HP : gagner moins pour préserver l'emploi
Le patron de HP, Mark Hurd, a envoyé ce matin un courriel à ses 300 000 employés. Le message est simple : acceptez des baisses de salaires (entre 2,5 et 15 % selon le niveau dans la hiérarchie) ou préparez-vous à un nouveau plan de licenciements massifs.
Les salariés d'HP ont eu la douce surprise ce matin de recevoir un e-mail de leur Pdg leur annonçant une vague de réductions de salaires, allant de 2,5 à 15 % selon leur niveau de poste. Cette mesure devrait frapper en premier lieu les salariés américains (les salariés européens apprécieront sans doute les lois sociales un tantinet plus regardantes du Vieux Continent). Selon l'e-mail de Mark Hurd, les membres du directoire d'HP verront leur salaire de base (salaire hors bonus et primes) amputé de 15 %, tandis que les autres cadres subiront une diminution de 10 % de leur salaire de base. Les salaires des autres salariés seront revus à la baisse de 2,5 à 5 %. En plus de ces coupes, les avantages retraites des salariés d'HP seront revus à la baisse et les salariés ne pourront plus acheter d'actions de la firme à prix préférentiel dans le cadre du plan d'achat d'actions maison (plan SOP).
En Europe, ce sont les cadres dirigeants d'HP situés au dessus du niveau Manager 2 qui seront les premiers touchés, de même que certains salariés de l'ex-EDS, là encore sur leur salaire de base. La mesure sera toutefois soumise à leur acceptation (sic)... Pour les autres salariés, il faudra en passer par la négociation avec les comités d'entreprise de chaque filiale européenne, mais HP espère trouver un accord avec ses salariés du Vieux Continent, accord applicable dès le 4e trimestre.
Les mathématiques selon Mark Hurd
Pour ceux qui n'auraient pas compris, Hurd rappelle ce que pourrait être l'alternative à son plan. « Les maths sont simples : d'un point de vue productivité, vous êtes supposés réduire vos effectifs en proportion du recul de votre chiffre d'affaires. Si vous pensez que le climat économique ne va pas s'améliorer, vous coupez encore plus dans les effectifs pour anticiper les problèmes ». Et d'ajouter à l'attention des salariés : « Vous pouvez faire le calcul vous-mêmes. Nous avons environ 100 000 salariés dans nos divisions produits, un CA en recul d'environ 20 % et une situation économique qui ne devrait pas s'améliorer en 2009 ». Pas besoin d'avoir un doctorat de mathématiques pour comprendre l'équation...
Ce n'est pas la première fois qu'en période de crise, HP demande à ses salariés d'accepter de se serrer la ceinture afin d'éviter les licenciements. Vers la fin des années 80, la firme avait procédé de la sorte et, lors de la reprise, avait multiplié les primes et les récompenses aux salariés, respectant ainsi les engagements pris. Depuis Carlton Fiorina, toutefois, le gentleman agreement que constituait le HP Way à l'ancienne n'est plus forcément un bouclier et il faudra sans doute plus que les bonnes intentions affichées pour convaincre les salariés d'accepter un plan réduction de salaires sans de solides garanties sur l'emploi, surtout vu l'historique récent d'HP.
Encore des maths : + 70 %, - 20 % égalent...
Celui qui explique aujourd'hui ne pas voir le besoin d'une restructuration de grande ampleur, Mark Hurd, n'a pas hésité à déclencher en septembre dernier l'un des plus vaste plan de licenciements de l'histoire d'HP, avec près de 24 700 suppressions d'emplois suite à l'acquisition d'EDS. Autre motif de grincements de dents pour les salariés, perceptible sur les blogs des syndicats d'HP : si Hurd s'applique lui même une réduction de salaire de 20 %, ses revenus globaux ont progressé de près de 70% entre 2007 et 2008 pour atteindre 25,4 M$, dont 1,45 M$ en salaire et 23,9 M$ en bonus et primes. Les 20 % de réduction ne s'appliqueront semble-t-il qu'à son salaire de base, soit, si les autres éléments de sa rémunération n'évoluent pas, une baisse réelle de 0,7 %.