Maif + Macif + Matmut = une seule informatique ?
Les trois mutuelles ont annoncé à leurs salariés la création d'une structure leur permettant de mutualiser leurs moyens. Une structure qui devrait logiquement regrouper l'informatique des trois assureurs. Même si le projet reste encore flou.
Comme l'indiquait plus tôt dans la semaine La Lettre de l'Assurance, la Macif, la Maif et la Matmut s'apprêtent à créer une SGAM (société de groupe d'assurance mutuelle), qui doit être opérationnelle avant la fin de l'année. Selon des sources syndicales, cette structure de mutualisation, qui sera officiellement annoncée mardi prochain, regroupera dans un premier temps les nouvelles offres que les trois structures entendent développer (par exemple santé, prévoyance, services bancaires) et les achats, qui devraient être mis en commun pour générer des économies d'échelle. Un périmètre où l'informatique n'a pas été clairement mentionnée. C'est pourtant un des leviers traditionnels dans ce type d'opération. "La direction nous a assuré que cette opération n'était en aucun cas une fusion. Chacune des trois entités conservera ses services de support. Les centres informatiques notamment resteront indépendants", assure Gérard Chaouchi, délégué CFTC à la Matmut, mutuelle qui compte moins d'une centaine d'informaticiens. Tout en disant rester vigilant sur les prochaines étapes du rapprochement.
Inquiétude des équipes informatiques
Un délégué CFDT de la Macif, la plus grosse des trois mutuelles à rejoindre la SGAM, note le flou qui entoure encore le périmètre de la mutualisation, tout en expliquant : "l'informatique fait clairement partie des domaines où les enjeux sont importants. Il y aura certainement des décisions sur ce plan, mais il est trop tôt pour dire quelle en sera la nature". La DSI de la Macif emploie plus de 500 personnes, auxquels s'ajoutent des prestataires. A la Maif, un autre représentant CFDT note également que le volet système d'information n'a pas été évoqué dans le projet, mais souligne l'inquiétude des informaticiens suite à l'annonce de la SGAM. La Maif, qui est lancée dans un vaste projet de rénovation de son SI, emploie près de 500 personnes au sein de sa DSI, auxquelles s'ajoutent environ 200 prestataires.
6 à 8 % du chiffre d'affaires
De facto, selon Les Echos du jour citant des sources non identifiées, la mutualisation toucherait tant le "middle-office" que le "back-office", pour les activités de gestion d'actifs en premier lieu, pour la gestion des sinistres. Le volet IT, notamment l'applicatif, serait donc visé. Une décision logique puisque l'assurance est un des secteurs les plus dépensiers en matière de système d'informations : les entreprises y consacrent entre 6 et 8 % de leur chiffre d'affaires.
A elles trois, Macif, Maif et Matmut regroupent un peu plus de 10 millions de sociétaires et totalisent 9,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Covéa, l'autre grande SGAM - et le modèle qui inspire, selon les observateurs l'opération, actuelle - qui fédère GMF, MMA, et Maaf, pèse 10 millions de sociétaires et 12 milliards d'euros de chiffres d'affaires.
Rationaliser les achats de prestations
"Ce type d'opérations s'inscrit dans la logique de massification de l'informatique. Il s'agit d'un pas supplémentaire après la rationalisation de l'informatique à l'échelle d'un groupe", explique Jean-Benoît Chauveau, associé-gérant de Tiefree (cabinet spécialisé en stratégie IT). Selon lui, cette mutualisation des processus métier qui se dessine appelle, dans un second temps, une rationalisation des applicatifs. Pour Lionel Saler, directeur associé de Nexsys (cabinet de conseil en management des systèmes d'information), ce mouvement s'inscrit dans la vague de regroupements que connaît l'assurance, les caisses de retraite ou d'assurance sociale. Avec pour logique, une mise en commun des moyens, par exemple au sein de GIE. Mise en commun qui concerne au premier chef les différents systèmes d'information.
"La première étape après le regroupement des DSI consiste à rationaliser les achats, notamment les achats de prestations", explique Lionel Saler. "On obtient des gains rapides sur la renégociation des contrats. Le second volet consiste à employer ces structures communes pour développer les futurs applicatifs". Ceux appelés à supplanter les systèmes en place. Une logique qui semble coller au projet de regroupement des trois mutuelles.