Le marché du logiciel d’entreprise pas loin de la récession en 2009
Une confirmation supplémentaire qui indique que le secteur informatique n’échappe pas à la crise : alors que jusqu’à la fin 2008 le cabinet d’étude estimait que les éditeurs seraient épargnés par la récession, Gartner n'est pas loin de se dédire. Les analystes ne promettent plus que 0,3 % de croissance... si les choses n’empirent pas. La sécurité, la virtualisation, le Saas naissant et l’Open Source demeurent cependant des havres de croissance.
Un nouvel indicateur revu à la baisse chez Gartner, cette fois concernant très directement l’informatique des entreprises. Alors que, fin 2008, le cabinet d’études tablait encore sur une croissance de 6,6 % sur le segment des logiciels d’entreprises, il a dû récemment revoir ses prévisions à la baisse pour 2009, estimant désormais que les ventes devraient s’établir aux alentours de 222,6 milliards de dollars, soit une croissance minuscule de 0,3 %. Et encore, Gartner estime que ce taux pourrait encore baisser de 1 à 2 points si la détérioration de l’économie devait se poursuivre. Ce qui en dit long sur le degré d'incertitudes sur le marché. Le segment des logiciels, à la suite des ventes de matériel, entrerait alors à son tour en récession.
Une note d’optimisme cependant : selon les analystes de Gartner, les fondamentaux de l’économie numérique laissent entrevoir une capacité à supporter les aléas de la crise bien meilleure qu’en 2001, au moment de l’effondrement de la bulle Internet.
Etre diversifié pour mieux résister
Reste que certains chez les éditeurs devraient s’en sortir mieux que d’autres. Gartner estime ainsi que les plus diversifiés entre distribution directe et indirecte ou encore les plus équilibrés entre revenus issus des licences et des services de support seront les mieux à même de résister. Certains vont même profiter de la crise et y trouver des opportunités de croissance : c’est notamment le cas des éditeurs d’outils liés à l’externalisation, de ceux qui ont très tôt parié sur la distribution en mode Saas (Software as a service) ou encore des éditeurs Open Source. Une prime semble d’ores et déjà également dévolue aux gros acteurs, qui profitent de leur capacité à exister sur tous les continents et notamment dans les pays émergents. Même atteints par la crise, ces derniers constituent tout de même des relais de croissance alors que les principaux pays avancés sont entrés en récession.
Ce que confirme Fabrizio Biscotti, directeur de recherche chez Gartner, pour qui « toutes les zones géographiques ont subi l’impact à plus ou moins grande échelle du ralentissement des dépenses en logiciel au 4ème trimestre 2008 et depuis le début de l’année 2009. Les pays économiquement plus mature ont ressenti le choc le plus important. Les pays émergents ont également subi un ralentissement plus important qu’initialement prévu, en particulier en Europe de l’Est ».
L'optimisation financière en vedette
Du côté positif du spectre – celui où les éditeurs s’en sortent le mieux –, on retrouve les fournisseurs d’appliance – alliant logiciel et matériel – ainsi que ceux éditant des outils de virtualisation, d’administration de stockage ou d’archivage, les logiciels de conférences Web et – toujours – les spécialistes de la sécurité. A l’opposé, les éditeurs d’OS – directement impactés par le tassement du marché PC – ont du souci à se faire et devraient connaître une année de récession. Tout comme les spécialistes d’outils bureautiques, de middleware ou encore de création de contenus numériques.
« En général, nous anticipons une vague d’intérêt pour les technologies qui peuvent aider à optimiser les coûts. Les éditeurs d’outils permettant un transfert des coûts des lignes capital immobilisé (capex) vers les lignes de dépenses opérationnelles (opex) seront donc favorisés. En conséquence, les fournisseurs offrant des services logiciels en mode Saas, des outils de gestion d’actifs IT ou encore de virtualisation ou se développant sur un modèle Open Source tireront bénéfice de la crise », conclut Fabrizio Biscotti.