Le pari audacieux et risqué de Cisco fait parler les analystes
Une chose est sûre : l'intrusion de Cisco dans le monde des serveurs n'a rien d'anodin. Néanmoins, les avis des observateurs de l'industrie, autour de la planète, sur les conséquences de cette initiative ne manquent pas d'être partagés, tant pour les nouveaux ennemis de l'équipementier que pour lui même et... les entreprises utilisatrices. Revue d'analyses.
Pour nos confrères de Techworld, c’est une importante secousse, quasiment tellurique, qu’assène Cisco au monde des centres de calcul. Pour John Paczkowski, ancien rédacteur du blog Good Morning Silicon Valley officiant désormais pour All things digital aux côtés de Walt Mossberg, le message est clair ; il s’adresse aux Dell, HP, IBM, mais aussi Sun ou encore EMC : « cette nuit, vous dormirez en enfer. » Pour lui, comme pour Tom Foremski, de SiliconValleyWatcher, Cisco vient de « franchir le Rubicon » - une phrase tirée de la bouche de Peter Burrows de Business Week – en devenant concurrent après avoir longuement été simple partenaire se contentant de fournir les tuyaux (et un peu plus, accessoirement). Bref, pour John Paczkowski, il serait faux de parler de changement pour qualifier ce qui risque de s’apparenter à une rupture profonde dans le marché des serveurs. Comme s’il allait y avoir un « après » l’entrée de Cisco dans la danse. Un sentiment que partage Liam McGlynn, analyste du cabinet Enterprise Management Associates, dans les colonnes d’InternetNews, soulignant que la solution de Cisco va permettre de réduire « drastiquement les quantités de câblage. » Stacey Higginbotham, sur le blog GigaOM, estime que Cisco est tout simplement parti pour réinventer le serveur. Chez Fortune, sur le blog Big Tech, John Fortt compare même l’audace de Cisco à celle d’Apple, avec l’iPod et iTunes…
Jouant la décontraction et le recul, le vice-président de Dell en charge du logiciel et des solutions, Rick Decker, assure, dans les colonnes d’Infoworld que Cisco se limite à une approche de niche. Beaucoup de bruit pour rien, alors ? Pas selon Tom Doremski qui avance un possible bénéfice pour les entreprises : « cela risque de déclencher une guerre des prix alors que les constructeurs doivent s’accommoder de budgets SI réduits ». Et pour lui, à ce jeu-là, IBM pourrait tirer son épingle du jeu, profitant de son engagement dans le domaine des services. Dans ce contexte, le rapprochement de HP avec EDS pourrait bien être arrivé à point nommé… Cisco ne peut pas miser sur les services, mais il s’est associé à Accenture et à TCS.
Mais tout n’est pas rose. Même pour Cisco. Zeus Kerravala, analyste au Yankee Group, estime, pour le Wall Street Journal, qu’il « s’agit là de l’initiative la plus risquée jamais prise par Cisco, dans toute son histoire, et de loin. » Tiernan Ray, de Barron’s, relève de son côté que Cisco risque de perdre « un bon paquet de ventes obtenues grâce au partenariat avec HP ». Pour Brad Reese, de Network World, la principale difficulté sera pour Cisco de développer son concept dans un monde avec « 0 investissement ». Dans les colonnes de TG Daily, Wolfgang Gruener s’interroge : l’innovation sera-t-elle un atout suffisant pour permettre à Cisco de gagner son pari ? Quoiqu’il en soit, les marchés boursiers américains, eux, se sont montrés enthousiastes, faisant progresser de 9 % l’action de Cisco à la suite de l’annonce, comme le relève TechNewsWorld.