MWC 2009 : bataille en vue autour des OS Open Source
Android, LiMo (Linux Mobile), et bientôt Symbian. Alors que l'Open Source s'installe progressivement dans les smartphones, l'heure est à la conquête des développeurs et des communautés. Si Android mène les débats pour le moment, LiMo compte bien tirer son épingle du jeu en construisant un écosystème performant, reposant sur Linux.
Avec la mise en Open Source prévue de Symbian, et la volonté de percer sur le marché d'Android et de LiMo (Linux Mobile), le segment des OS pour mobile prend une couleur très logiciel libre. Et ce mouvement devrait se confirmer en 2009, malgré le fort engagement de Microsoft sur le segment de la mobilité, comme peuvent le laisser prévoir les annonces de Redmond – Windows Mobile 6,5, Market Place et My Phone – lors du Mobile World Congress de Barcelone.
Il faut dire que le segment reste porteur pour les éditeurs. Selon Evans Data, le développement d'applications destinées aux smartphones ne devrait pas fléchir malgré la crise. C'est en tout cas l'avis de 47,6 % des développeurs interrogés par le cabinet d'étude. Lorsqu'il s'agit de choisir une plate-forme, les développeurs privilégient comme critère numéro un les possibilités de revenus (pour 25 %), avant les opportunités marketing, et plus surprenant l'ouverture (pour seulement 15 %).
La force de frappe Google
L'Open Source a toutefois son rôle à jouer. Même si les développeurs ont encore tendance à privilégier Windows Mobile et l'iPhone. Dans la sphère du libre, l'heure est à la séduction des développeurs et à la mise en avant de l'écosystème. Sur ce terrain, Google et Android récoltent les premiers lauriers. Force de la marque d'abord, mais, également, engagement des constructeurs à suivre la firme de Mountain View dans son ascension sur le marché de la mobilité. « Android a unifié un marché Linux très fragmenté et a dans ce sens modifié le segment, déclare Leif-Olof Wallin, consultant au Gartner. Il faudra encore probablement deux ans supplémentaires, et d'autres versions de l'OS, pour qu'Android impacte réellement le marché ».
Reste que cette popularité auprès des développeurs hérisse le poil des autres plates-formes Open Source. A commencer par la LiMo Foundation, dont le but est de développer un Linux pour la mobilité. Le risque ? La cannibalisation des communautés de développeurs Open Source, attirés par l'ecosystème Google. Bref, une pierre dans le terrain de jeu de la LiMo (Linux Mobile) Foundation, qui pourrait voir sa communauté fondre comme neige au soleil au profit de celle d'Android.
La bataille de l'écosystème
L'enjeu réside alors dans un écosystème composé d'outils de développements, de constructeurs supportant l'OS, d'un support et d'une plate-forme de distribution d'applications, résume Leif-Olof Wallin du Gartner. Un peu comme Apple autour de l'iPhone, finalement.
Et dans cet esprit, la LiMo Foundation est venue en force à Barcelone, déployant ses armes sur les stands de Nec et de Panasonic, deux initiateurs du projet, avec la ferme intention de marquer de son empreinte la grand messe européenne de la mobilité. Et ce, à grands coups d'annonces. Neufs nouveaux terminaux sont ainsi venus compléter le parc d'appareils supportant l'OS Linux, portant leur nombre (commercialisés) à 33. Mieux, outre des constructeurs comme Marvell ou le Coréen Aromasoft, deux opérateurs ont décidé de rejoindre la fondation en tant que membres : Telefonica et Swisscom. « Avec les implémentations de référence présentées par Samsung et LG et les opérateurs comme NTT Docomo et Orange, LiMo a à sa disposition une formidable base d'abonnés », explique Andrew Savory, Open Source Manager de la LiMo Foundation.
Autre avantage mis en avant par le dirigeant : « LiMo donne accès à un ensemble de composants Open Source reconnu dans le monde de la mobilité comme Gstreamer ou encore GTK. Il y a ainsi un véritable intérêt pour les développeurs à accéder à d'outils très familiers ».
LiMo vs Symbian
Mais quid alors de Symbian, dont l'ouverture à l'Open Source est programmée par Nokia, et qui reste l'OS n°1 dans les smartphones ? En basculant dans le monde libre, Symbian pourrait attirer à lui les développeurs de l'Open Source. « Peu probable », lance Andrew Savory, qui voit davantage s'éroder la communauté Symbian au profit de celle de LiMo. « Symbian est très complexe à appréhender. Avec 50 millions de lignes de code, il ne se maîtrise pas en une semaine. Alors que Linux repose sur un système plus étendu, avec des outils éprouvés et, surtout, avec une ouverture vers d'autres plates-formes [comme le desktop, NDLR]. »
« Symbian n'est pas un socle sur lequel un développeur peut vraiment travailler. Car il nécessite l'intégration de S60 [un système d'interface utilisateur] pour devenir un OS complet », ajoute dans la foulée Leif-Olof Wallin.