par les terminaux patients multimédias
Expérience d’avenir à la polyclinique du Val-de-Lys à Tourcoing avec le déploiement de terminaux multimédias proposant aux patients des services de confort s’appuyant sur des technologies de convergence. Un point d’entrée pour le dossier médical patient et le développement du numérique dans les pratiques médicales en milieu hospitalier.
Le dossier médical personnel – serpent de mer de l’informatique de santé en France – aura du mal à passer par l’Etat en dépit des tentatives de réanimation par la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot. Mais, au niveau local, il est en train d'émerger des structures de santé, qui commencent à faire le choix des TIC. Dans ce contexte, la polyclinique du Val-de-Lys, à Tourcoing, a décidé d’investir le champ du numérique de manière pragmatique et didactique, en déployant, dans l’ensemble de ses chambres, des terminaux patients proposant des services multimédias et des technologies de convergence voix et données.
L’objectif du jour est de proposer les services associés aux 90 chambres (télévision, téléphonie, Internet, divertissement) via une interface unique. Mais c’est également l’occasion de préparer l’avenir avec un outil pour l'instant non critique et axé sur le confort, mais susceptible d’être très vite utilisé par les équipes médicales dans le cadre du déploiement du dossier médical patient et - au-delà - de l’optimisation des soins.
Des services convergents sur une interface tactile unique
Côté prestataire, le choix de l'établissement s’est porté sur Ineo Com, une filiale de GDF Suez Energie Services, un partenaire de longue date qui gère depuis plusieurs années l’infrastructure de communication et courants faibles de la polyclinique. La société a assuré le déploiement des 90 postes – un par chambre – et un contrat de maintenance est intégré dans le coût de location. Il porte sur toutes les applications en service autour du patient : télévision (TNT), téléphonie, Internet (accès au web, aux webmails, aux messageries instantanées et à une webcam), consultation du crédit disponible – l’accès au service se faisant par l’achat et l’alimentation d’une carte - et du détail des dépenses, accès à l'intranet de la clinique ainsi qu’à des services de radio et de jeux.
Pour les postes eux mêmes, les terminaux – positionnés au bout d’un bras articulé fixé au mur - proviennent du constructeur Lincor. Selon Patricia Dubart, responsable de l’offre hospitalière chez Ineo Com et en charge du projet, ce terminal est le plus adapté aux contraintes strictes du milieu hospitalier : « il est silencieux et propre et n’a pas de système de ventilation. L’interface utilisateur est munie d’un clavier tactile intégré dans l’écran, ce qui ne représente pas une source de contamination pour l’établissement de santé. D’autre part, son ergonomie facilite l’entretien et le nettoyage au quotidien ».
Au-delà du patient, l’installation est également l’occasion pour la polyclinique d’instaurer un premier usage numérique et interactif pour le personnel soignant. Dès l’automne, une formation a été dispensée à l’ensemble du personnel dans une chambre témoin non occupée. Le terminal devant à terme intégrer le DMP et des fonctionnalités directement liées aux soins prodigués, cette phase d’acquisition – sur des fonctions de type divertissement - apparaît comme clé pour la direction de la clinique.
Le dossier médical patient en ligne de mire
D’ici 2011, les applications directement liées au système d’information médical seront déployées. Eric Laxenaire – directeur adjoint de la polyclinique en charge du SI – estime le chantier à 500 000 €. « On s’est inscrit dans le cadre défini par le programme Hôpital 2012 et les premiers outils du dossier seront disponibles en 2011. On est en phase de validation de l’application et on va certainement commencer par le circuit du médicament : les prescriptions, la pharmacie, le suivi de la médication… ».
Ensuite viendront le dossier patient lui-même et toute l’imagerie médicale, un élément essentiel notamment dans le service maternité, avec des dossiers et des suivis courants sur plusieurs mois de grossesse. Pour Eric Laxenaire, le DMP apparaît comme un changement radical du SI : « aujourd’hui l’informatique de la clinique est tournée vers les outils de gestion. C’est important, mais on peut supporter une interruption de service de quelques heures. Avec le dossier patient et la gestion des prescriptions, on ne pourra plus se permettre un tel délai. Il faut repenser l’infrastructure, la redondance et la sécurité ».
Un travail de longue haleine dont l’évaluation a déjà débuté sous l’égide de Patricia Dubart qui explique qu’Ineo Com « accompagne également la polyclinique dans le choix et l’intégration d’un logiciel de gestion du dossier patient numérique, actuellement en test dans une chambre témoin ». Le dispositif de sécurité et d’identification est déjà choisi. Le terminal disposant d’un lecteur de carte, les applications et les différentes vues – fonction des droits alloués à chaque catégorie de personnels soignants – se feront via des puces personnelles. Reste à changer l'infrastructure serveurs et à déployer le parc applicatif. Un chantier qui suivra le rythme des subventions associées au DMP.
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