Cebit 2009 : un géant anesthésié par la crise

Assommé par la crise, le plus grand salon informatique du monde, fait cette année figure de géant assoupi. Avec 25% d'exposants en moins, on se doutait que la fréquentation du salon serait aussi en recul, on ne se doutait pas que le phénomène serait aussi "visible". Si bien que chez de nombreux exposants, on se demande si le Cebit pourra survivre dans son format actuel à la crise.

Pour ceux qui connaissent le Cebit, l'édition 2009 donne une étrange impression de calme. Alors que commence le second jour du salon, dans Hanovre, les habituels bouchons sont absents, les tramways sont à demi-vides et, sur le Cebit même, il reste des places dans les parkings, les allées des halls sont dégagées. Bref, il n'y a pas que du côté des exposants que la déprime se fait sentir. 

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Si le salon annonce un nombre d'exposants en recul de 25 %, il se pourrait que la fréquentation affiche un recul encore plus marqué. De fait, les exposants avec lesquels leMagIT a discuté confirme que le visiteur se fait discret et il n'est pas rare que, sur les stands, il y ait plus d'exposants que de visiteurs. Cette tendance est visible sur les grands stands comme ceux d'IBM, de SAP ou de Microsoft, mais elle est particulièrement criante sur les stands des petits exposants.

Nombre de ceux avec lesquels nous avons parlé s'interrogent d'ailleurs sur leur présence dans ces conditions l'an prochain, sans toutefois savoir si la faute en revient à un désintérêt des clients pour de grandes messes comme le Cebit ou si l'édition 2009 fait exceptionnellement les frais de la déprime économique actuelle. Paradoxalement, les visiteurs se montrent plutôt satisfaits de cette situation et peuvent profiter du salon sans les habituelles bousculades du passé. Ceux avec lesquels nous avons pu discuter affichent toujours le même intérêt pour l'IT et profitent du salon pour rencontrer leurs fournisseurs habituels, mais aussi pour découvrir les nouveautés dont ils espèrent tirer parti pour optimiser leurs systèmes en cette période de crise. Tous confirment des budgets en baisse et l'obligation de faire autant, sinon plus, avec moins de dépenses.

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Autre symbole de la morosité ambiante, les annonces sont rares et le nombre de grandes conférences de presse est en recul. Il faut dire que certains acteurs clés du secteur sont absents du salon, comme AMD, Cisco ou NetApp. Parmi les grands de l'IT, certains comme IBM, Intel, Fujitsu Siemens, HP, Sun, Microsoft et SAP affichent une présence encore forte mais leurs annonces se font rares. Il sera sans doute crucial pour le Cebit de voir quelles conclusions ces géants tirent de l'édition 2009. Le pire pour le salon est sans doute le hall sur le Green IT, que les organisateurs voulaient emblématique de leurs efforts pour s'adapter à l'évolution des tendances. Non seulement il est désespérement vide, mais les exposants eux-mêmes n'y montrent pas vraiment d'innovations marquantes.

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Une édition moins internationale ?

Un autre constat frappant est que le Cebit 2009 semble bien moins international qu'au cours des deux dernières années. Les exposants et visiteurs asiatiques qui étaient légion se font tout particulièrement discrets, sans doute du fait de la crise, mais aussi de l'agressivité des autorités germaniques qui, au cours des deux dernières années, ont mutiplié les descentes sur les stands des exposants chinois et taïwanais pour cause de violation de la propriété intellectuelle. Les Français, qui étaient nombreux dans les allées du Cebit l'an passé – il faut dire que l'Hexagone était l'état partenaire du Cebit en 2008 –, sont rares. Le nombre d'exposants venant d'outre-Rhin est aussi en fort recul. Il en va de même pour les Américains ou pour les visiteurs issus des pays de l'Est (on entend ainsi bien moins parler le Polonais ou le Russe que par le passé). Dans les allées, l'Allemand est redevenu la langue officielle.

Le Cebit revient ainsi bien involontairement à ses racines : une foire exposition largement germanique. Autant dire que la Hannover Messe, la société des foires d'Hanovre - qui n'a pourtant pas démérité cette année et qui fait toujours preuve d'un sens de l'organisation si parfait qu'il a de quoi faire honte à certains organisateurs parisiens -, devra effectuer un travail considérable pour ramener le Cebit à sa gloire d'antan. Sous peine de voir le salon, essentiel pour l'économie de la cité allemande, connaître le même avenir que les grands salons américains du passé comme le Comdex.

En complément :

- La cérémonie d'ouverture du Cebit 2009 en images.

- Microsoft Business Productivity Online, une des principales annonces du Cebit 2009.

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